Le 29 mars prochain, le Royaume-Uni va peut-être définitivement quitter l’Union européenne. Une décision politique qui marquera un tournant pour l’économie du pays. Conséquence inattendue, la Premier League pourrait être fortement impactée par cette mesure.
Le foot anglais est en panique. Alors que la Premier League a construit son leadership économique sur l’internationalisation de ses activités, le Brexit pourrait avoir des répercussions sur le championnat anglais. En effet, la Premier League pourrait être contrainte d’engager moins de joueurs étrangers. Cette sortie de l’UE pourrait également aboutir à un rétablissement des frontières économiques, voire pourquoi pas une dévaluation de la livre sterling, la monnaie anglaise. Si les frontières sont fermées et que la monnaie est dévaluée, alors qu’elle était jusqu’ici plus forte que l’euro et permettait aux clubs anglais d’acheter de manière avantageuse sur le continent européen, le championnat en subira des conséquences vicieuses.
Un championnat cosmopolite
Étant l’un des championnats accueillant le plus d’étrangers, la Premier League a fort à perdre en cas de sortie de l’Union Européenne du Royaume-Unis. Le poids des joueurs ayant grandi en dehors de Grande Bretagne dans des pays membres de l’UEFA s’est renforcé depuis 2010. Désormais, les ressortissants d’Europe continentale sont davantage présents sur les terrains de Premier League que les joueurs britanniques. En effet, selon une étude du CIES (Centre Internationale d’Études Sportives), le temps de jeu en Premier League des joueurs ayant grandi en Écosse, en Irlande du Nord et au Pays de Galles a été divisée par deux en dix ans.
Le poids des Britanniques et des Irlandais en Premier League a fortement diminué lors de la dernière décennie au profit de joueurs ayant grandi en Europe continentale (France, Espagne, Allemagne, Pays Bas ou Belgique). Selon la manière dont il sera appliqué au football professionnel, le Brexit pourra être lourd de conséquences pour les équipes du premier niveau de compétition anglais. A noté que les Brésiliens et les Argentins sont de loin les origines non-européennes les plus présentes en Premier League. Le poids des Argentins a connu un pic en 2014/15 (4,7% des minutes), pour ensuite redescendre. La présence brésilienne n’a par contre jamais été aussi importante que jusqu’au 15 février de la saison en cours: 4,9%.
La formation comme seule issue salvatrice
Les excellents résultats obtenus ces dernières années par les sélections anglaises de jeunes témoignent de l’importance des efforts consentis outre-Manche en matière de formation. Sur le plan de la compétitivité sportive, ce travail va probablement permettre d’atténuer l’éventuel choc lié à l’introduction de critères plus stricts pour l’importation de joueurs depuis l’étranger. En effet, les jeunes espoirs britanniques étaient jusqu’à présent freinés par un faible temps de jeu en Premier League. Un manque de temps de jeu notamment dû à une concurrence féroce les empêchant d’accumuler du temps de jeu dans leurs clubs respectifs. En ce sens, les répercussions du Brexit sur le championnat pourrait permettre aux clubs de donner d’avantage leur chance aux espoirs.
Jadon Sancho, nouvel espoir anglais, est le parfait exemple de cette jeunesse talentueuse. Aujourd’hui titulaire au Borussia Dortmund et annoncé comme l’une des futures stars du football mondial, il avait quitté Manchester City après avoir été écarté de la tournée estivale par Pep Guardiola. Ses éducateurs ont pourtant vu depuis longtemps son potentie: « Il pourrait être pour nous un joueur du profil de Neymar, tout aussi imprévisible », avait déclaré Dan Micciche, qui fut son coach en sélection nationale U16. « Il est brillant, le voir jouer est un plaisir, mais comme Neymar il est aussi très efficace ». Ainsi, le Brexit s’avance comme potentiellement destructeur pour le foot anglais; un phénomène vicieux qui peut pourtant être estompé par une politique de formation à grande échelle. L’avenir du foot anglais, championnat jusque-là hégémonique, demeure donc en suspens.
Crédits photo à la Une: Ungry Young Man