Meilleur buteur de l’histoire du Paris Saint-Germain (198 buts en 292 matchs), Edinson Cavani est devenu, au fil des saisons, le chouchou du Parc des Princes. Pourtant, son idylle avec le club de la capitale tourne au vinaigre et tout porte à croire que son départ semble inéluctable.
Un leadership remis en question
Le buteur uruguayen sait se faire apprécier des supporters. Joueur au comportement exemplaire, jamais avare d’efforts et de replis défensifs, le rendement d’Edinson Cavani n’a rarement été remis en cause. Le « Matador » réalise, depuis son arrivée au PSG, des saisons pleines pour le plus grand bonheur de ses coéquipiers. Pourtant, l’attaquant n’a jamais été indiscutable au poste de numéro 9. Que ce soit avec Laurent Blanc, Unaï Emery ou actuellement Thomas Tuchel, Cavani doit composer avec une concurrence importante. Son arrivée fantasque au PSG le 13 juillet 2013 pour 64 millions d’euros, devait faire de lui l’attraction numéro 1 du club, loin devant le grand Zlatan Ibrahimović. L’adaptation de l’ancien buteur du Napoli passe d’abord par un exil sur le flanc gauche, au service du géant Suédois. Ce n’est qu’à son départ pour la Premier League que Cavani enfile le costume de serial buteur. Résultat, il réalise sa meilleure saison statistique entre 2016 et 2017 (43 buts en 44 matchs). Alors que son efficacité n’est plus à prouver, les récents échecs successifs du PSG en Ligue des champions poussent la direction à changer de stratégie: il manque de leaders techniques sur le terrain. En deux ans, Edinson Cavani voit débarquer en attaque trois joueurs fantastiques, Neymar, Kylian Mbappé, et plus récemment, Mauro Icardi. Ce dernier doit se relancer après une fin d’histoire houleuse du côté de l’Inter. L’Argentin claque but sur but et déboute le Matador de sa place de titulaire indiscutable sur le front de l’attaque. Le quatuor Neymar-Mbappé-Icardi-Di Maria explose tout sur son passage, l’attaque de Paris ne s’est jamais aussi bien portée. Edinson Cavani est la première victime collatérale de cette effervescence offensive. Joueur au leadership contesté, le natif de Salto fait désormais figure de second couteau dans les plans de Thomas Tuchel.
Incompréhension tactique
Lorsque Cavani entre jeu cette saison, le score du match est quasiment scellé et son impact sur la rencontre est faible. Miné par les blessures, le Matador n’a marqué que deux fois en championnat depuis le début de la saison. Des statistiques en berne qui s’expliquent par son retrait systématique du 11 titulaire. Au-delà des buts, c’est dans le jeu que Cavani peine à retrouver des sensations. C’est simple, depuis l’arrivée du duo Mbappé-Neymar, la cohabitation du trio n’a jamais fait l’unanimité. L’arrivée d’un technicien comme Tuchel, adepte du jeu léché techniquement, n’aide pas l’attaquant uruguayen. Pire, en plus de gérer l’entente tactique, le vestiaire fait face à une bataille d’égo entre Neymar, catapulté en tête de gondole du projet parisien, et Edinson Cavani, cadre indiscutable de l’équipe. L’épisode regrettable du « Penaltygate » marque le point d’orgue de cette opposition. Sans nécessairement compter sur un autre numéro 9, Thomas Tuchel tente d’autres coups tactiques, qui n’incluent pas Cavani. En fin de saison dernière, le PSG s’est découvert un nouveau buteur chirurgical au nom de Kylian Mbappé.
Le plan de jeu de l’entraîneur allemand s’appuie sur l’entente du jeune Français avec Neymar. Leurs combinaisons détruisent toutes les défenses et font basculer des rencontres. Avec l’Uruguayen sur le terrain, cette aisance offensive est réduite. Edinson Cavani n’a jamais été le joueur le plus technique du club. Ses replis défensifs à répétition et son déchet en positon de frappe obligent Tuchel à changer ses plans. L’arrivée d’Icardi en est le signal. Véritable renard des surfaces, l’Argentin touche très peu de ballons, ne participe pas au jeu, mais sait se montrer intraitable dans la surface de réparation. Son apparente aisance technique ne ralentit pas le jeu et permet aux joueurs offensifs d’exploiter les moindres failles. Pour couronner le tout, le Matador ajoute à cette période morose, des blessures à répétition. Rien ne va plus pour lui à Paris, et pourtant le club de la capitale devra se montrer ferme cet hiver.
Joueur indispensable
Mercredi 11 décembre 2019, le PSG affronte Galatasaray. Edinson Cavani entre pour les derniers instants d’un match à sens unique. À 4 – 0, penalty. Neymar, tireur habituel, prend le ballon et l’offre à Cavani. Le Matador marque, le Parc des Princes s’embrase. Ce fait de match marquera la saison du Paris Saint-Germain. Souvent opposés, Neymar et Cavani restent avant tout des grands joueurs. L’Uruguayen avait besoin de ce but, Neymar l’a compris. Dans sa quête ultime pour remporter la Ligue des Champions, le club de la capitale doit compter sur un groupe soudé. Qui de mieux que Cavani pour insuffler la gagne à ses coéquipiers. Conscient que son aventure française touche à sa fin, le joueur n’en reste pas exemplaire en tout point. Le chouchou du Parc est acclamé à chacune de ses entrées en jeu. Son contrat expirant en juin 2020, une prolongation n’est pas dans les tuyaux. En marge de la rencontre face à Saint-Etienne en Coupe de la Ligue (6-1), Tuchel s’est attardé sur le cas Cavani « il est super professionnel et c’est un grand joueur. On n’a jamais oublié ça. Il y a énormément de concurrence et il fait tout pour jouer ». L’Uruguayen devra répondre présent lorsque que l’on fait appel à lui. Le mois de janvier sera déterminant pour le PSG, qui sera amené à faire tourner. Cavani aura un coup à jouer, à lui de saisir sa chance pour titiller Mauro Icardi. La stratégie du club doit être claire, garder coûte que coûte le meilleur buteur de l’histoire du club jusque juin prochain afin de soigner sa sortie auprès des supporters. Après cela, le Matador pourra s’envoler vers d’autres horizons. L’avenir de Cavani ne s’écrira donc pas au PSG. Le jeu prôné par l’équipe de Thomas Tuchel a fragilisé son statut de leader. Le garder encore quelques mois est nécessaire, car rien n’empêchera le Matador de rugir une dernière fois.
Crédits photo à la Une: Balkan Photos