Auteur d’une saison pleine avec l’Olympique de Marseille, le meneur de jeu réunionnais brille au meilleur des moments. À quelques mois de l’Euro, le Français se place comme potentiel titulaire dans le onze de Didier Deschamps. Décryptage.
Payet-dépendance
Qui n’a pas exulté lorsque Dimitri Payet sort de sa boîte à la fin d’un mouvementé France-Roumanie pour l’ouverture de l’Euro 2016 ? Sa frappe en pleine lucarne fait basculer la carrière du milieu offensif dans une autre dimension. Transféré à l’Olympique de Marseille après une aventure plus que concluante à West Ham, Payet a eu du mal à capitaliser sur ses précédentes prestations. Sa relation avec Rudi Garcia se détériore malgré une finale d’Europa League en 2018. Dans le bon wagon pour faire partie des 23 sélectionnés pour le mondial en Russie, le joueur se blesse et dit adieu à son rêve ultime. L’aventure Bleue semblait alors terminée à mesure que ses prestations devenaient plus que moyennes.
L’intronisation d’André Villas-Boas comme manager de l’OM permet au Réunionnais de revivre. Homme fort du onze de l’entraîneur portugais, Payet enchaîne les prestations abouties et se révèle enfin comme homme fort d’un club qui veut retrouver la Ligue des Champions. Comme à West Ham, la « Payet-dépendance » se ressent lors des grands matchs. Ses deux buts comme l’Olympique Lyonnais au Vélodrome (victoire 2-1) entérinent définitivement les critiques sur son implication au sein du club phocéen. Joueur élégant à la finesse technique exceptionnelle, Payet régale n’importe quel fan de football. Que ce soit par ses prises de balles et ses coups de pied arrêtés, la panoplie du Marseillais s’est largement étoffée. Le voir de nouveau à ce niveau n’est pas une surprise, quand l’on connaît le talent brut que représente Dimitri Payet. Le prochain rassemblement des Bleus en mars devraient, sans doute, permettre au milieu offensif de faire son retour à Clairefontaine, après plus d’un an d’absence.
Le dernier mot pour Deschamps
Sélectionné, pour pallier la blessure de Nabil Fekir en octobre 2018, Dimitri Payet pensait enfin apercevoir le bout du tunnel. C’est sans compter sur le pragmatisme de Didier Deschamps, qui finalement lui préférera Fekir, Coman voire même Jonathan Ikoné pour les convocations suivantes. Sa blessure à quelques semaines du mondial 2018 a brisé la relation privilégiée qu’entretenaient les deux protagonistes malgré quelques remous en 2016, quand le joueur critiquait publiquement les choix du sélectionneur français. Dimitri Payet doit donc aujourd’hui faire face à une problématique assez importante : le groupe des 23 qui a remporté la Coupe du Monde. Chacun des joueurs, hormis Adil Rami et Steven N’Zonzi, partent avec une belle longueur d’avance sur les potentiels nouveaux venus. Depuis la victoire en Russie, Didier Deschamps a que trop rarement changé de dispositif.
Le seul gagnant : Kingsley Coman qui a gagné sa place à l’Euro par ses superbes prestations lors des éliminatoires de l’Euro 2020. La stratégie du sélectionneur se base aujourd’hui sur l’arrivée de nouvelles pousses, qui n’ont que peu connu la joie d’une sélection. Dimitri Payet ne représente plus l’avenir de l’Équipe de France. En novembre dernier, le sélectionneur semblait déjà condamner le retour du meneur de jeu marseillais : « ll a fait partie de l’équipe de France. Ça fait trois ans. Il s’est passé des choses depuis. D’autres joueurs sont arrivés depuis avec les résultats qu’on connaît. Ils ont répondu à nos attentes. Dimitri est toujours sélectionnable, mais je ne vais pas vous faire un dessin. Il n’est pas dans la logique actuelle ». Pour autant, l’enchaînement des bonnes prestations du joueur devrait lui permettre de revenir, profitant ainsi d’une cascade de blessures sur le front de l’attaque. À Dimitri Payet de savoir se rendre indispensable à l’Équipe de France.
Meneur de jeu de l’équipe de France
Évoluant sur le flanc gauche de l’attaque de l’Olympique de Marseille, Dimitri Payet se distingue plus comme chef d’orchestre de son équipe. Difficile à marquer individuellement, le Réunionnais repique systématiquement dans l’axe. Cette polyvalence manque aujourd’hui en équipe de France. À l’instar d’Antoine Griezmann, Payet sait faire jouer ses coéquipiers. Architecte dans un 4-2-3-1 équilibré, il pourrait soulager son équipe tout en apportant sa justesse technique. Malgré tout, les prestations de Blaise Matuidi et récemment de Kingsley Coman sur ce flanc gauche donnent satisfaction au sélectionneur français. Le quatuor Griezmann-Mbappé-Coman-Giroud fait saliver, mais manquerait peut-être d’impact et d’entente technique. Le jeu de transitions rapides, pratiqué lors du dernier Mondial, ne surprendra plus personne à l’Euro. Les Bleus auront la possession et devront plus construire qu’à l’accoutumé. Les flèches que sont Mbappé et Coman feront sauter n’importe quel verrou, mais seront marqués de près.
Pourquoi pas faire jouer Dimitri Payet ? Ses multiples dézonages vont déboussoler les équipes compactes qui se contenteront d’attendre les vagues françaises. Dimitri Payet saura se sublimer lors d’une grande compétition. Qui aurait pu parier sur lui pendant les phases de poules à l’Euro 2016 ? Malgré une baisse de régime en fin de tournoi, sa présence a grandement aidé l’Équipe de France pour atteindre la finale. Dimitri Payet est capable de rééditer ce genre de prestations en juin prochain. À bientôt 33 ans, le milieu n’a toujours pas glané de trophées. Une anomalie souvent moquée sur les réseaux sociaux. Une victoire à l’Euro viendrait corriger le tir et surtout récompenser la très belle carrière du joueur olympien.
Avec les blessures successives d’Ousmane Dembélé ou Florian Thauvin et la méforme actuelle de Thomas Lemar, Dimitri Payet fera très certainement son retour en Bleus dès mars prochain. Didier Deschamps aura le dernier mot sur son cas. Pourrait-il supporter de ne pas être titulaire durant la compétition ? Autant d’énigmes que Dimitri Payet est en train d’élucider.
Dimitri Payet n’a jamais été aussi proche de faire son retour à Clairefontaine. Le meneur de jeu se dit concentré sur sa saison à Marseille. À 32 ans, lui qui jouera certainement son dernier Euro s’applique pour retrouver les sommets.
Crédits photo à la Une: Ludovic Péron