Chaque année, le Bayern Munich et la Juventus Turin sont cités comme principaux favoris pour la Ligue des champions. Portés par une structure managériale prudente, ces deux géants européens se distinguaient par une gestion financière des plus strictes. Et si la donne avait changé ?
« S’adapter » au football moderne
Outre le Paris Saint-Germain et le Real Madrid, la Juventus Turin a aussi eu son heure de gloire à la une des tabloïds sportifs, cet été. Un constat étonnant pour un club d’habitude si discret. Pour retrouver les sommets, le board bianconeri ne lésinera plus sur les moyens. À l’heure où le prix des transferts flambe et les salaires explosent, la quête de grands résultats passe nécessairement par des achats importants. Ce changement radical d’optique s’appuie sur des bases saines: la vente de joueurs obtenus gratuitement. Les signaux sont tous au vert pour recruter. La nouvelle Juve frappe fort dès 2018 en enrôlant Cristiano Ronaldo, star du Real Madrid et quintuple ballon d’Or. 105 millions d’euros plus tard, l’attaquant portugais devient le porte-étendard du renouveau de la Vieille Dame. Toujours fidèle à son modèle de base, les arrivées libres d’Adrien Rabiot (Paris Saint-Germain) et Aaron Ramsey (Arsenal) constituant la colonne vertébrale du mercato, la Juventus a cassé sa tirelire pour s’adjuger les services de l’ex-défenseur central de l’Ajax: Matthijs de Ligt. Transféré pour 85,5 millions d’euros, le grand espoir hollandais a été séduit par le nouveau projet turinois.
Redevenir un grand d’Europe
Le Bayern Munich est en plein renouvellement. 6 ans après leur dernière victoire en Ligue des champions, le club bavarois patine. En témoigne leur piteuse élimination cette année dès les huitièmes de finale par Liverpool, futur vainqueur de la compétition. La stratégie des Rouges et Blanc et à l’image du club: pragmatique. Le Bayern achète peu, à moindre frais, des joueurs évoluant déjà dans le championnat allemand. Peu de risques réels, mais des retombées parfois colossales. L’arrivée libre en 2014 de Robert Lewandowski constitue l’apogée du projet munichois. Moins frileux que la Juventus, le Bayern a constamment gonflé ses investissements sans céder à la pression du marché des transferts. Une stratégie qui montre ses limites actuellement. Soucieux de figurer parmi les meilleures équipes européennes, le club met désormais la main à la poche et repense son modèle. Ainsi, le recrutement dès cet hiver du champion du monde Lucas Hernandez (Athlético Madrid), pour 80 millions d’euros, envoie un signal fort. Malgré une force de frappe unique en Allemagne, l’aura munichoise peine à convaincre outre-Rhin. Le récent prêt avec option d’achat du milieu Philippe Coutinho (FC Barcelone), cadre de la sélection brésilienne, et les arrivées des espoirs français Benjamin Pavard (Stuttgart) et Mickaël Cuisance (Borussia Mönchengladbach), renforcent un effectif séduisant mais vieillissant qui devra faire le deuil du mythique duo Robben-Ribéry.
Ne pas se renier, mais se transformer
Pas de panique, ne comptez pas sur le Bayern ou la Juventus pour se soumettre aux diktats du football moderne. Leurs fondations sont solides, leurs modèles économiquement viables. Malgré tout, le constat dressé est sans appel: il faut acheter pour rester compétitif. Les deux clubs sont en pleine transformation et possèdent d’ores et déjà des effectifs parés pour la Ligue des champions. À Turin comme à Munich, le changement passe par les instances dirigeantes. Que ce soit Pavel Nedved (vice-président de la Juventus) ou Hasan Salihamidžić (directeur sportif du Bayern Munich), les deux anciennes gloires locales sont à l’origine des transferts les plus onéreux de leurs clubs. Leur vision est neuve et surtout basée sur un climat de confiance totale. L’instance interne n’est pas chamboulée, le cap fixé reste quasi-identique, mais plus adapté. La politique d’un club se doit de répondre aux exigences d’une époque, sans toutefois se saborder. Ces deux clubs aux identités fortes devront combiner Histoire et réalité. Nul doute que leur pari fonctionnera. En ce sens, les supporters turinois et munichois peuvent se réjouir: au vu des effectifs actuels et des ambitions affichées, Bayern et Juventus (re)deviennent des candidats sérieux à la conquête de l’Europe. La lutte s’annonce intense et relevée.
Crédits photo à la Une: Blowjoe98