Ce lundi après-midi, à 13H30, Watford reçoit Crystal Palace. Une rencontre comptant pour la 19e journée de Premier League, mais aussi pour le traditionnel « Boxing Day » en ces fêtes de fin d’année. L’occasion pour la rédaction d’Au Stade de décrypter cet événement; fête purement commerciale, ou véritable enjeux sportif ?
Les amateurs de sport sont aux anges en chaque fin d’année. Pendant les quinze jours de la trêve hivernale durant lesquels la majorité des joueurs des championnats européens (Ligue 1, Serie A, Bundesliga, Liga…) peuvent fêter Noël dignement en famille, le Boxing Day se place aux antipodes de cette réalité. En effet, que cela soit en Angleterre – avec le football et la Premier League -, aux États-Unis – avec la NBA – voire même en France – avec le TOP 14 -, les fans de sport sont comblés d’affiches de gala. Alors que le Boxing Day commence déjà à battre son plein, Au Stade vous dévoile les coulisses de cet événement planétaire.
Le Boxing Day: un événement commercial avant tout
Le Boxing Day a pour ambition première de permettre aux fans de suivre des matches de sport toute l’année, et ce sans coupure. En Premier League comme en NBA, les équipes revoient leur communication – notamment sur les réseaux sociaux -, tandis que des maillots et autres produits dérivés en éditions limitées voient le jour, commercialisés l’espace de quelques jours. Une plus-value financière non négligeable pour les clubs comme pour les fédérations, surtout quand on regarde comment cette opération bonifie la vente des droits TV. Et pour cause: si les groupes de télévision du monde entier paient plus d’un milliard d’euros chaque année pour diffuser les matches de Premier League sur leurs canaux, c’est en grande partie à cause du Boxing Day, véritable symbole de la médiatisation sans précédente du championnat anglais à l’international.
Par ailleurs, durant ces périodes de fêtes, les stades anglais voient leurs taux de remplissage grimper, et ainsi constater un pic annuel de fréquentation. Et les boutiques officielles présentes en bordures de stades ne s’en plaignent pas. Parallèlement, afin de rentabiliser de la meilleure manière possible cet événement, des opérations de communication mettent en avant « l’esprit de Noël au stade » outre-Manche. Résultat, les familles se déplacent en nombre dans les tribunes pour digérer les excès de la veille. Des festivités que les spectateurs comme les téléspectateurs adorent, surtout au regard des quelques belles affiches proposées cette année en Premier League lors du Boxing Day: Liverpool – Manchester City le 31 décembre 2016, ou encore Tottenham – Chelsea le 4 janvier 2017. Un programme alléchant, soit, mais au détriment de l’intégrité physique des joueurs.
Un état de fatigue important
En tout, ce sont près de trente rencontres réparties sur trois journées de championnat qui vont être jouées du 26 décembre 2016 au 4 janvier 2017 lors du Boxing Day anglais. Dix jours durant lesquels les joueurs ne vont pas chaumer, comme lors du reste de la saison. « Tu es tout seul à l’hôtel. Franchement, c’est un peu glauque. Tu appelles les potes, la famille. Mais ça te donne encore plus le cafard de savoir qu’ils font la fête, donc tu coupes le portable. » déclarait récemment l’international français Olivier Giroud (Arsenal) aux médias britanniques.
L’occasion pour les managers étrangers implantés en Premier League, souvent que très peu habitués à gérer leur effectif lors du Boxing Day, de fustiger cet événement commercial: « Certaines équipes jouent le 26 décembre et le premier de l’an; elles ont donc une pause complète juste après Noël, c’est très perturbant pour les joueurs. Leur état de fatigue s’accentue aussi. », dixit le technicien français d’Arsenal, Arsène Wenger. Pour Jurgen Klopp, manager de Liverpool, cette situation est tout aussi perturbante : « Comment préparer une équipe pour ce genre de situation ? Seulement la moitié de l’équipe sera prête contre Manchester City [le samedi 31, ndlr], car nous jouons Sunderland lundi [2 janvier, ndlr]. C’est très handicapant. »
Des déclarations qui tranchent avec le point de vue des supporters. Pour Osman, suiveur assidu de la Premier League interviewé récemment par la BBC: « Je pense que si on donnait la possibilité aux joueurs d’avoir une pause à Noël, ils la prendrait sans hésiter. Mais je pense que le Boxing Day est un événement surtout pour les fans, et que les joueurs doivent s’en accommoder car ils sont payés très chers pour taper dans un ballon toute l’année. Ça fait partie du job, donc ils doivent faire avec. »
La NBA avec les « Christmas Day Games »
De l’autre côté de l’Atlantique, en NBA, la ligue laisse un jour de repos, le 24, à ses joueurs pour fêter Noël en famille. Mais le 25, retour aux affaires, avec les Christmas Day. Cinq grandes affiches, des maillots spéciaux juste pour l’occasion, un bon coup de marketing, et le tour est joué. Certes, la carte est très belle: cette année la ligue a proposé un remake des dernières Finales (Warriors-Cavaliers), un duel de la côte Est (Celtics-Knicks), un choc d’anciens (Bulls-Spurs), un affrontement entre deux équipes super-athlétiques (Timberwolves-Thunder) et un derby Angelino (Clippers-Lakers).
De grosses rencontres, toutes sur antenne nationale, qui permettent à la NBA de générer des revenus très importants sur cette période. De plus, l’opération marketing est très bien menée: un maillot spécial Noël pour les 10 équipes du soir (qui ne sera donc utilisé qu’une fois) et des produits dérivés (pulls, T-shirts), plus le prix des billets qui augmente; tout pour générer des gains supplémentaires. Et quiconque ose critiquer cette soirée sera puni ! Tout doit sembler parfait, tel l’esprit d’un film de Noël à l’américaine. Et ce n’est pas Stan Van Gundy, qui dira le contraire, lui qui en 2009 avait dit « qu’il était préférable de passer Noël en famille« , et qui écopa d’une grosse amende. Au final, la NBA réussit très bien son coup: des revenus immenses, du spectacle pour les spectateurs, et une communication maîtrisée.
Et en TOP 14 alors ?
Si la NBA et la Premier League sont les deux principales leagues sportives les plus suivies au monde, le rugby français possède aussi son propre Boxing Day. En effet, le Ligue Nationale de Rugby propose cette année deux journées de championnat durant la fin d’année: la 14e journée, les 22 et 23 décembre avec sept matches au programme (comme pour une journée de TOP 14 classique), et la 15e, étalée du 30 décembre 2016 au 1er janvier 2017 avec toujours sept affiches. Une organisation nommée « Rugby en fêtes » où « les fêtes s’inviteront dans les stades », selon les propres mots de la direction de la LNR.
AVEC GABRIEL ARIAS.
Crédits photo à la une: Zweifussler