Longtemps défendu envers et contre tout, Olivier Giroud a été écarté de la liste de Didier Deschamps pour les rencontres contre la Bosnie (ce soir), l’Ukraine (samedi) et la Finlande (mardi). L’heure, possiblement, de remettre en cause le management du sélectionneur des Bleus.
Retenu quand son temps de jeu était famélique à Chelsea, écarté lorsqu’il retrouve l’efficacité avec le Milan AC. Décidément, à force de se contredire, on en devient de moins en moins crédible. Mais quand on se plonge un tant soit peu dans l’esprit de Didier Deschamps, sa logique devient implacable.
Le pragmatisme de Didier Deschamps
Le romantisme, très peu pour lui. Deschamps est un pragmatique. Le retour de Karim Benzema était la première étape. Malgré la déliquescence de l’équipe de France lors de l’Euro 2020, de nouvelles orientations ont été observées et Deschamps, en éternel caméléon, s’adapte: les automatismes Mbappé-Benzema auront eu raison de Giroud et très prochainement de Griezmann. Comme le rappelle lui même le sélectionneur: « L’important, c’est ce qu’il y a devant nous, avec un objectif clair, se qualifier pour la Coupe du monde. » La gagne et toujours la gagne, au détriment de l’affect, au détriment des émotions et des passions.
Giroud, c’était 2018
Une mémoire présente mais qui se remet à jour au présent, en fonction des circonstances et surtout du prestige à atteindre. Et peu importe si Olivier Giroud se trouvait à 5 unités du record détenu par Thierry Henry, celui de meilleur buteur de l’histoire des Bleus. Cruel, pour un attaquant, qui venait de retrouver du temps de jeu et de nouvelles couleurs milanaises avec en plus une efficacité qui n’était plus à démontrer.
Tancé pour ses déclarations lors du match de préparation de l’Euro, critiquant de manière justifiée – mais sans le nommer – Kylian Mbappé, Olivier Giroud a fait les frais de l’évolution des Bleus dans l’esprit de Deschamps. Mbappé n’est plus l’espoir, il est LA star des Bleus. Et Deschamps a choisi son camp. Et ses caprices à répétition auront sans nul doute eu des répercussions dans le vestiaire, notamment à la défaveur d’Olivier Giroud.
Deschamps, coutumier du fait
L’histoire de Didier Deschamps dans le football est jonchée de zones d’ombre et de lumière. Au delà de l’aspect sportif, c’est dans les coulisses qu’il faut oser s’aventurer. En tant que capitaine, nombreux sont les joueurs avec lesquels Deschamps a usé de son influence auprès de ses sélectionneurs pour les écarter: Ginola, Cantona, Ibrahim Ba ou encore Martin Djetou pour ne citer qu’eux. Et ne parlons même pas de Jean Jacques Eydelie, dont la rancœur pour son ex-capitaine phocéen reste tangible.
Dans son passif d’entraineur, des joueurs comme Marco Simone ou André-Pierre Gignac auront goûté au radicalisme de Deschamps. En tant que sélectionneur, Nasri et Benzema auront connu un sort similaire. En ce qui concerne le temps présent: Karim Benzema revient, Giroud s’en va et Deschamps aura bien participé, par ses choix, à cet antagonisme populaire. Le paria et l’adulé de la veille ne sont plus: un dangereux jeu de chaises musicales pour Deschamps et un message catastrophique envoyé aux sélectionnés. De bonne augure, vraiment, pour le Mondial-2022 ?