Personne ne se cache plus à Monaco sur la situation catastrophique que connaît le club. Avec une seule victoire toutes compétitions confondues cette saison en seize matches, le dernier dauphin du PSG vit des heures compliquées pour la première fois depuis l’arrivée des capitaux russes.
Reims, énième chute cette saison
Il est 21h50 à Auguste-Delaune lorsque Hakim Ben El Hadj siffle la fin de la rencontre. Monaco vient de concéder sa septième défaite de la saison en douze journées. Au-delà du résultat, la manière fut décevante, les efforts absents, ce que Thierry Henry, arrivé fraîchement il y a moins d’un mois après le débarquement de Leonardo Jardim, reconnaissait, la mine défaite, en conférence de presse d’après-match. A Reims, contre un promu qui vise le maintien, Monaco a fait ce qu’il fait depuis maintenant trois mois. Après la victoire inaugurale prometteuse à Nantes (3-1), les monégasques viennent d’enchainer onze matches sans victoire en championnat sans oublier les trois rencontres infructueuses en Ligue des Champions. Résultat, Monaco se retrouve à la 19ème place avec sept points, autant que le dernier Guingamp qui a sombré à Nantes (0-5) et trois points derrière le barragiste Amiens. Cette situation est devenue plus que précaire alors que l’on approche du tiers du championnat. La situation est d’autant plus préoccupante que l’effectif monégasque est inexpérimenté sans ses cadres blessés.
A l’instar de Lille l’année dernière, il va falloir des meneurs d’hommes capables de porter un vestiaire jeune. Pour l’instant, cela n’est pas visible, pire, l’on sent qu’il n’y a aucune cohésion dans cette équipe, que chaque individu qui la compose se crispe, comme c’est souvent le cas dans ce genre de situation. C’est aussi à l’entraineur d’insuffler quelque chose de nouveau dans ce vestiaire, une ambiance propice à la bonne entente. Encore une fois, à Reims, Monaco est retombé dans ses travers alors que la physionomie du match nul contre Dijon (2-2) avait montré que l’équipe n’était pas résignée, Kamil Glik égalisant d’une tête rageuse. Mais, à Reims, alors que Monaco avait bénéficié d’une supériorité numérique au retour des vestiaires pour espérer revenir au score, Pelé a pris un second carton jaune à vingt minutes du terme, condamnant les siens à évoluer à dix contre dix. Monaco n’est pas seulement avant-dernier du classement général, le club est avant-dernier au classement du fair-play, symbole d’une tension régnante dans ce club qui a toujours évolué avec réussite tel un funambule sur un fil tendu au-dessus du vide.
Leonardo Jardim, l’architecte
Le départ de l’entraineur portugais a sans aucun doute dû laisser un vide à la Turbie, le centre d’entrainement du club. Il faut dire qu’il était là depuis 2014, connaissant alors bien Glik, Falcao ou encore Subasic au moment de son départ. Un titre de champion de France en 2017, un quart de finale de Ligue des Champions en 2015, suivi deux ans plus tard par une demi-finale, à chaque fois battu par la Juventus, future finaliste. Les actes accomplis par Jardim sont grands et témoignent de son talent pour bâtir non seulement des équipes mais également des groupes. Il a dû faire face à des renouvellements chaque saison mais a su imposer son style pour obtenir de très bons résultats à chaque fois. Hélas, dès que l’horizon s’est assombri, il a été rapidement poussé vers la sortie par Rybolovlev. C’est donc Jardim, l’entraineur comme toujours, qui a payé le mercato désastreux du club, aucune recrue ne parvenant à tirer son épingle du jeu. Henry a la lourde tâche de récupérer le précieux héritage de quatre ans du portugais. Sans expérience dans un grand championnat, il arrive avec un pari en tête, celui de redresser la barre et d’empêcher le scénario catastrophe : la relégation, inimaginable en début de saison, et qui pourtant commence à être posée.
Une stratégie qui se casse finalement les dents
La stratégie monégasque ne se présente plus : un investissement modéré sur des jeunes joueurs au fort potentiel pour espérer une plus-value énorme. Cela a fonctionné depuis l’arrivée des russes à la tête du club. Chaque année, nombre de très bons joueurs ont quitté la Principauté pour des sommes parfois folles et ils ont été plus que convenablement remplacés par de jeunes joueurs qui ont réussi à se faire une place au sein d’un effectif où les cadres ont toujours su les intégrer. Mais cette année, cette stratégie a cessé de fonctionner pour plusieurs raisons. D’abord, il était évident que ce manque de stabilité récurrent allait un jour se retourner contre le club de la Principauté. A recréer des effectifs chaque été, il a donné du fil à retordre à Leonardo Jardim qui s’en est toujours sorti, faisant parfois des miracles. Cette année, la sauce n’a pas pris. Néanmoins, c’est également parce que les cadres ne répondent pas présent. La défense centrale Glik-Jemerson est extrêmement fébrile cette année, fragilisée par le départ du pilier Fabinho à Liverpool que Jardim puis Henry n’ont pour l’instant pas réussi à régler.
Rony Lopes, élément incontournable de la deuxième place monégasque la saison dernière, s’est blessé aux ischios-jambiers et reprend petit à petit l’entrainement. Falcao, quand il est titulaire, est bien esseulé en attaque et s’est lui aussi blessé. Quant au poste de gardien, l’excellent Subasic est toujours blessé et Benaglio est très loin d’avoir montré des signes de satisfaction. Les jeunes sont donc démunis dans une équipe qui attend encore le retour de ses cadres. Thierry Henry tente de trouver la solution miracle mais n’y parvient pas. Sa défense à cinq contre Reims a laissé place à certaines interrogations. La star annoncée Aleksandr Golovin, blessé lui aussi au début de la saison, n’a pour l’instant encore rien montré. Monaco a donc d’abord mal parce que son effectif souffre physiquement et mentalement avec cette spirale négative qui s’engage depuis août. La première mission sera d’abord de redresser la barre dans les sept matches qui restent avant la trêve. La réception du PSG dimanche prochain s’annonce déjà périlleuse.
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