Depuis le départ de l’Atlético de Madrid vers le Wanda Metropolitano en 2017-2018, le stade Vicente-Calderón est à l’abandon. Cédé par le club à la mairie de Madrid, celle-ci envisage de le détruire. Cette décision est cependant critiquée par les supporters. Pour comprendre les motifs de cette discorde, Au Stade s’est donc intéressé à ce débat.
Les stades occupent une place centrale dans la vie des clubs de football. Plus que des infrastructures sportives, ils incarnent l’identité de leurs équipes. Il n’est donc pas surprenant que les supporters leur vouent une admiration particulière. Cette affection est flagrante pour le Vicente-Calderón. Ce stade de 55 000 places représente effectivement une seconde maison pour la plupart des Rojiblancos. Bien que le Wanda Metropolitano soit plus grand (68 000 places) et plus moderne, l’annonce du départ du club vers ce stade est un véritable crève-cœur pour les supporters. Ce n’est cependant pas l’unique décision difficile à vivre. En effet, le 15 novembre dernier, la déclaration de la mairie de Madrid a eu l’effet d’une bombe. Elle annonce effectivement la démolition prochaine du Vicente-Calderón. Contactés par nos soins, les supporters de l’Atlético de Madrid ne cachent pas leur tristesse. Dans cet article, nous allons essayer d’en comprendre les raisons.
Le Vicente-Calderón, symbole historique du club
Le stade Vicente-Calderón n’est pas le premier stade dans lequel a évolué l’Atlético de Madrid. C’est en revanche celui dans lequel les Colchoneros ont joué le plus longtemps (51 ans). C’est sans doute pour cette raison que les supporters le considèrent comme le fief historique du club. Depuis son inauguration le 2 octobre 1966, les Madrilènes ont connu des saisons fructueuses au Vicente-Calderón. En plus de la Coupe Internationale en 1974, l’Atlético de Madrid remporta six de ses dix championnats d’Espagne dans ce stade (1966, 1970, 1973, 1974, 1996 et 2014). Il en est de même pour deux de ses trois ligues Europa (2010, 2012) et Super Coupe d’Espagne (1985, 2014).
Mais les performances sportives du club sont insuffisantes pour expliquer l’attachement des supporters au Vicente-Calderón. L’atmosphère des soirs de match entre également en compte. Elle contribue effectivement à générer la passion autour d’un club. Même derrière les écrans de télévision, l’ambiance festive du stade se ressent. C’est en tout cas l’avis de différents supporters interrogés. Ceux qui ont déjà eu l’opportunité de se rendre à Madrid nous décrivent quant à eux une ambiance festive mais électrique. C’est le cas d’Adrien. Interrogé en tant que co-rédacteur de la page Facebook francophone dédiée à l’Atlético de Madrid, le jeune homme de 26 ans se remémore avec nostalgie l’ambiance du Vicente-Calderón. Selon lui, l’atmosphère particulière de ce stade est essentiellement assurée par le Frente Atlético. Les cris de ce groupe de supporters sont effectivement si intenses qu’ils recouvrent complètement ceux des adversaires. Adrien est catégorique. Pour lui, aucun autre club ne peut rivaliser avec cette ambiance.
L’architecture ouverte du Vicente-Calderón n’est pourtant pas initialement conçue pour optimiser de telles performances acoustiques. Sa forme est même atypique. Contrairement au continent sud-américain, peu de stades européens présentent en effet une séparation entre une tribune couverte et le reste du stade. Or, l’ensemble des 69 supporters interrogés par Au Stade avouent être fiers de cette singularité architecturale européenne. L’Atlético de Madrid étant un club européen unique, son stade doit également l’être.
Urbaniser le quartier, une volonté de la mairie de Madrid
Situé au sud de la capitale espagnole, le Vicente-Calderón se trouve près de l’autoroute M-30 et du fleuve Manzanares. Sa localisation l’expose donc en permanence à l’humidité et aux agents chimiques générés par le trafic routier. Cela fragilise la stabilité de l’édifice. Il n’en faut pas davantage à la mairie de Madrid pour envisager sa démolition. Cette décision est d’autant plus vraie que la ville souhaite urbaniser le quartier Mahou-Calderón en y construisant des logements et des espaces verts. D’après le reportage Vicente-Calderón, un stade s’éteint diffusé sur BeIn Sports, cela valorisera le fleuve. Le Vicente-Calderón ne s’intégrant pas dans le paysage souhaité, sa démolition commencera dès 2019. D’après L’Équipe, ce sera même la première des trois phases du projet dont la totalité des travaux durera 34 mois pour un coût avoisinant les 42,2 millions d’euros.
Une démolition contestée par les supporters de l’Atlético de Madrid
La disparition du Vicente-Calderón n’enchante pas les supporters de l’Atlético de Madrid. Créateur et rédacteur de la page Facebook francophone dédiée aux Colchoneros, Abdul trouve effectivement cette décision « triste ». La possibilité offerte par le club aux supporters de venir récupérer leurs sièges en tribune est loin d’apaiser le chagrin des Rojiblancos. Un sondage réalisé par la rédaction d’Au Stade auprès de 69 supporters va dans ce sens. Certains espéraient effectivement que le stade deviendrait un lieu touristique. L’avis des Rojiblancos n’infléchit cependant pas la décision de la mairie de Madrid. Ces derniers espèrent toutefois qu’un hommage sera rendu au stade. Pour Adrien, cela passe au minimum par la création d’une sculpture représentant à la fois le stade mais également les figures emblématiques du club telles que le président Vicente Calderón ainsi que le joueur et entraîneur Luis Aragonés.
Or, Adrien le reconnait, cela ne permettra pas de revivre l’ambiance des soirs de match. Pour cela, le jeune homme considère que la construction d’un terrain de football à l’endroit de la pelouse actuelle serait un excellent moyen pour perpétrer la passion du football. Pour les amateurs du ballon rond, la démolition du Vicente-Calderón est donc loin de faire l’unanimité. Les supporters de l’Atlético de Madrid déplorent effectivement la décision de la mairie d’urbaniser le quartier. Mais, quoi qu’il en soit, Adrien nous l’assure: il continuera à « se souvenir et à [se] recueillir à l’endroit où jadis était [leur] temple ».
Crédits photo à la Une: Carlos Delgado