« Surprenants » cinquièmes du championnat anglais avec un football techniquement pauvre, les Gunners semblent souffrir du départ d’Arsène Wenger. Les saisons s’enchaînent et se ressemblent pour les Londoniens, devenus de simples outsiders outre-Manche. Pourquoi l’équipe d’Unai Emery est-elle devenue aussi banale ?
Trop pauvres défensivement
Alexandre Lacazette, Pierre-Emerick Aubameyang et Nicolas Pépé. Trois joueurs qui feraient rêver n’importe quel effectif européen. L’attaque d’Arsenal n’a rien à envier aux meilleures écuries du continent. Pourtant, les résultats positifs ne suivent pas. La faute à une arrière-garde bien trop légère pour un club de cet envergure. Malgré les arrivées de David Luiz en provenance du rival Chelsea et de Kieran Tiernay, prometteur latéral du Celtic Glasgow, les errances défensives restent flagrantes. Problèmes d’alignement, jeu sans ballon pauvre et manque criant de communication, les maux sont nombreux dans l’esprit d’Unai Emery. Le duo Socratis-David Luiz part avec de l’avance, mais manque encore d’automatismes. Derrière ? Skodran Mustafi, titulaire la saison dernière sans trop convaincre, et Rob Holding, jeune pousse du club.
La charnière doit devenir la priorité des prochains mercatos pour le club. L’empilage de grands noms sur le front de l’attaque ne pourra pas toujours satisfaire la volonté des supporters. L’apport des latéraux peut aussi questionner. Personne ne fait l’unanimité actuellement. Alors que Tierney revient de blessure, les prestations de Calum Chambers, Ainsley Maitland-Niles et Sead Kolasinac sont peu convaincantes. Leur manque d’expérience du très haut niveau alerte sur les choix du manager. Le secteur défensif est indigne de la Ligue des Champions, alors que les autres clubs du « Big Six » possèdent des éléments de très haute qualité. Virgil Van Dijk à Liverpool, Tobby Alderweireld à Tottenham ou Aymeric Laporte à Mlanchester City. La réalité est évidemment différente : un défenseur central de haut niveau coûte extrêmement cher, car rare. Arsenal devra casser sa tirelire pour refaçonner une défense digne de ses ambitions européennes.
Özil porté disparu
Outre les résultats sportifs en deçà de leurs espérances, les joueurs d’Arsenal souffrent aussi d’une ambiance globale étouffante. Pour cause, la gestion du cas Mesut Özil. Véritable chouchou d’Arsène Wenger, il est, aujourd’hui, porté disparu des feuilles de matchs d’Unai Emery. La cause ? Son manque de rythme et d’implication. En fait, il est difficile de trouver une raison de son éviction radicale. Adepte du pressing haut et du travail défensif intense, le profil plus travailleur de Dani Ceballos a définitivement écarté Özil des plans de l’entraîneur espagnol. Interrogé en conférence de presse, Emery temporise: « Nous voulons tous aider Mesut à se sentir chez lui ici. »
Difficile avec les mésaventures que connaît l’ex-international Allemand. La dernière en date ? La tentative de car-jacking qu’il subit en juillet dernier, accompagné de son ami Sead Kolasinac. Mentalement touché, le joueur a connu une pré-saison tronquée. Apprécié dans le vestiaire, même si certaines rumeurs avancent des tensions liées à son salaire extrêmement élevé (environ 18 millions d’euros par saison), Özil traîne son spleen. Un comportement qui affecte nécessairement l’équipe d’Unai Emery. Sa dernière prestation en Coupe face à Liverpool redonnera peut-être du crédit au joueur qui a réalisé un match, impliqué sur trois des quatre buts marqués avant sa sortie. Alors qu’Arsenal connaît une panne de créativité au milieu de terrain, la résurgence de Mesut Özil arrive à point nommé. Néanmoins, son jeu doit évoluer pour séduire son coach, sa participation aux tâches défensives sera scrutée de près lors de ses prochaines entrées en jeu.
Frileux comme Unai Emery
Plus d’un an après son arrivée, Unai Emery n’est plus en odeur de sainteté à Londres. Pire, les supporters demandent sa tête. La cause: sa gestion plus que douteuse. La pauvreté dans le jeu étonne alors que l’effectif est bâti pour jouer les premiers rôles en Premier League. Outre le cas Özil, Dani Ceballos n’est pas toujours titulaire dans les grands matchs, le coach préférant consolider son milieu de terrain. Le manque d’ambition fait naître un complexe d’infériorité chez les Gunners, devenus incapables de lutter, à armes égales, contre leurs supposés rivaux. Le club est-il évincé des favoris pour le titre ? Aujourd’hui il n’y a pas photo, Arsenal ne peut pas jouer le titre. Constamment titulaire dans l’esprit d’Emery, Granit Xhaka incarne les faiblesses de son équipe. Bien en dessous de son niveau réel, l’international suisse collectionne déjà quelques bourdes fatales pour son équipe. Son statut de capitaine est difficile à porter, mais l’entraîneur lui réitère, match après match, sa confiance. Le prometteur Lucas Torreira est alors sacrifié pour l’équilibre de l’équipe. L’international uruguayen formerait une paire de milieux redoutables avec la pépite Matteo Guendouzi, deux joueurs capables de prouesses techniques à la relance.
Les récents événements autour de Xhaka traduisent du climat délétère qui règne entre le capitaine et les supporters. Remplacé dimanche dernier en fin de match contre Crystal Palace, le Suisse a répondu aux sifflets par des insultes. Malgré son mea-culpa publié sur le site du club, la tension n’est pas encore retombée. Cet événement va-t-il bouleverser les plans d’Unai Emery ? Difficile à dire. Un tel électrochoc peut nouer des liens forts entre les joueurs. La saison est loin d’être un fiasco. Accrochée à la cinquième place du championnat, l’équipe se battra avec Chelsea et Manchester United pour une qualification en Ligue des champions. Une nouvelle campagne en Europa League pourrait être fatale au manager espagnol. Tout n’est pourtant pas à jeter dans le bilan de l’entraîneur. Comme au Paris Saint-Germain, Emery essaie de polir les plus jeunes talents de son effectif. L’éclosion de Matteo Guendouzi est à mettre au crédit du manager espagnol. L’explosion des latéraux Tiernay et Bellerin ne saurait pas tarder si les blessures les épargnent.
L’effectif des Gunners est encore tributaire de l’héritage d’Arsène Wenger. Comme lors de son passage au PSG, Unai Emery tente d’imprimer sa patte dans une équipe en manque de repère. La patience des supporters a des limites, à lui d’inverser la tendance.
Crédits photo à la Une: Вячеслав Евдокимов FC-ZENIT.RU