L’Allemagne et la Pologne sont les deux premières équipes de cet Euro à se quitter sur le score de 0-0. Un score en partie dû au manque d’imagination des Allemands, mais également à l’incroyable solidité du bloc polonais. Retour sur ce match qui opposait deux nations voisines géographiquement, mais pas dans la façon de jouer au football. Décryptage.
L’Allemagne n’a jamais trouvé la faille
Beaucoup d’imprécisions, pas assez d’éclat. Les hommes de Joachim Löw n’ont jamais réussit à contourner ce bloc polonais très resserré. Les derniers Champions du Monde ont péché dans ce qui d’ordinaire fait leur force, la qualité technique, et la fluidité de leur circulation de balle. Mais il est vrai qu’ils n’ont jamais été mis dans un confort total par des Polonais qui exerçaient un pressing très haut, avec Lewandowski et Milik en premier rideau. Face à une équipe presque impossible à déborder à terre, les Allemands ont abusé, avec plus ou moins de réussite, de longues transversales (à l’image de Boateng), mais également de frappes lointaines ou instantanées, qui, hormis celles de Götze (46e), d’Özil (sur laquelle Fabianski a sortit une très belle claquette, 69e) et de Schürrle (70e), n’ont jamais trouvé le cadre… Les joueurs de la Mannschaft ne se sont jamais réellement créés d’opportunités, en raison de la solidité adverse, mais également en raison de la transparence très flagrante des quatre joueurs offensifs (Müller, Özil, Draxler et Götze). Le dernier cité, il est vrai, a été parfaitement contrôlé par la charnière polonaise constituée de Glik et de Pazdan. Mais les trois autres, en compagnie de Khedira et de Kroos, qui n’ont pas eu leur rayonnement habituel dans le jeu de transition, ne l’ont à vrai dire jamais mis dans les bonnes conditions, hormis sur ce centre de Draxler où la reprise de la tête de l’attaquant du Bayern n’a pas trouvé le cadre (3e), où sur ce décalage qui a conduit à la frappe trop centrée de ce dernier (46e).
Dans les 30 derniers mètres, les Allemands ont été trop approximatifs dans leurs enchaînements et ont peiné à se créer le moindre décalage et donc des occasions. Il faudra absolument soigner ce mal avant d’affronter l’Irlande du Nord mardi prochain au Parc des Princes, où les Allemands, en cas de défaite pourrait bien finir… troisièmes. Mais nous n’en sommes bien sûr pas encore là puisque les Champions du Monde peuvent s’appuyer sur une charnière centrale de niveau international. Face aux Polonais, et donc face aux dangers que représentent Milik et Lewandowski, Hummels et
Boateng se sont montrés impériaux et ont sauvé nombre de fois leur camp, par leurs interventions salvatrices. Hummels a d’abord contré une frappe de Milik (21e), avant de reprendre de justesse ce dernier qui filait au but (51e), tandis que son coéquipier, Boateng, qu’il retrouvera au Bayern la saison prochaine, a joué les pompiers de service devant Lewandowski, qui lui aussi filait au but (58e). En définitive, en prévision de leur dernier match dans ce Groupe C, les Allemands devront absolument soigner leurs maux dans le secteur offensif, mais devront toujours s’appuyer sur une défense aussi solide, qui hier, les a sauvé de biens des déconvenues.
La Pologne a fait son match, mais…
Dire que se créer des occasions face à ces Polonais là est difficile relève de l’euphémisme, et les Allemands n’en diront pas moins. Les hommes d’Adam Nawalka, organisés en 4-4-2, n’ont laissé presque aucun espace aux joueurs Allemands. Ces derniers, très décevants techniquement, n’ont jamais trouvé la parade face aux deux lignes de 4 très resserrées polonaises, qui occupaient très bien la largeur du terrain, et où Lewandowski et Milik (à degré moindre) venaient très souvent apporter leur contribution dans le travail défensif. L’acharnement, la détermination sont autant de vertus polonaises, à l’image de la charnière Glik-Pazdan, qui a été impeccable, et n’a jamais laissé aucun ballon s’infiltrer dans la surface, au prix parfois de dégagements en catastrophe. Positionné en sentinelle avec Maczynski, Krychowiak aura ratissé un nombre incalculable de ballons dans les pieds Allemands, à l’image des milieux offensifs, Blasczykowski et Grosicki, qui n’ont jamais cessé de gêner les offensives allemandes, qui en première mi-temps passaient presque toutes stérilement par les couloirs.
Malgré ce point qui ferait presque figure de bon résultat, les Polonais pourront malgré tout regretter de ne pas avoir quitté le Stade de France avec les trois points, puisque Milik, par deux fois, a manqué ce qui pourrait être qualifié d’immanquable. L’attaquant de l’Ajax Amsterdam, pourtant intraitable dans ce domaine habituellement, a d’abord manqué sa reprise de la tête, qui est passée juste à côté, alors qu’il avait devancé Boateng et s’était retrouvé seul dans les six mètres devant Neuer (46e), avant de complètement s’emmêler les pinceaux alors qu’il était encore en position idéale de frappe, seul au point de penalty (68e). L’attaquant Polonais, qui s’est plus signalé offensivement que son compère Lewandowski, plus présent dans le travail défensif, a également vu son coup-franc passer à 50 cm du montant droit de Neuer (58e). Les Polonais auraient pût gagner, mais là encore, leur maladresse chronique (0 tirs cadrés), les a empêché de transformer cette hypothèse en réalité. Néanmoins, ce nul permet aux Polonais de pouvoir ambitionner la première place de la poule en cas de victoire assez nette face aux Ukrainiens, mardi prochain à Marseille.
Les NOTES de la rédaction :
Allemagne
Neuer (5) – Höwedes (5,5), Hummels (6,5), Boateng (6,5), Hector (5,5) – Khedira (5), Kroos (5) – Müller (4), Özil (4,5), Draxler (4) – Götze (4,5)
Pologne
Fabianski (6) – Piszczek (6), Glik (6,5), Pazdan, (6,5), Jedrzejczyk (6) – Blasczykowski (5,5), Krychowiak (6,5), Maczynski (6), Grosicki (6,5) – Lewandowski (5,5), Milik (5,5).