Alors que l’Euro 2016 de football se déroulera dans 7 mois quasi-jour pour jour, Au Stade revient sur une problématique plus qu’existentielle ravivée par les attentats de Paris: faut-il maintenir l’Euro 2016 en France ?
L’enjeu majeur de ces championnats d’Europe de football sera sans aucun doute la sécurité. Si celle-ci est déjà débattue depuis de longs mois – après l’affaire Charlie Hebdo notamment – le débat vient d’être relancé par la série d’attentats plus macabres les uns que les autres qui a secoué la capitale parisienne ces derniers jours. Et pour cause; les 3 kamikazes s’étant faits exploser à 500 mètres à peine du Stade de France et de ses 80 000 spectateurs venus assister à la rencontre amicale opposant l’équipe de France à l’Allemagne, projetaient « de se faire sauter » – excusez moi de l’expression – dans l’enceinte même du stade de Saint-Denis. Grâce à l’attention des stadiers, qui ont refoulé les 3 fanatiques, un immense carnage a été évité de justesse. Si cela n’avait pas été le cas, cet acte ignoble aurait pu alourdir un bilan déjà très conséquent (129 morts et 99 blessés graves à l’heure où nous bouclons ces lignes).
Une vulnérabilité connue depuis le début
Comme l’expliquait Jacques Lambert, président de la SAS Euro 2016, à nos confrères de l’AFP, les risques d’attentats sur le sol français étaient connus et avaient déjà été anticipés: « Le risque terroriste, depuis la rédaction du dossier de candidature, est considéré comme un risque clé. On sait depuis des mois que le risque est maximal. Les attentats qu’a connus la France ces derniers mois (Charlie Hebdo/supermarché casher et donc les attentats de vendredi soir) n’ont pas changé fondamentalement les choses, comme l’expliquait l’énarque de 67 ans: « Ce que les attentats de janvier avaient montré, c’est que ce risque devenait plus aigu mais ça ne changeait pas les fondamentaux. Après janvier, nous avions juste procédé à une réévaluation du niveau de risque. La tragédie terrifiante de vendredi soir va avoir le même effet. »
Euro 1996: attentat de Manchester
Si l’organisation de l’Euro 2016 présente des risques d’attentats, il y a déjà eu un précédent. En plein milieu de l’Euro 1996 organisé par l’Angleterre dans un contexte de tensions de plus en plus vives entre le gouvernement britannique et les terroristes irlandais de l’IRA, une bombe explosa dans un centre commercial de la banlieue de Londres le samedi 15 Juin 1996. Cet attentat revendiqué par l’Irish Republican Army, aurait pu causer un carnage monstrueux. Fort heureusement, peu avant l’explosion, la police Londonienne avait reçu un message crypté adressé par le groupuscule indépendantiste Irlandais et avait donc eu le temps d’évacuer le centre commercial avant l’explosion, qui n’aura fait « que » 212 blessés. Mais 20 ans plus tard, le contexte de l’Euro 2016 sera tout autre. Il ne faudra pas compter sur la bonté des djihadistes pour nous faire parvenir un message – même crypté – pour nous prévenir de leur futur projet macabre…
POSER LA QUESTION DE L’ANNULATION DE L’EURO 2016, C’EST FAIRE LA PART BELLE AUX TERRORISTES » Jacques Lambert
Qui va assurer la sécurité ?
Pour dispatcher au mieux les rôles de chacun des acteurs de la sécurité entourant les spectateurs et des supporters de l’Euro 2016, un protocole a été signé et accepté en septembre dernier entre le Ministère de l’Intérieur et la Fédération Française de Football. Les stades, les camps d’entrainement ainsi que les hôtels des équipes « relèveront de l’organiseur [l’Euro 2016 SAS, ndlr] » selon le protocole d’accord, tandis que les lieux à fort danger potentiel seront sécurisés par le gouvernement français (le ministère de l’intérieur, ndlr) et donc par les forces de l’ordre. Quant à la sécurité des fan-zones des 10 villes accueillant les rencontres de la compétition (Paris, Lyon, Marseille, Lille, Bordeaux, Nice, Toulouse, Lens, Saint-Étienne et Saint-Denis), celle-ci sera assurée par des agents de sécurité privés recrutés par les municipalités des villes concernées.
En conclusion, si l’Euro 2016 à bien lieu – ce qui est pour le moment le cas – les potentiels djihadistes pourront aisément projeter un attentat, car il est impossible de surveiller et protéger 7 millions de civils à la fois. De plus, comme l’expliquait Noël Le Graët dans les colonnes de L’Equipe: « Le risque 0 n’existe pas ». Même si cette vision des choses fait froid dans le dos, une concentration de masse ne peut qu’accroitre les risques d’un attentat, surtout lors d’un évènement aussi médiatisé que celui de l’Euro 2016…