Tao Geoghegan Hart a remporté dimanche à Milan un Tour d’Italie disputé entre outsiders, Ineos-Grenadier concluant un exercice dominé de bout en bout. Écrasante, telle était la domination d’Arnaud Démare sur les arrivées au sprint. Retour sur ce singulier Tour d’Italie 2020.
Sur une piazza del Duomo désertée par les tifosi, le contraste entre la joie de Tao Geoghegan Hart (Ineos-Grenadier), vainqueur du Giro à 25 ans, et la détresse d’un Jai Hindley (Sunweb) inconsolable, n’était pas sans rappeler l’ambiance qui régnait au sommet de la Planche des Belles Filles sur le Tour de France un mois auparavant. Seulement, l’écart était tout autre entre les deux prétendants: 86 centièmes les séparaient au classement du maillot rose avant les 15,7 bornes de chrono dans les rues de Milan. 86 centièmes qu’aucun observateur n’avait pas su prédire.
Tao Geoghegan Hart, cinquième britannique à remporter un Grand Tour
Les honneurs du protocole sont ainsi revenus à Tao Geoghegan Hart, bien meilleur rouleur que Jai Hindley. Pourtant, le Britannique n’abordait pas le Giro dans l’habit de leader. La chute de Geraint Thomas à cause d’un bidon lors de la quatrième étape a rebattu les cartes. Tao Geoghegan Hart a alors roulé dans l’ombre, sans se dévoiler: ce dernier a attendu l’étape de Piancavallo en fin de deuxième semaine, qu’il a remportée, et surtout les deux dernières étapes de montagnes au Lac de Cancano et à Sestrières pour tisser sa tunique rose de leader du Tour d’Italie.
Geoghegan Hart a ainsi revêtu le rôle d’arbitre entre Wilco Kelderman et Jai Hindley, tous deux coureurs du Team Sunweb. Ce dernier était le meilleur en montagne sur ce Giro 2020 et aurait dû mettre fin au suspense dans la montée vers le Lac de Cancano quand son leader avait été décroché dans le Stelvio et que Geoghegan Hart roulait sans compter. L’erreur de la l’équipe Sunweb aura été, lors de ce Tour d’Italie, d’avoir joué sur deux tableaux, avec un Wilco Kelderman diminué en montagne et un Jai Hindley limité sur les contre-la-montres. Mauvais calcul.
Sur le Tour d’Italie, la faillite des ténors du peloton
Il faut tout de même reconnaitre que Wilco Kelderman a été le favori au départ en Sicile qui a le mieux tenu son rang parmi les autres ténors du peloton, terminant troisième de ce 103e Tour d’Italie. Outre Simon Yates (Mitchelton-Scott) et Steven Kruijswijk (Jumbo-Visma) contraints de quitter la course avec leur équipe pour des cas de Covid-19 en leurs seins, les prétendants « classiques » au dernier Grand Tour de la saison ont déçu. Vincenzo Nibali (7e) n’a pu que constater la supériorité d’une jeunesse montante tandis que Jacob Fuglsang (6e) n’a jamais pu peser sur les débats.
Vincenzo Nibali était toujours monté sur le podium du #Giro au cours de ses 6 dernières participations. A bientôt 36 ans, le Sicilien ne semble plus en mesure de rivaliser pour remporter à nouveau un Grand Tour. Il devrait terminer 7e de cette édition 2020. pic.twitter.com/keu0PmMfq3
— Le Gruppetto (@LeGruppetto) October 25, 2020
Mais rendons à César ce qui est à César. Avant Jai Hindley et Tao Geoghegan Hart, c’est tout d’abord le rafraichissant Joao Almeida (Deceuninck-Quick Step) qui a dicté sa loi sur les routes italiennes. En rose jusqu’au Stelvio, à trois jours de l’arrivée à Milan, le Portugais de 22 ans avait remarquablement bien résisté. Bon rouleur et grimpeur honnête, il termine quatrième du Giro en ayant porté la tunique rose pendant 14 jours. Tao Geoghegan Hart ne l’avait jamais étrennée avant sa consécration à Milan.
Les Ineos-Grenadier ont remporté un tiers des étapes du Giro
Parmi les remarquables performances de ce Tour d’Italie, celle de Filippo Ganna (Ineos) mérite considération. L’Italien, champion du monde du contre-la-montre, a remporté les trois épreuves chronométrées du Giro. Avec sept victoires d’étapes, le maillot rose et celui du meilleur jeune, la soif de victoire des Ineos-Grenadier a été insatiable. Il faut remonter au Tour de France de Bradley Wiggins en 2012 pour retrouver trace d’une telle domination de la part de l’équipe britannique.
Démare en feu sur le Tour d’Italie
Côté Français, Arnaud Démare (Groupama-FDJ) a remporté quatre étapes et le maillot cyclamen du meilleur sprinteur. Il n’a laissé que des miettes à ses adversaires, bien décevants disons-le. Elia Viviani (Cofidis), pourtant à domicile, n’a réussi à décrocher qu’un Top 5. Peter Sagan (Bora-Hansgrohe), impuissant face au Français, s’est consolé en remportant en solitaire la dixième étape, mettant fin à une ère de quinze mois sans victoire. Au classement général, le premier tricolore est Aurélien Paret-Peintre (AG2R-La Mondiale): il signe une prometteuse seizième place (+45’04).
Crédits photo à la Une: Flowizm …