Tom Dumoulin (Sunweb), maillot rose sur les épaules, s’est offert le luxe de remporter ce samedi la quatorzième étape du Tour d’Italie. L’occasion de revenir sur les sept derniers jours de course, marqués par la domination de Fernando Gaviria (Quick-Step Floors) sur les arrivées au sprint, ou encore la victoire de Nairo Quintana (Movistar) en haut du Blockhaus.
Alors que la première semaine de compétition a été caractérisée par une répétions d’étapes plates et d’arrivées au sprint, cette semaine, la tendance s’est inversée. La route s’est (enfin) élevée sur ce centième Tour d’Italie, et la course s’est enflammée. Exit donc les étapes de plaines; les journées accidentées étaient au programme, pour le plus grand bonheur des baroudeurs-puncheurs et autres grimpeurs.
Quintana s’offre l’étape du Blockhaus
Monotones, les premiers balbutiements du Giro avaient laissé place, dimanche, à la première ascension taillée pour les purs grimpeurs, où les prétendants à la victoire finale étaient attendus au tournant. Atterri sur les épaules du néerlandais Bob Jungels (Quick-Step Floors) à l’issue de la quatrième étape, le maillot rose a changé de propriétaire en haut du Blockhaus, et le centième Giro a véritablement débuté. Le maglia rosa a vu Nairo Quintana, assoiffé d’altitude, remporter au talent la neuvième étape, au sommet de la vallée de Majella. Foudroyantes, ses accélérations dans les plus forts pourcentages du col hors catégorie ont fait exploser la poignée de leaders qui avait réussi à rester dans la roue des coureurs Movistar.
En effet, les Izagirre, Amador, Anacona et autres Rojas, avaient pris en main la course, imposant un rythme très élevé au peloton dès les premiers hectomètres de l’ascension. Un travail de sape qui avait permis au leader colombien de s’envoler, tel le dernier étage d’une fusée, vers la victoire et la première place au général. A l’arrivée, le trio formé de Thibaut Pinot (FDJ), Tom Dumoulin (Sunweb) et Bauke Mollema (Trek-Segafredo), accusait un retard de près de trente secondes. Une étape marquée par une chute collective causée par une moto mal garée sur le bord de la route, au mauvais endroit au mauvais moment. Un fait de course dramatique qui avait décimé l’équipe Sky dans sa quasi-totalité. Mikel Landa et Geraint Thomas, les deux leaders de l’équipe britannique, avaient mordu le bitume, accusant respectivement cinq minutes et un quart d’heure de retard sur la ligne d’arrivée.
Gaviria puissance quatre
Déjà vainqueur des troisième et cinquième étapes, Fernando Gaviria (Quick-Step Floors) a récidivé cette semaine. Jeudi, après pas moins de 234 kilomètres d’asphalte avalés, le colombien s’est imposé à Reggio Emilia, devant Jakub Mareczko (Wilier-Selle Italia) et Sam Bennett (Bora-Hansgrohe). Mais le porteur du maillot cyclamen n’allait pas s’arrêter en si bon chemin. Avec une jauge de confiance remplie à ras bord qui débordait presque, le coureur du team de Patrick Lefevere s’imposera le lendemain, à Tortona, au terme de deux-cents derniers mètres d’un final époustouflant. Très mal placé avec vingt mètres de retard sur la tête de la course où Sam Bennett (Bora-Hnasgrohe) et Caleb Ewan (Orica-Scott) se disputaient la victoire, Gaviria va profiter du mauvais placement de ce dernier pour raser les panneaux publicitaires et coiffer Bennett sur la ligne au terme d’une accélération incroyable. Le panache des grands, très grands. Le natif de La Ceja devient ainsi le premier coureur colombien à remporter quatre étapes dans un même Tour d’Italie, et ce, à seulement 22 ans. L’avenir de Gaviria semble tout tracé, mais gare à l’excès de confiance. Demandez donc à Nacer Bouhanni ce qu’il en pense, lui qui avait glané trois victoires sur le Giro 2014, et qui navigue depuis en eaux troubles…
Dumoulin, vêtu de rose, impressionne
Tom Dumoulin, champion des Pays-Bas de l’épreuve solitaire et prétendant à la victoire finale, avait logiquement enlevé le maillot rose de leader à Nairo Quintana, à l’issue de l’étape dix, un contre-la-montre de quarante kilomètres. Une position de leader au général qu’il espérait bien conserver le plus longtemps possible. Un challenge qui semblait réalisable à la vue de la onzième étape, mercredi, taillée pour des puncheurs en quête d’une victoire d’un jour, loin des préoccupations du général, puis des deux étapes de plaines, jeudi et vendredi, où Tom Dumoulin a su rester au chaud dans le peloton. Mais, ce samedi, se dressait une première difficulté de renom: la sainte montée vers Oropa (7.8% de moyenne sur 12 kilomètres). Une ascension sèche, en fin d’étape, redoutée par tous. Sauf par Nairo Quintana (Movistar) qui s’échappera seul de la tête de course à cinq kilomètres de l’arrivée.
Mais derrière, Dumoulin veille au grain, et, en pur rouleur, les mains vissés sur le cintre, va revenir sur le colombien à la pédale. Par la suite, il s’offrira le luxe de tenter une contre-attaque pour épuiser ses trois compagnons de route – Ilnur Zakarin (Katusha-Alpecin), Mikel Landa (Sky) et donc Nario Quintana. Si Zakarin sera le seul coureur capable de prendre un relais au néerlandais, il en paiera le prix fort. Alors qu’on pensait que le coureur russe allait logiquement s’imposer, Tom Dumoulin, sûr de sa force, sort de la roue du coureur estampillé Katusha-Alpecin à cent mètres de la ligne, pour rapidement prendre deux longueurs d’avance et s’imposer sur le faux plat montant de la cité du Mont Sacré. Ainsi, en plus de prendre trente secondes supplémentaires sur Quintana, le natif de Maastricht profite des défaillances de Thibaut Pinot (FDJ) et Vincenzo Nibali (Bahrain-Merida), pour prendre respectivement cinquante et soixante secondes d’avance.
Le meilleur reste à venir
Grâce à son tour de force ce samedi, Tom Dumoulin a assis encore un peu plus sa domination sur ce Tour d’Italie 2017. Mais plus à l’aise sur les courses par étapes de dix jours que sur les grands tours de trois semaines, le coureur du team Sunweb devra rester prudent. La prochaine semaine de compétition, qui s’annonce d’ores et déjà palpitante avec pas moins de quatre arrivées en altitude sur les six étapes restantes, servira sans aucun doute les intérêts de Quintana (2e au général, +2’47 ») et Pinot (3e, +3’25 »). Mais la dernière escale, pour le compte de la traditionnelle arrivée à Madrid, dimanche prochain, sera à l’avantage du néerlandais: dans un contre-la-montre de 29 kilomètres qui partira du circuit de F1 de Monza, le porteur du maillot rose aura l’occasion de combler un possible retard…
Crédits photo à la une: bert de boer