La 73e Vuelta a longtemps été indécise. Se jouant dans la troisième et dernière semaine, elle a vu le premier sacre sur un Grand Tour de Simon Yates, quelques mois après sa terrible défaillance sur un Giro qui lui tendait les bras. Elle a également vu les Français en forme à deux semaines de la course en ligne des championnats du monde d’Innsbruck.
Simon Yates triomphe à Madrid
Trois grands tours, trois vainqueurs britanniques. Après Chris Froome sur le Giro, Geraint Thomas sur le Tour, c’est au tour de Simon Yates de monter sur la plus haute marche d’une course de trois semaines cette année. C’est également la première victoire dans un classement général de grand tour pour Mitchelton-Scott qui travaille depuis plusieurs années pour parvenir à cette fin heureuse avec les frères Yates mais aussi avec Esteban Chaves. C’est finalement Simon qui a levé les bras en premier après trois semaines parfaitement maîtrisées. Le britannique a oublié le terrible jour qu’il avait connu sur le Giro, le jour où Chris Froome a pris le pouvoir au terme d’une échappée solitaire de 80 kilomètres. Intenable pendant deux semaines, il n’avait pas eu la réserve physique pour terminer en rose.
Plus prudent sur la Vuelta, n’hésitant pas à faire souffler ses équipiers en leur accordant quelques étapes de répit pour laisser le maillot rouge à Jesus Herrada et la Cofidis, Yates a su gérer ses trois semaines sans se griller. Vainqueur de la 14ème étape au terme de laquelle il a repris le rouge, il n’a plus quitté la précieuse tunique de leader, gérant ses adversaires plutôt facilement. Il y aura eu l’incertitude Movistar balayée par la troisième semaine ratée de l’équipe espagnole, l’âge de Valverde se faisant sentir sur les dernières étapes et Quintana déchantant après pourtant deux premières semaines intéressantes. Ce sont donc deux jeunes coureurs qui accompagnent Yates et ses 26 ans sur le podium : Miguel Angel Lopez (Astana) qui confirme sa progression en signant une belle troisième place et le plus surprenant Enric Mas (Etixx-Quick Step), vainqueur de l’avant-dernière étape et qui signe une excellente deuxième place à seulement 23 ans.
La belle Vuelta tricolore
Après un Tour en demi-teinte, les français ont réalisé une excellente Vuelta avec cinq bouquets. A deux semaines des championnats du monde, c’est une très bonne nouvelle, symbolisée par la forme étincelante de Thibaut Pinot, vainqueur de deux étapes dont la très prisée 15ème étape arrivant aux Lacs de Covadonga et sixième au classement général. Le grand accomplissement du coureur de la Groupama-FDJ pourrait arriver à Innsbruck où il visera clairement le maillot arc-en-ciel dont il rêve plus que tout. Il aura à ses côtés Tony Gallopin, auteur d’une Vuelta très intéressante achevée à la onzième place alors qu’il a très longtemps fait partie du top 10 et auréolée d’une victoire d’étape. AG2R-la-Mondiale repart d’ailleurs avec un deuxième bouquet grâce à Alexandre Geniez, auteur de son troisième succès sur les routes de la Vuelta. Il faut enfin noter la belle victoire sur sprint massif de Nacer Bouhanni et on obtient les cinq victoires d’étape du clan tricolore sur ce Tour d’Espagne, un bilan très honorable, surtout si l’on rajoute les cinq jours en rouge de Rudy Molard, premier français à mener un grand tour depuis sept ans.
Les autres surprises et déceptions de cette 73e Vuelta
Vainqueur de deux étapes, Benjamin King fut l’un des grands artisans du premier tiers de course. A l’instar d’AG2R, EF-Drapac peut avoir la satisfaction d’avoir gagné avec deux coureurs différents, Simon Clarke et l’émouvant Michael Woods qui a dédié cette victoire à son fils mort-né. Déjà lauréat de quatre étapes sur le Giro, Elia Viviani a remis ça sur la Vuelta en signant un impressionnant triplé, sautant sur les rares occasions pour dominer les sprinters. Cinquième du Tour de France, Steven Kruijswijk a poursuivi sur sa lancée en terminant quatrième du Tour d’Espagne et peut désormais se tourner vers Innsbruck où la sélection néerlandaise aura fière allure.
Côté déception, on a déjà cité la Movistar qui arrivait avec une équipe alléchante après un Tour raté. Valverde, Quintana, Carapaz, c’était prometteur mais le trio n’a pu faire qu’un top 5 avec l’espagnol, également maillot vert. Clairement insuffisant. Venu avec des intentions, Richie Porte, futur membre de l’équipe Trek, a traversé cette Vuelta tel un fantôme, terminant à une très décevante 84ème place, cédant douze minutes dès la première étape en ligne. La BMC sort satisfaite de ce Tour d’Espagne seulement grâce à la puissance chronométrique de Rohan Dennis et à l’esprit d’attaquant d’Alessandro de Marchi qui a désormais gagné cinq fois sur la Vuelta en quatre participations dont deux contre-la-montre par équipes. Peter Sagan n’a lui pas réussi à lever les bras malgré quelques podiums et n’a pas réussi à se montrer réellement à son avantage sur le peu d’occasions qu’il avait.
Crédits photo à la Une: Eric HOUDAS