Très en jambe sur ce Tour de San Juan avec deux victoires d’étapes, Julian Alaphilippe a craqué sur la seule étape de haute-montagne, laissant le général à Winner Anacona. En parallèle, la révélation Remco Evenepoel confirme son talent et impressionne d’ores et déjà chez les professionnels. Analyse.
Alaphilippe, erreur tactique et haute-montagne
Le puncheur français peut s’en vouloir à l’issue de l’étape reine du Tour de San Juan. La copie rendue en début d’épreuve était pourtant parfaite avec deux victoires: l’une, explosive, au barrage de Punta Negra lors de la deuxième étape puis une seconde, plus étonnante, lors du contre-la-montre rectiligne de Pocito, le hissant au sommet du général. Tout allait donc pour le mieux au sein de la Deceuninck Quick-Step d’autant plus que le jeune Remco Eveneepoel accumulait les prouesses (voir par ailleurs). Néanmoins, la cinquième étape du Tour de San Juan s’est révélée être fatale. Sur les pentes arides et venteuses de l’Alto Colorado, Julian Alaphilippe a failli pour plusieurs raisons. Tout d’abord, une erreur tactique place le Français dans une mauvaise posture. Surpris par une attaque précoce du colombien, Winner Anacona, le maillot à pois du dernier Tour de France n’a pu combler son retard au général.
Le Français ne cachait pas sa frustration sur la ligne d’arrivée: « on aurait pu, on aurait dû mettre un coureur avec Anacona. Il serait resté dans sa roue, ça aurait avantagé notre situation pour garder le maillot ». Ensuite, les limites du Français en haute-montagne l’ont empêchées d’intégrer le Top 10 à l’issue de l’étape. Ce désavantage terrible est au contraire une bénédiction pour Winner Anacona. Le vainqueur de l’épreuve notait d’ailleurs: « le fait d’arriver à plus de 2500m m’a avantagé, moi mais aussi Nairo et tous les Sud-Américains ». La victoire finale ne doit cependant pas venir noircir le tableau de Julian Alaphilippe, couronné de deux victoires d’étape, qui continue d’ailleurs sa préparation pour les classiques ardennaises en Colombie.
Evenepoel, déjà taillé pour le grand monde
Il aura été l’attraction de ce Tour de San Juan. Le jeune belge de 19 ans, Remco Evenepoel, tout juste professionnel, a plus que réussi son premier exercice chez les grands. Il avait aidé son coéquipier français à remporter l’étape du barrage de Punta Negra dans un premier temps avant de terminer troisième du contre-la-montre individuel le lendemain, devant des spécialistes bluffés par sa performance. Quatre étapes plus tard, il est le vainqueur du maillot de meilleur jeune du Tour de San Juan en terminant 9e du général (+1’36 sec). Selon l’intéressé « c’était un très bon début. J’ai beaucoup appris pendant ces quelques jours. Je pense avoir prouvé que j’avais déjà ma place chez les grands ». Le doute n’est plus permis, cela va sans dire. D’un autre côté, si l’on suit le « petit cannibale » depuis ses commencements chez les juniors en 2017, il n’est pas étonnant de le voir confirmer chez les professionnels. En effet, Remco Evenepoel est déjà double champion du monde au sein de l’échelon inférieur et détenteur de 14 victoires sur 17 courses en 2018. Vrai motif de réjouissance, le fait de le voir confirmer si tôt ce qui est de bon augure pour le reste de la saison.
Crédits photo à la Une: Mathilde L’Azou