Avec un parcours atypique privilégiant l’Est de la France, le Tour de France 2019 va tenter de retrouver un spectacle qui le fuit depuis longtemps. Pour cela, il a choisi un parcours sélectif pour purs grimpeurs. C’est donc dans l’innovation ou dans le recyclage d’anciens produits que se tourne ASO.
Une première semaine plus mouvementée
Alors que les massifs montagneux offrent des visages renouvelés, la première semaine en profite pour un petit changement également avec une introduction assez tôt de la montagne. Pour les cinquante ans de la première victoire d’Eddy Merckx, le Tour s’élancera donc de Bruxelles pour un Grand Départ qui fera la part belle à la capitale belge. En plus d’une première étape en ligne qui verra normalement un sprinter lever les bras et prendre le premier maillot jaune, le deuxième jour de course se présente sous la forme d’un contre-la-montre par équipes de 27 kilomètres autour de Bruxelles. Cet exercice périlleux ne devrait cependant pas jouer un grand rôle dans l’édition 2019. Dès le lendemain, le peloton arrivera en France après un départ de Binche pour rallier Épernay grâce à quarante derniers kilomètres pour puncheurs et une arrivée au sommet d’une petite côte qui devrait ravir les spécialistes des Ardennaises. La Champagne sera de nouveau à l’honneur lors de la quatrième étape avec un départ de Reims. Les sprinters seront ce jour-là de nouveau sur le devant de la scène pour se disputer un potentiel deuxième bouquet à Nancy.
Dès le premier mercredi, la moyenne montagne et les Vosges arrivent. Saint-Dié-des-Vosges accueillera pour la première fois le Tour qui prendra la direction de Colmar. La côte des Trois-Epis et la côte des Cinq Châteaux, toutes deux inédites, devraient permettre un final mouvementé. Le Saint Graal des Vosges n’arrivera cependant que le lendemain, jeudi 11 juillet, entre Mulhouse et la désormais fameuse Planche des Belles Filles, devenue incontournable lors du passage du Tour dans les Vosges. Ce dessert, dont l’arrivée a été modifiée pour permettre l’emprunt d’une dernière rampe de lancement à 24%, ne sera cependant pas le seul intérêt de cette relativement courte étape de 157 kilomètres. La route utilisée ne sera pas la même qu’en 2014 où Vincenzo Nibali s’était imposé : hormis le col des Chevrères dont la descente mène au pied de la Planche, le Markstein et le Grand Ballon, de retour après quatorze ans d’absence, seront également au programme. Le vendredi 12 juillet sera l’occasion de quitter les Vosges par une étape incertaine où les échappées tenteront de profiter de la fatigue des équipes de sprinters pour s’imposer à Chalon-sur-Saône après un départ de Belfort. Il sera alors temps de se diriger vers le Massif central via les monts du Lyonnais et du Beaujolais, un moyen de transition efficace. Contrairement à 2014 où Alexander Kristoff s’était imposé à côté du Zénith de Saint-Etienne, les sprinters auront bien du mal à résister au parcours accidenté de cette huitième étape. Le jour de la fête nationale, au départ de Saint-Etienne, le peloton rentrera dans le Massif central avec une arrivée à Brioude, ville natale de Romain Bardet. Si l’inédit mur d’Aurec-sur-Loire est placé dans la première moitié de l’étape, le parcours sera suffisamment accidenté pour permettre aux baroudeurs de tirer leur épingle du jeu.
En route vers les Pyrénées
La deuxième semaine sera entièrement consacrée au sud de la France et notamment les Pyrénées. Les sprinters auront, avant la journée de repos, la possibilité de se disputer un nouveau bouquet à Albi après un départ de Saint-Flour où Thomas Voeckler avait pris le jaune en 2011. Les sprinters seront également de sortie à Toulouse avant de voir leurs chances s’amenuiser par la suite. L’entrée dans les Pyrénées se fera en douceur et classiquement avec le col de Peyresourde et la Hourquette d’Ancizan avant de plonger sur Bagnères-de-Bigorre. Le gros morceau pyrénéen sera précédé du seul contre-la-montre individuel de cette 106ème édition, un parcours de 27 kilomètres autour de Pau. Une très courte étape de 117 kilomètres suivra avec le col du Soulor et une arrivée au sommet du Tourmalet pour la troisième fois de l’histoire du Tour. Enfin, l’étape plus classique entre Limoux et Foix via le Prat d’Albis offrira néanmoins des ascensions très intéressantes : l’inédit col du Montségur, le Port de Lers, le Mur de Péguère et donc le sinueux Prat d’Albis.
Une troisième semaine pour tutoyer les cieux
Les Alpes seront donc cette année les avocates de cimes très élevées avec pas moins de six sommets à plus de deux mille mètres d’altitude. Elles permettront au peloton de repasser par des endroits peu empruntés par le Tour. Les deux premières étapes seront assez tranquilles pour les coureurs. Un sprint devrait normalement avoir lieu à Nîmes au terme d’une étape autour de la ville qui avait accueilli le Grand Départ de la Vuelta en 2017 et qui sera l’hôtesse de la seconde journée de repos également. C’est par Gap que les coureurs arriveront au pied des Alpes après un départ majestueux du Pont du Gard mais, une fois n’est pas coutume, ils s’attaqueront à la montée de la Sentinelle pour descendre vers Gap. C’est alors que les choses sérieuses commenceront avec un triptyque alpin de toute beauté. Entre Embrun et Valloire, ce sont trois monstres des Alpes qui se dresseront devant les rescapés du peloton : le col de Vars, l’Izoard et le Galibier, tous à plus de deux mille mètres, pour un cadre majestueux.
La longue mais rapide descente vers Valloire ne sera pas à sous-estimer. Douze ans après, le lendemain, Tignes accueillera une arrivée du Tour. Si les difficultés sont assez roulantes, elles seront surtout usantes avec l’Iseran au milieu de l’étape. Après deux jours à tutoyer les plus hauts sommets des Alpes, l’oxygène sera difficile à trouver. Mais il en faudra pour s’attaquer au dernier morceau de ce Tour 2019. Avant de rallier la capitale, la dernière étape offrira aux grimpeurs une dernière chance de renverser la hiérarchie du classement général. Le Cormet de Roseland sera un apéritif avant l’interminable ascension de 36 kilomètres vers la station de Val Thorens, dernière ascension de la 106ème Grande Boucle qui avait été empruntée pour la dernière fois en 1994. Les grimpeurs attendront donc les Alpes avec impatience. C’est dans ce massif montagneux, et malgré la diversité des massifs représentés, que tout devrait se jouer.
Le 106ème Tour de France sera ainsi l’occasion de voir de belles innovations au niveau du parcours. Christian Prudhomme souhaite maintenant dynamiser la course en modifiant certaines règles, l’interdiction des capteurs de puissance semble désormais être son principal combat.
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