Le Tour de France arrive aujourd’hui dans les Pyrénées et le massif franco-espagnol met fin à la première semaine, habituellement réservée aux sprinteurs. Trois porteurs du maillot jaune et quatre vainqueurs d’étape se sont mis en avant durant les six premiers jours de course, pas aussi passionnant que le début de Grande Boucle de l’an passé mais déjà riche ne enseignements.
Cavendish redevenu roi
Il était loin d’être le grand favori des arrivées au sprint, pourtant Mark Cavendish est apparu de loin comme le sprinteur le plus rapide du peloton. Il a devancé ses adversaires en vitesse pure à trois reprises pour porter son total de victoires sur le Tour à 29. Soit une de mieux que Bernard Hinault pour devenir deuxième au nombre d’étapes à cinq longueurs du Cannibale Eddy Merckx. Ces dernières années n’avaient pourtant pas souries au leader de la Dimension Data, apparu en retrait sur sa course de cœur en juillet comme le reste de la saison.
Son immense déception à Harrogate, où il avait dû abandonner sur chute dans un sprint au coude à coude avec Marcel Kittel, dans ses rues d’enfance, a été vécue comme un échec cuisant. Mais ce premier maillot jaune de sa carrière il est allé le chercher sur les plages du débarquement,à Utah Beach samedi dernier. Le début d’une série l’amenant à nouveau au statut de grand patron des sprints. Seul Marcel Kittel a pu le devancer mardi dans un sprint en faux plat montant qui ne correspond pas au mieux au double kick du Britannique, mais l’Allemand ne se montre pas aussi dominateur que par le passé.
Sagan et Van Avermaet sur un air de classiques
Dès le deuxième jour en arrivée difficile était programmée. Taillée sur mesure pour Peter Sagan, le champion du monde n’a pas failli et a devancé Julian Alaphilippe au terme d’un sprint géré à la perfection. Il en a profité pour ravir le maillot jaune à Cavendish et porter lui aussi la précieuse tunique pour la première fois de sa carrière. Il en aura bénéficié trois jours, et c’est un autre spécialiste des classiques qui lui a pris mercredi.
Sur une étape très accidentée dans le massif central, avec de rudes cols qui avantageaient plus les grimpeurs que les puncheurs, Van Avermaet a pris la poudre d’escampette. Dans l’échappée matinale de 9, il se retrouve dans un coup à 3 sorti à 120 km de l’arrivée. Il prend le meilleur sur De Gendt et Grivko pour partir seul à 17 kms de l’arrivée et arrive en solitaire au Lioran avec cinq minutes d’avance sur un groupe de favoris, où tous étaient présents sauf un. Un double vainqueur espagnol bien connu de tous.
Contador en difficulté
Il y a eu très peu de chutes sur cette première semaine. Mais Alberto Contador est quand même tombé deux fois, sur les deux premières étapes. Touché sur le côté droit, il a perdu du temps à chaque fois que la route s’élevait dans le final. Il pointe à 1’22 des Quintana et Froome, retard qu’il lui sera difficile de rattraper même si le plus dur reste à venir et que les écarts devraient être importants d’ici à Paris. Richie Porte a lui perdu plus de temps qu’El Pistolero mais sur crevaison. Dans le final de l’arrivée à Cherbourg, il perce à 4 kms de la ligne et ne pu bénéficier de la règle des trois kilomètres qui l’aurait classé dans le même temps que ses adversaires. Mais son état de forme est bon et il est régulièrement aperçu en tête de peloton.
Quintana et Froome apparaissent particulièrement en forme. Toujours placé avec leur équipe respective aux avants-poste, les Movistar ont même fortement accéléré et pris les choses en main dans la traversée du Massif Central. Preuve que leur leader colombien veut plus que jamais gagner cette Grande Boucle et que tous ses coéquipiers, Valverde y compris, sont prêt à tout donner.

Julian Alaphilippe avec le maillot blanc lors de ce Tour de France 2016. (Photo: Getty Images/Chris Graythen)
Et les français alors ?
Mais qu’on fait les français jusqu’à présent sur leur Tour national ? Dès le deuxième jour, c’est le nouveau venu sur le grande kermesse de juillet qui a impressionné. Julian Alaphilippe est arrivé juste derrière Sagan dans un final à sa convenance. Maillot blanc depuis ce jour-là, il aurait pu rêver au jaune mercredi si le scénario de course avait été différent. Bryan Coquard était lui la seule chance française du sprint, après le non-départ de Nacer Bouhanni. Il a très bien tenu tête aux meilleurs, allant chercher une troisième place lors de la troisième étape mais surtout une deuxième place le lendemain, battu par Kittel pour seulement 28 millimètres. Sur une étape longue de 237 kms.
Les leaders tricolores pour le général gèrent pour le moment très bien. Bardet, Barguil et Rolland courent très bien, régulièrement placés devant, et dans le tempo dès que la route s’élève. Le leader d’Ag2r a même tenté quelque chose dans le final mercredi, sans toutefois réussir à lâcher ses adversaires. Thibaut Pinot a lui perdu 11 secondes sur une cassure dimanche, et s’est trouvé en queue de groupe mercredi. Rien d’inquiétant pour l’instant mais celui qui représentait la plus belle chance française en ce début de Tour court à l’arrière du peloton, ce qui n’est pas une place pour un coureur ayant ses ambitions. Cela ne lui a pas été préjudiciable mais attention. Il paraît presque se désintéresser de la course. Mais nul doute qu’il se réjouit de l’arrivée de la montagne, et la façon dont il a suivi l’accélération sur le cinquième étape a été rassurante. Il est prêt à aller chercher un podium.
Photo à la une: AFP/Jeff Pachoud