La première semaine leur est habituellement réservée, mais cette année les sprinteurs ont un bonus. Comme il y a deux ans en Angleterre et trois en Corse, la première étape est plate comme la main et le premier maillot jaune semble promis à un homme rapide.
La passe de trois pour Kittel ?
Marcel Kittel a déjà porté deux fois le maillot jaune, à chaque fois dans la même situation. Première des vingt-et-une étapes, arrivée au sprint et victoire devant tous ses adversaires. Que cela se soit passé en 2013 ou en 2014, le grand blond perdait sa précieuse tunique dès le lendemain mais était toujours parvenu à enchaîner avec d’autres premières places les jours suivants. A court de forme l’an passé, l’Allemand est revenu au top depuis le début de la saison. Son intégration dans sa nouvelle formation Etixx-Quick Step s’est très bien passée comme en attestent ses neuf succès depuis février, dont deux sur le dernier Giro. Il a toutes ses chances pour dominer à nouveau les autres sprinteurs cette année.
Deux sérieux adversaires
Son plus dangereux rival pourrait être son compatriote André Greipel. Ultra dominateur en 2015 avec quatre victoires, il n’avait laissé que des miettes aux sprinteurs. Il a été plus long à se mettre en marche cette année, mais après avoir levé trois fois les bras sur le Tour d’Italie il a clairement montré qu’il faudrait encore compter avec lui cette année. Le gorille a de plus devancé Kittel sur le dernier championnat d’Allemagne, ce qui pourrait lui donner un avantage psychologique, tellement important chez les hommes des derniers hectomètres.
La champion du Monde Peter Sagan a franchi un nouveau palier cette saison en gagnant son premier monument, le Tour des Flandres, en avril dernier. Il est de plus en plus serein et le maillot irisé, souvent associé à une malédiction, lui donne plutôt des ailes. Moins rapide que les deux allemands, il pourrait tirer son épingle du jeu sur des étapes plus vallonnées ou avec des arrivées montantes. Celle de Cherbourg le deuxième jour lui va d’ailleurs très bien. Le slovaque est à nouveau le grand favori à sa propre succession pour la maillot vert. S’il le ramène à Paris, ce serait son cinquième et le record d’Erik Zabel tiendrait encore de peu.
En retrait mais à surveiller
Mark Cavendish a tant dominé les sprints sur la Grande Boucle qu’il fait forcément parti de la liste. Cependant le natif de l’île de Man ne parvient plus à s’imposer face à une grosse concurrence. Son dernier succès au niveau World Tour remonte à 2015, sur… le Tour de France. C’est sa course de cœur, et il aimerait bien faire passer son total de victoires au-delà de 26. Une motivation supplémentaire qui ne lui sera pas de trop. Le Norvégien Alexander Kristoff, après deux belles saisons, est plus en difficulté sur les arrivées groupées cette saison. Parti sans victoire l’an dernier, il semble manquer d’explosivité dans les derniers mètres. L’équipe Katusha va lui faire à nouveau confiance et il pourra compter sur un train efficace. Reste à savoir s’il sera assez costaud.

Peter Sagan et Alexander Kristoff lors du Tour de Californie. (Getty Images)
Michael Matthews ne devrait pas gagner de sprint massif sur ce Tour de France. Avec un profil à la Sagan, il n’est cependant pas à exclure de la liste des candidats et pourrait être le concurrent principal du Slovaque pour le maillot vert. Mais avec une seule victoire cette année sur Paris-Nice, il n’a pas confirmé cette saison l’énorme potentiel dont il bénéficie. On ne sait qu’attendre de John Degenkolb. Blessé dans le terrible accident ayant touché une bonne partie de l’équipe Giant, le troisième Allemand sprinteur aura du mal à vaincre ses adversaires. Il n’est pas sûr de sa forme et n’a pas de références cette année. Il a d’ailleurs toujours échoué sur la Grande Boucle et tentera d’aller chercher un premier bouquet. Avec enfin un statut de sprinteur unique dans son équipe, il pourrait y parvenir sur un parcours long et difficile dans le final. La quatrième étape en direction de Limoges ?
Les possibles surprises
Dylan Groenewegen est la nouvelle étoile montante du sprint. Récent champion des Pays-Bas, il étrennera son nouveau maillot pour sa première participation au Tour. A 23 ans, le coureur aux sept succès cette saison paraît en mesure de lutter avec les meilleurs. Mais de là à les devancer, il lui reste une marche importante à franchir, lui qui n’a jamais remporté d’étapes au plus haut niveau et a rarement devancé les ténors des derniers mètres. Sam Bennett est du même calibre que le hollandais. Cet irlandais qui court pour l’équipe allemande Bora-Argon 18 apparaît régulièrement dans le top 5 des sprints auquel il participe. Une régularité qui pourrait lui permettre d’accrocher une belle place en première semaine.
Bryan Coquard est le seul français de la liste après le forfait de Nacer Bouhanni. S’il est leader du peloton au nombre de victoires cette saison, il n’a encore jamais gagné de course en World Tour. Sa deuxième place sur les Champs-Elysées en 2015 lui a donné la confiance nécessaire pour progresser un peu plus cet hiver et le leader de Direct Energie est à son meilleur niveau depuis le début de sa carrière. Il a annoncé vouloir s’imposer dès dimanche à Cherbourg. Enfin une victoire devant les grands du sprint ?
Photo à la une: Getty Images