Dans une course à couper le souffle, le Belge Tiesj Benoot (Lotto-Soudal) s’est imposé au nez et à la barbe de tous les favoris. Le Français Romain Bardet (AG2R-La Mondiale) et le Belge Wout van Aert (Verandas Willems-Crelan) complètent le podium de ces Strade Bianche.
C’est pour ce genre de course, nichée en plein cœur d’une Italie façonnée par ses routes blanches et grasses prémices du petit printemps, que le public vibre. « C’est du pur cyclisme« , expliquait Romain Bardet, les pupilles encore pleines de terre, sur la ligne d’arrivée. Une classique qui, en l’espace de seulement douze éditions, s’est imposée sur le calendrier international. Désormais épreuve phare du WorldTour, la compétition réunit chaque année le gratin mondial des puncheurs. Outre Michal Kwiatkowski (Sky) sacré l’an passé, des gros calibres tels que le triple champion du monde Peter Sagan (Bora-Hansgrohe), le champion olympique Greg Van Avermaet (BMC Racing Team) ou encore le remarqué et remarquable Alejandro Valverde (Movistar) avaient fait acte de présence. En d’autres termes, les tifosi en ont eu pour leur passion.
Un enterrement de première classe
Rapidement, comme sur toutes les classiques accidentées dont cette période de l’année regorge tant, les hommes forts se sont regroupés à l’avant. Avec une élimination par l’arrière rapide, le titre ne pouvait que revenir au coureur en forme, celui qui fera parler ses qualités intrinsèques en sus de sa fraîcheur. Et cet homme ne pouvait pas être Peter Sagan. Venu en terres italiennes avec l’ambition affirmée de décrocher son premier titre sur les Strade Bianche, le Slovaque n’avait pas ce dimanche une jambe de plus que les autres, comme à l’accoutumée. Et pour cause: il semblait bel et bien en avoir une en moins, débordé de toutes parts dans le final malgré la présence de trois de ses coéquipiers (Daniel Oss, Marcus Burghardt et Gregor Mühlberger). Son stage en altitude dans la Sierra Nevada espagnole ces derniers jours a sans doute été la cause de sa méforme.
Après sa chute le 1er juillet dernier sur le contre-la-montre d’ouverture du Tour 2017, le retour en 2018 d’Alejandro Valverde (Movistar) posait de facto question. Mais au regard de ses résultats sur le Tour de Valence (victoires sur deux étapes et le classement général) pour sa reprise ou encore sur le Tour d’Abu Dhabi (étape reine et classement général), « Balaverde » s’avançait lui en homme fort ce dimanche. Pour ne pas dire le plus en forme. En terminant au pied du podium, piètre performance pour un coureur de ce calibre, Valverde savait sur la ligne d’arrivée qu’il s’était trop découvert dans un des secteurs accidentés, placé à 47 kilomètres de l’arrivée. En démontrant sa supériorité lorsqu’il s’était placé en tête du groupe de favoris, ses adversaires ont pris peur. Et n’ont plus collaboré.
Bardet et Wout van Aert, les dynamiteurs
En profitant de la temporisation du groupe de tête, le Français Romain Bardet (AG2R-La Mondiale) n’a pas hésité: une courte descente lui offrait la possibilité, de part ses talent de descendeur, de prendre de l’avance. Rejoint rapidement par le triple champion du monde de cyclo-cross Wout van Aert (Verandas Willems-Crelan), ils ont vu par la suite Tiesj Benoot (Lotto-Soudal) recoller. Et c’est bel et bien ce dernier, qui, grâce à une terrible banderille placée à une quinzaine de kilomètres de l’arrivée, qui s’est imposé. Derrière, au classement, pour leurs premières participations: l’Auvergnat s’offrait une deuxième place méritée, alors que le jeune (23 ans seulement) et talentueux Wout van Aert accrochait la troisième place. Et l’essentiel est bien là: le podium est celui de ceux qui ont osé. Bardet pour avoir osé attaquer un groupe de favoris loin de la ligne, Wout van Aert pour avoir osé prendre le sillage du français malgré son manque d’expérience à ce niveau, et bien sûr Tiesj Benoot pour avoir osé briser sa malédiction. Une malédiction de classicman bourré de talent, passé professionnel dès ses 19 ans, incapable de passer un cap: celui de gagner. À 23 ans (24 le week-end prochain), il s’offre sa première victoire professionnelle et pas des moindres: celle sur la plus belle des classiques, celle du « pur cyclisme« .
Crédits photo à la Une: Jérémy-Günther-Heinz Jähnick