Le Tour de France 2016 s’est achevé ce dimanche sur la traditionnelle étape des Champs-Élysées. Si Romain Bardet a eu le mérite d’accrocher une deuxième place au général pour sauver l’honneur tricolore, la machine Sky et son leader, Chris Froome, ont encore une fois remporté la mise en cadenassant la course. Décryptage d’un Tour 2016 pauvre et sans suspens.
Faut-il s’inquiéter pour l’avenir du Tour de France ? Si l’édition 2015 avait été relativement ennuyeuse, celle de 2016 a sans doute remporté la palme de la plus redondante de l’histoire. Pourtant, avant le début de la compétition, la jeune garde française emmenée notamment par Thibaut Pinot et Romain Bardet nous avait offert un sacré bol d’optimisme avec leurs belles performances en début de saison. Malgré les attentes, le leader de l’équipe FDJ a complètement raté son Tour 2016 abandonnant à l’issue de la 13e étape, malade, alors même qu’il avait remporté une belle étape sur le Critérium du Dauphiné (qui reste la meilleure préparation avant le Tour de France), et qui s’était hissé dauphin de Nairo Quintana lors du classement final du Tour de Romandie cette saison. Autant le dire: heureusement que le jeune français Romain Bardet (25 ans, leader de l’équipe AG2R La Mondiale) a répondu présent en s’adjugeant un très beau podium à Paris, tandis que sa magnifique performance à Saint-Gervais Mont Blanc – lors de la 19e étape – a offert au public la seule victoire française en ce mois de juillet. Mais au fait, pourquoi ce Tour 2016 a été aussi catastrophique ? Éléments de réponse.
Un parcours 2016 (trop) banal
Le manque de spectacle occasionné par cette 103e édition du Tour de France a avant tout été dû aux défaillances des cadors (abandon d’Alberto Contador, absences de Nairo Quintana et Fabio Aru…). Mais il convient aussi de rappeler que le parcours de ce Tour a été (très) décevant. En effet, aucun secteur pavés à se mettre sous la dent, ni même un petit contre-la-montre par équipes… En fait, le Tour de France 2016 a fait enchainer aux coureurs quelques étapes montagneuses favorables aux échappées de grimpeurs, quelques étapes de plat pour sprinteurs et baroudeurs, et deux contre-la-montre individuels ascensionnels. Par conséquent, aucune étape où les coureurs peuvent tout gagner, ou à l’inverse tout perdre, n’a été programmée en 2016. On peut donc d’ores et déjà le dire: le maillot jaune et son équipe – pour ne pas dire Chris Froome et la Sky – auront été avantagés avant même le début de l’épreuve.
Une formation Sky (trop) écrasante
La défaillance de certains prétendants au titre (voir ci-dessous) s’explique, certes, par leur préparation visiblement ratée, mais aussi et surtout par le train imposé par l’équipe britannique. En effet, comme l’an passé et pressentie cette saison, l’hégémonie de l’équipe de Chris Froome a perduré. « Certains coéquipiers de Froome pourraient être leaders dans d’autres écuries » nous confiait récemment Steve Chainel (ex-cycliste professionnel et consultant pour la chaîne Eurosport) dans une interview. Et pour cause: avec des Landa, Poels, Stannard, ou encore Thomas à ses côtés, on voit mal comment le kenyan blanc aurait pu exploser. Aussi, lors de la 12e étape, le tenant du titre avait été touché par une moto. Son vélo cassé, il fut contraint de courir quelques hectomètres sur les pentes du Mont Ventoux afin de récupérer une autre machine. A l’arrivée, il concède une minute trente à ses rivaux, et perd donc – en théorie – son maillot jaune au profit du jeune Adam Yates. Mais les commissaires décideront finalement d’arrêter les chronos lors de la chute de Froome. Il gardera donc son maillot jaune et ne le quittera plus. Par ailleurs, quand il semblait atteint physiquement et mentalement (notamment après sa chute lors de la 17e étape), son talent – et le sacrifice de ses équipiers – ont réussi à lui faire finir l’étape sans trop de retard à l’arrivée. Intouchable, c’est le mot.
La (trop grande) défaillance des cadors
Une fois la formation Sky lancée, on l’arrête plus. Il est vrai que le rythme imposé par l’équipe de Dave Brailsford était impressionnant afin de propulser son leader sur la première place du podium, au détriment de ses rivaux. La course était alors cadenassée, et les attaques sur la majeure partie des étapes étaient alors rendues complexes. Mais il n’empêche que certaines offensives – comme celle de Romain Bardet lui offrant la victoire sur la 17e étape – auraient pu être mises en place. Par ailleurs, la stratégie de l’équipe Movistar était indescriptible: Nairo Quintana, ayant quelques dizaines de secondes de retard sur Froome au milieu de la compéition, avait affirmé « avoir mis en place une stratégie pour le (NDLR: Froome) battre dans les Alpes« . Pourtant, le coureur colombien n’a pas attaqué une seule fois alors même qu’Alejandro Valverde l’a tracté de nombreuses fois en avant du peloton… Parallèlement, la stratégie de l’équipe Astana est aussi très confuse: Fabio Aru leader, et ayant à ses côtés un certain Vincenzo Nibali, a fait rouler durant de nombreuses étapes son équipe en tête du peloton, juste devant l’équipe Sky. Mais à quoi cela a-t-il servi alors qu’il n’a jamais rien tenté ? Indescriptibles, comme les stratégies des équipes concurrentes de la Sky.
En conclusion, le Tour de France 2016 a été ennuyeux pour les spectateurs et téléspectateurs. Espérons donc que Christian Prudhomme, et ASO, concocteront un plus beau parcours pour l’édition 2017 du plus grand évènement cycliste de l’année.
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