Dans un contexte plombé par le coronavirus Covid-19, Maximilian Schachmann a remporté le classement général de Paris-Nice 2020. Les coureurs français ont, de leur côté, été au rendez-vous. Bilan.
Nous venons sûrement de vivre la dernière course cycliste avant un long moment. Coronavirus oblige, la septième et dernière étape niçoise a été annulée faisant de la Colmiane le juge de paix de cette Course au soleil 2020. Ajouté à cela l’annulation des courses belges jusqu’au 4 avril, le report du Giro, l’annulation du Tour de Catalogne et c’est tout le calendrier professionnel printanier qui passe à la trappe. Alors les suiveurs ont suivi avec assiduité cet ultime affrontement sur Paris-Nice, riche en émotions.
Les bordures ont dessiné la hiérarchie de la course
C’est la norme sur Paris-Nice. Quitter la grisaille de l’île-de-France pour conquérir le soleil du sud implique de subir la furia du vent. Cette 78e édition n’a pas dérogé à la règle. Les deux premières étapes furent pleines de rebondissements malgré des profils relativement plats. Remportées respectivement par Maximilian Schachmann, futur vainqueur de l’épreuve, et Giacomo Nizzolo, les enseignements étaient plus à tirer à l’arrière de la course.
Les coups de bordure en fin d’étapes laissaient ainsi entrevoir une hiérarchie entre les favoris. Si Thibaut Pinot parvenait à rester dans le bon wagon, il se laissait détacher sur la seconde étape entre Chevreuse et Chalette-sur-Loing, visiblement à bout de force. Pointant alors à 30 secondes du leader Schachmann, le Franc-Comtois n’était pas le plus à plaindre. Waren Barguil et Romain Bardet furent les premières victimes du vent. Dès la première étape, les deux coureurs tombèrent dans un rond-point rendu glissant par la pluie. Ils purent repartir, non sans mal. S’en était toutefois fini du classement général pour Bardet et… de Paris-Nice pour Barguil. Accusé par les commissaires de course d’avoir regagné le peloton avec l’aspiration de la voiture de son directeur sportif, il fut mis hors-course. Un dénouement qui n’est pas sans rappeler celui de l’édition précédente, où, victime d’une lourde chute, il fut contraint à l’abandon.
Schachmann a dominé puis résisté
Julian Alaphilippe a connu bien des malheurs lui-aussi. Il fut victime d’une crevaison juste avant les bordures de la deuxième étape alors qu’il était bien placé et abandonna toute ambition au classement général. Mi-surprise de ce début de Paris-Nice: Sergio Higuita. Vainqueur du Tour de Colombie et petit gabarit, il a toujours su rester aux avants postes pour éviter les coups de bordure. Il termine 3e du général.
Lors du contre-la-montre de 15 km autour de Saint-Amand-Montrond, 4ee étape, remporté par Soren Kragh, Maximilian Schachmann en profita pour asseoir sa domination. Deuxième à l’issue de l’épreuve chronométrée, il reprenait 30 secondes à Julian Alaphilippe et Tiej Benoot, 40 à Sergio Higuita, 44 à Thibaut Pinot ou encore 45 à Nairo Quintana. Avec ce contre-la-montre vallonné, l’Allemand frappait un grand coup et nous rappelait le rouleur qu’il a toujours été, lui qui a multiplié les excellents résultats chez les juniors puis chez les professionnels lors des efforts en solitaire. Il a ensuite résisté et contrôlé la course face à Tiesj Benoot. Le classicman belge a été le seul à vraiment l’inquiéter lors de l’ultime étape de la Colmiane. Il termine Paris-Nice 2e à 18 secondes de Maximilian Schachmann.
Une forme tricolore ascendante sans lendemain
Les deux dernières étapes furent marquées par des actions françaises. Romain Bardet, Julian Alaphilippe, Thibaut Pinot et Guillaume Martin ne manquèrent pas d’attaquer le leader à plusieurs reprises. Le point positif de Paris-Nice 2020 aura été de parfaire la forme de chacun. Tous déçus par leur première partie de saison et en manque de sensations, ils ont fini l’épreuve satisfaits même si les places ne reflètent pas leur forme du moment. Thibaut Pinot, 5e à 1’24 du leader, est le Français le mieux classé. C’est aussi celui qui a su dompter les bordures en début de Paris-Nice. La cicatrice du Tour de France semble être refermée. Julian Alaphilippe et Romain Bardet pointent respectivement à la 16e (+ 11’00) et 19e (+12’44) places mais n’ont pas manqué de se montrer à l’avant de la course.
Globalement, les Français ont réussi leur Paris-Nice. On compte huit tricolores dans le Top 25 et chacun ont apporté leur pierre à l’édifice de cette 78e Course au soleil. Reste à savoir ce que Romain Bardet va montrer sur les courses italiennes et le Giro, quelle place va décrocher Julian Alaphillippe au Tour des Flandres, son objectif principal de la saison, ou encore comment Thibaut Pinot va parfaire sa forme ascendante sur le Tour de Catalogne pour triompher coup-sur-coup au Critérium du Dauphiné et sur le Tour 2020; si seulement c’était vrai… En effet, ce Paris-Nice 2020 ne constitue qu’une parenthèse éphémère: le monde du cyclisme entre désormais dans une période incertaine, façonnée par l’épidémie de coronavirus Covid-19 qui affecte le monde entier.
Crédits photo à la Une: StateofIsrael Massimo Paolone – LaPresse