Toujours en fin tacticien, Julian Alaphilippe a triomphé sur la Via Roma de San Remo où il remporte son premier monument. Désormais sur le toit du cyclisme mondial, le Français s’avance en maître pour le reste de la saison.
Une course léthargique puis vient l’étincelle
C’est Julian Alaphilippe qui est venu réveiller tout ce joli monde dans la montée du Poggio, enflammant le scénario d’une course jusque-là ennuyeuse. Il faut dire que les contours de cette 110e Primavera étaient encore flous au moment d’aborder la Cipressa, à 22 km de l’arrivée. Dans la descente de cette avant dernière difficulté, Nicolo Binifazio (Direct-Energie) filait à toute allure pour creuser un écart de 22 secondes sur le peloton. Avance qu’il conserva en partie jusqu’aux premières pentes du Poggio. C’est alors que, dans ce qui fut souvent par le passé le juge de paix de Milan-San Remo, les coureurs de la Deceuninck-Quick Step, Zdenek Stybar et Philippe Gilbert, se mirent à rouler à une telle allure que personne ne put changer de rythme et porter une attaque saignante.
A 7 km du but, les coéquipiers de Julian Alaphilippe s’écartent, permettant à Simon Clarke (EF-Education First) d’initier les hostilités. Le Français contre l’Australien tandis que Peter Sagan ramène sur lui un groupe de 6 coureurs. Ils étaient donc sept à l’avant au sein d’un groupe dans lequel figurait le champion du monde Alejandro Valverde ou encore Michal Kwiatkowski. Tous se regardaient, se jaugeaient en vue du sprint qui les attendaient. L’emballage final fut lancé par le Slovène Matej Mohoric; Julian Alaphilippe prend sa roue, produit son ultime effort, qui lui permet de résister à la meute lancée à ses trousses. En digne successeur d’Arnaud Démare, dernier tricolore vainqueur de la Classicissima en 2016, Julian Alaphilippe remporte son premier monument.
Alaphilippe entre dans un gotha fermé
Il lui manquait ce monument pour devenir grand et estimable aux yeux de ses concurrents, pour ainsi enlever l’étiquette de garçon capricieux; il est désormais capable de voler des étapes de plaine aux sprinteurs spécialistes, des contre-la-montres aux rouleurs. Julian Alaphilippe remporte donc son premier monument devant Peter Sagan, Michal Kwiatkowski et Alejandro Valverde, tous trois spécialistes des classiques. Les deux premiers lui avaient laisser une troisième place sur la même Via Roma, deux ans plus tôt, et c’est avec ironie que Julian leur a laissé des miettes ce samedi.
Outre cette magnifique victoire, Julian Alaphilippe vient d’amplifier son total de succès en cette année 2019. Au même moment la saison dernière, après 20 jours de course, « Loulou » totalisait seulement une victoire mais finissait avec 12 épreuves remportées. Même chose en 2017. En termes de victoires totales en 2019, il est en haut du classement mondial devançant Alexey Lutsenko (5 unités). Et il semble bien en mesure de maintenir ce rythme infernal jusqu’à la fin de la saison.
Crédits photo à la Une: Geof Sheppard