Malgré l’absence des cadors du peloton, présents sur les routes alpestres du Dauphiné, le Tour de Suisse a livré une course palpitante et pleine de changements de leader. Pas moins de sept coureurs ont porté le maillot jaune en neuf jours, mais c’est le jeune colombien Miguel Angel Lopez (Astana) qui s’est montré le plus régulier pour remporter la première grande victoire de sa carrière.
La course helvète est la plus longue de la saison derrière les trois Grands Tours. Le schéma de cette année est classique avec un prologue, trois étapes de plaine, puis quatre de montagnes. Et afin de sacrer un coureur complet, un contre-la-montre a été intégré l’avant-dernier jour. Pour sa dernière saison dans le peloton professionnel, Fabian Cancellara (Trek) avait une dernière fois l’occasion de rouler sur ses terres. Il n’a pas manqué sa sortie puisqu’il gagne le prologue pour une poignée de centièmes devant Jurgen Roelandts (Lotto Soudal).
Ces dernières années, Peter Sagan (Tinkoff) était son grand challenger sur les flandriennes. Le champion du monde a lui aussi répondu présent cette semaine. Il règle le sprint le premier jour avant de s’imposer le lendemain avec la manière. Il fait exploser tout le monde dans une bosse à dix bornes du but, rattrape les coureurs échappés, roule quasiment seul dans les derniers kilomètres et se montre le plus rapide à l’approche de la ligne. Une performance qui lui permet de prendre le maillot de leader mais il sait que la montagne à venir ne lui donne aucun espoir au général.
Du suspens en altitude
En proposant trois arrivées au sommet consécutives, les organisateurs ont souhaité durcir au maximum le parcours. Avec des coureurs au niveau très proche, le spectacle a même été au rendez-vous. Poursuivis par une météo exécrable durant les neuf jours de course, les leaders ont osé attaquer mais aucun ne s’est réellement détaché du lot. Barguil (Giant Alpecin), Kelderman (Lotto NL Jumbo) puis Van Garderen (BMC) se sont successivement montrés les plus forts mais ils ont tous connu un jour de moins bien. Le français, porteur du maillot jaune après la septième étape, n’a rien pu faire le samedi sur ce qui reste son gros point faible, le contre-la-montre. Il limite la casse mais perd tout de même près d’une minute sur Ion Izagirre (Movistar), meilleur rouleur des favoris. Miguel Angel Lopez, vainqueur du Tour de l’Avenir en 2014 et grand espoir en Colombie, a lui su en profiter. Régulier en montagne et auteur d’un excellent chrono, il a parfaitement contenu ses adversaires sur la dernière journée, raccourcie à une cinquantaine de kilomètres à cause du mauvais temps. Premier colombien vainqueur du Tour de Suisse, il ne sera pas sur le Tour mais devrait participer à la Vuelta en septembre, son premier Grand Tour.
De nombreuses confirmations…
Sur cette semaine les belles performances ont été nombreuses. Commençons par Pierre Latour (AG2R La Mondiale) qui a porté le maillot de leader une journée après la première étape de montagne et une belle troisième place obtenue en distançant les plus costauds dans le final. S’il a finalement abandonné, vaincu par une bronchite, les signes sont encourageant pour le jeune français qui devrait lui aussi découvrir les courses de trois semaines avec la prochaine Vuelta. Ion Izagirre a lui montré qu’il pourrait être un appui phare pour Nairo Quintana le mois prochain. Solide rouleur, il a fait mieux que limiter la casse en haute montagne et termine l’épreuve en forme. Pantano (IAM) a lui aussi impressionné. Il a pallié à l’abandon de son leader Matthias Frank et pourrait être un des candidats au maillot à pois.
… et quelques déceptions
Geraint Thomas avait annoncé vouloir gagner le Tour de Suisse et pourquoi pas accompagner Chris Froome sur le podium du Tour. Cela semble aujourd’hui inenvisageable pour le Gallois qui a montré de réelles limites en montagne et devrait réintégrer sans bruit le train de la Sky pendant trois semaines. S’il y en a un qui avait tout à perdre cette semaine c’était Tejay Van Garderen. Il sera co-leader avec Richie Porte en France mais ce dernier ayant marqué des points au Dauphiné, l’américain n’avait guère d’autres choix que de gagner. Une défaillance en montagne, comme bien souvent cela lui arrive, l’a rejeté assez loin au général mais il a tout de même pu rebondir en enlevant une étape. Il devrait toujours pouvoir jouer sa carte personnelle sur le Tour.
Ce Tour de Suisse aura finalement su nous tenir en haleine jusque dans les dernières minutes lorsque Barguil a assuré la troisième place sur le podium au terme d’une descente effrénée. Ce qui lui offre le meilleur résultat de sa carrière sur une course à étapes, de bonne augure la grande kermesse de juillet.
Vainqueurs d’étape
Prologue : Fabian Cancellara (SUI/Trek)
Etape 1 : Peter Sagan (SVQ/Tinkoff)
Etape 2 : Peter Sagan (SVQ/Tinkoff)
Etape 3 : Ariel Richeze (ARG/Etixx Quick Step)
Etape 4 : Darwin Atapuma (COL/BMC)
Etape 5 : Pieter Weening (HOL/Roompot)
Etape 6 : Tejay Van Garderen (USA/BMC)
Etape 7 : Ion Izagirre (ESP/Movistar)
Etape 8 : Jarlinson Pantano (COL/IAM)
Classement général final
1) Miguel Angel Lopez (COL/Astana)
2) Ion Izagirre (ESP/Movistar)
3) Warren Barguil (FRA/Giant Alpecin)
4) Jarlinson Pantano (COL/IAM)
5) Andrew Talansky (USA/Cannondale)
6) Tejay Van Garderen (USA/BMC)
7) Rui Costa (POR/Lampre)
8) Wilco Kelderman (Lotto NL Jumbo)
9) Simon Spilak (SVQ/Katusha)
10) Sergei Chernetckii (RUS/Katusha)
Photo à la une: FOX Sports