A 26 ans et à la veille de Milan-San Remo, Mathieu van der Poel se retrouve à un carrefour de sa carrière. Le profil polyvalent du Néerlandais lui offre la possibilité de jouer sur plusieurs tableaux. Avec, dans le coin de sa tête, l’idée de jongler également entre les disciplines. Dossier.
La route mais pas que
Mathieu van der Poel était tout juste sacré quadruple champion du monde de cyclo-cross à Ostende le 31 janvier dernier qu’il devait déjà se concentrer sur sa saison sur le bitume, sa troisième véritablement chez les professionnels. Il ne lui a pas fallu plus de temps cependant pour entrer dans la légende du cyclisme sur route en prenant deux titres nationaux, l’Amstel Gold Race et une médaille d’argent aux Mondiaux en 2019 et bien évidemment son premier Monument, le Tour des Flandres, en 2020.
Alors qu’il a fêté ses 26 ans il y a tout juste un mois, le petit-fils de Raymond Poulidor et fils d’Adrie van der Poel a décidé de ne pas se spécialiser. La preuve, les JO de Tokyo demeurent un objectif bien défini dans son programme. Mais pas pour la course en ligne sur route. Pour le VTT. Avec la polyvalence qu’il revêt, force est de constater que van der Poel n’a que l’embarras du choix. A son propre détriment ?
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On sait que le coureur d’Alpecin-Fenix n’est pas du genre à calculer. Sa victoire sur les Strade Bianche il y a deux semaines le prouve. Van der Poel ne court pas en fonction des autres, encore moins en fonction de ses qualités. Le talent, il le possède. La lecture de course, il n’en a pas besoin. Son terrain favori ? Cela reste le grand mystère du phénomène. S’il apparaît sans doute moins complet qu’un Wout van Aert, le petit-fils de Poulidor a-t-il pour autant la capacité de résister en montagne ? Pour l’instant, il n’a pas essayé.
Quelle carrière pour van der Poel ?
Avec deux victoires d’étape sur Tirreno-Adriatico, van der Poel est ressorti de la course des deux mers satisfait. Il n’était pas venu chercher autre chose. Son relâchement lors de l’étape reine de l’édition 2021 montre bien que le classement général était loin de sa tête au contraire de Wout van Aert, deuxième du général à 1’03 » de Tadej Pogacar. Mais cela lui a permis d’avoir du jus pour résister au retour du Slovène lors du final intense de la cinquième étape, le lendemain.
#TirrenoAdriatico 🔱 / Cette photo, 🇳🇱 Mathieu van der Poel (AFC) exténué à l’arrivée avec un 🇸🇮 Tadej Pogacar (UAD) dans le fond qui est revenu tout près du champion des Pays-bas.
(📷 : RCS) pic.twitter.com/jHbr7kd1V2
— Renaud Breban (@RenaudB31) March 14, 2021
Chasseur de classiques et surtout de Monuments puis cueilleur de bouquets sur les Grands Tours, voilà un profil qui irait parfaitement à Mathieu van der Poel. Il apparaît peu probable par ailleurs que ce dernier veuille à tout prix viser le classement général d’un Grand Tour. A quoi bon ? La légende du cyclisme ne se résume pas qu’aux courses de trois semaines, loin de là.
Van der Poel, la tête tournée vers les Monuments
Avec déjà un Monument à son actif après deux saisons pleines chez les pros, van der Poel peut très honnêtement avoir l’objectif de viser les cinq. Seul le Tour de Lombardie restera légèrement en dehors de ses radars. Mais sur une course d’un jour, il n’aura aucun mal à résister avec les meilleurs grimpeurs. La question des Grands Tours reste plus légitime pour Wout van Aert qui a montré des qualités intéressantes en montagne et, bien évidemment, sur chrono, comme tout récemment sur Tirreno-Adriatico où il a mis fin à l’incroyable série de Filippo Ganna.
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Dans tous les cas, avec Julian Alaphilippe et Wout van Aert, le Néerlandais fait figure de grand favori de Milan-San Remo ce samedi, l’occasion pour lui de soulever son deuxième Monument. Si les trois compères paraissent intouchables par le reste du peloton, une hiérarchie s’est définie sur les Strade Bianche où van der Poel a écrasé la concurrence, laissant le Français sur place dans la Via Santa Caterina vers la Piazza del Campo de Sienne. Le Poggio est moins raide mais rien ne paraît plus sûr désormais avec Mathieu van der Poel.