Jour-J. Le compte à rebours est arrivé à son terme, marquant ainsi le grand départ du Tour de France 2017. Le troisième événement sportif le plus suivi au monde s’élancera cette année de Düsseldorf. Trois semaines de course attendent les 198 coureurs. Entre l’Allemagne, la Belgique, le Luxembourg et bien sûr la France, les héros de juillet auront 3 540 kilomètres pour se départager avant l’arrivée sur les mythiques Champs-Élysées. À quelques heures du départ, la rédaction d’Au Stade fait le point sur cette 104e édition du Tour qui s’annonce palpitante.
Le Giro fait de l’ombre
Bousculé par le Giro d’Italia, le Tour de France est, sur le papier, dans l’ombre de son voisin italien. Le Grand Tour transalpin, qui fêtait ses cent bougies cette année était tracée sur un parcours alléchant, reprenant les ascensions mythiques, celles qui ont participé à créer son histoire, son mythe. Sur un parcours de légende, nombreux sont les coureurs de renom qui avaient fait de l’épreuve italienne l’objectif n°1 de leur saison, espérant ainsi inscrire leur nom sur le palmarès rose du cyclisme italien. Sur un parcours plus que montagneux, les coureurs ont accumulé beaucoup de fatigue. Difficile alors de se présenter 33 jours après à nouveau sur un Grand Tour, ou d’y espérer y briller. Les non récidivistes sont donc nombreux. Parmi eux, on peut citer Vincenzo Nibali (Bahrain-Merida), Rui Costa (UAE Emirates), Tom Dumoulin (Sunweb), Adam Yates (Orica-Scott), Daniel Teklehaimanot (Dimension-Data) ou encore Ilnur Zakarin (Katusha-Alpecin). Certains, comme Bauke Mollema (Trek-Segafredo), Thibaut Pinot (FDJ) ou Nairo Quintana (Movistar) prendront part à leur deuxième Grand Tour de la saison, mais pourront-ils y jouer les premiers rôles ? Le Giro 2017 a donc influencé indirectement la 104e édition de la Grande Boucle. En effet, la participation au Tour de France n’a pas l’unanimité au sein des leaders du peloton, certains préférant prendre part au centenaire du Giro plutôt que de tout miser sur le Tour.
En plus de l’absence de grands leaders, on peut également noter l’absence de Julian Alaphilippe (Quick Step-Floors) blessé ainsi que Bryan Coquard (Direct-Énergie), Fernando Gaviria (Quick Step-Floors) et Simon Spilak (Katusha-Alpecin) non sélectionnés.
Le Tour 2017, une montagne de plaines
Cinq, c’est le nombre d’étapes de montagne au programme de cette 104e édition du Tour de France. Un Tour qui est donc un des moins montagneux de ce XXIe siècle mais qui devrait être un des plus incertains. En effet, l’avant-dernière étape, un contre-la-montre, devrait être décisive. Sur les 22,5 kilomètres de plat, les écarts entre les favoris devraient fluctuer. Les prétendants au maillot jaune présentant des lacunes dans l’exercice chronométré devront se présenter à Marseille avec une avance confortable, pour espérer rentrer sur les Champ Élysées parés de jaune. Un suspense qui devrait donc se prolonger jusqu’à l’avant-dernière journée. Le spectacle sera également au rendez-vous avec, une étape inédite entre Nantua et Chambéry, une étape spectaculaire entre Pau et Peyragudes, une étape mythique entre La Mûre et Serre Chevalier, une étape grandiose entre Briançon et l’Izoard et enfin avec une avant-dernière étape déterminante à Marseille.
Les favoris défendent leurs couleurs
Les quatre maillots distinctifs du Tour seront courtisés par de nombreux coureurs. Chacun d’eux a les couleurs de sa tunique favorite en ligne de mire. La rédaction d’Au Stade fait le point sur les différents favoris des quatre maillots distinctifs.
La course au maillot jaune
Ce Tour de France est plus que jamais indécis. La bagarre pour la tunique jaune s’annonce serrée, conséquences de l’absence d’un coureur hégémonique et par la forme incertaine des favoris. Le parcours proposé obligera les protagonistes à ne pas se contenter d’une bonne place au classement général mais à tenir à une distance de temps confortable leurs adversaires directes en vue du dernier contre-la-montre. Difficile alors de pronostiquer le futur vainqueur. Décryptage des forces en présence.
Chris Froome, l’incertitude
Les plus: son équipe composée notamment de Geraint Thomas et Sergio Henao, ses qualités dans l’exercice du contre-la-montre
Les moins: sa forme actuelle
Trois fois lauréat du Tour, Chris Froome (Sky) va tenter cette année de se succéder une troisième fois consécutive. Favori de par son palmarès, il n’en est pas moins outsider de par ses derniers résultats. Avec en 2017, une trentième place sur le Tour de Catalogne, une dix-huitième place sur le Tour de Romandie et une quatrième place sur le Critérium du Dauphiné, Chris Froome est loin de ses résultats habituels. En effet, ses trois succès sur le Tour étaient précédés systématiquement d’une victoire sur le Critérium du Dauphiné. L’incertitude plane donc autour du Kenyan blanc qui n’a toujours pas levé les bras en 2017 et qui voit son équipe ébranlée par des affaires de dopage. Difficile alors de pronostiquer la forme du britannique sur les routes de juillet, mais méfiance à ce coureur imprévisible qui a fait du Tour 2017 l’objectif de sa saison.
Nairo Quintana, l’échec d’un double objectif
Les plus: son équipe composée notamment d’Alejandro Valverde, ses qualités de grimpeur
Les moins: la fatigue qui est la conséquence directe d’un Giro difficile, ses lacunes dans l’exercice du contre-la-montre
Les objectifs de Nairo Quintana (Movistar) cette année était claire: le doublé Giro-Tour. Depuis la fin de la saison dernière, il se prépare à enchaîner deux fois trois semaines de courses en moins de trois mois, en visant, sur les deux épreuves, la première place du classement général. Mais après un premier échec sur le Giro d’Italia (2e au classement général), le colombien devra se rattraper sur la Grande Boucle pour sauver sa saison. Une tâche qui s’annonce conséquente. Le colombien se présentera en effet à Düsseldorf fatigué par un Giro plus que difficile. Aura-t-il suffisamment récupéré pour jouer les premiers rôles sur les routes du Tour? Seul l’avenir nous le dira.
Richie Porte, l’homme à battre
Les plus: sa forme actuelle, ses qualités dans l’exercice du contre-la-montre
Les moins: son manque de résultats sur un Grand Tour
Richie Porte (BMC) est en très grande forme avant le Tour. Préparée minutieusement, la Grande Boucle 2017 est l’objectif de sa saison. Ses résultats en début d’année le prouvent, il est dans une très bonne dynamique. Après avoir enlevé le classement général du Tour Down Under et du Tour de Romandie, l’australien a confirmé son très bon état de forme avec une deuxième place sur le Critérium du Dauphiné. Conséquence d’une erreur tactique, il a été battu pour dix petites secondes dans la dernière journée d’une course à étapes qu’il a dominée. En remportant le contre-la-montre de l’épreuve, similaire par la distance à celui du Tour, Richie Porte se montre comme un réel danger pour les pures grimpeurs. Il sera l’homme à surveiller et a distancé avant l’exercice chronométré de Marseille. Le triple vainqueur de l’épreuve Chris Froome (Sky) ne s’y trompe pas et le désigne comme l’homme à battre cette année. Mais une question persiste, l’australien peut-il s’imposer sur une course de trois semaines ? Rien ne l’assure.
Romain Bardet, dans le brouillard
Les plus: ses qualités de grimpeur, une équipe renforcée autour de lui cet hiver
Les moins: sa forme actuelle, ses lacunes dans l’exercice du contre-la-montre
Second du dernier Tour de France, Romain Bardet (AG2R-La Mondiale) représente la plus grande chance de victoire française. Mais en 2017, le français oscille entre bonnes sensations et grandes déconvenues. Avec une timide sixième place sur le dernier Critérium du Dauphiné face à ses adversaires de Juillet, l’Auvergnat n’a su se rassurer. Espérant une grande montée en puissance l’amenant à pic de forme en troisième semaine du Tour, il est à l’heure actuelle dans le brouillard. Son principal adversaire devrait être le dernier contre-la-montre à Marseille. Il faudra s’y présenter avec une avance convenable sur ses adversaires directes, qui sont pour la plupart, beaucoup plus alaise dans l’exercice.
Alberto Contador, le dangereux outsider
Les plus: son expérience, ses qualités dans l’exercice du contre-la-montre
Les moins: sa forme actuelle, son manque de victoire, ses chutes à répétition
Le leader du team Trek-Segafredo a aujourd’hui le statut d’outsider. Loin de ses grandes années, Alberto Contador cherche un renouveau mais ses résultats l’éloignent peu à peu du maillot jaune. Après presque un an sans victoire, el pistolero va se présenter à Düsseldorf plein de défiance. Deuxième du Tour d’Andalousie, deuxième de Paris-Nice, deuxième du Tour de Catalogne, deuxième du Tour du Pays Basque et onzième du dernier Critérium du Dauphiné, cette année Alberto Contador n’a su s’imposer sur les courses à étapes. Il sera néanmoins faire peser son palmarès et son expérience sur la course. L’espagnol devra s’affranchir à la pédale des hommes en forme du moment pour espérer être un réel acteur du Tour. À ses côtés, on retrouvera Bauke Mollema. Le néerlandais se présentera au départ du Tour entamée après sa participation au Giro d’Italia.
Esteban Chaves, l’heure de la consécration ?
Les plus: ses qualités de grimpeur
Les moins: ses lacunes dans l’exercice du contre-la-montre
À 27 ans, Esteban Chaves va prendre aujourd’hui le départ de son premier Tour de France. Il aura la casquette de leader au sein de son équipe Orica-Scott avec laquelle il tentera d’accrocher son premier Grand Tour. Après un podium sur le Giro et la Vuelta 2016, le colombien sera un des grands favoris de Juillet. Mais au vu de ses derniers résultats sur l’exercice du contre-la-montre, il devra, comme Romain Bardet, se présenter à Marseille avec une avance confortable pour espérer être en Jaune à Paris. Ça promet du spectacle dans le peu d’étape de Montagne que propose la 104e Grande Boucle.
Fabio Aru et Jakob Fuglsang, jeux piégeux
Les plus: les derniers résultats de Jakob Fuglsang
Les moins: la récente blessure de Fabio Aru, leurs lacunes dans l’exercice du contre-la-montre
Endeuillé par la disparition de leur coureur Michele Scarponi, le team Astana semble se relever petit à petit. Au départ de ce Tour, le team kazakh va aligner une équipe plus que performante. Blessé au genou juste avant le départ du Giro, Fabio Aru avait dû revoir ses objectifs. Il a donc fait du Tour le grand rendez-vous de sa saison. Malgré trois mois de convalescence, le jeune italien a convaincu sur le Critérium du Dauphiné avec une cinquième place prise au classement général. Une performance qui rassure en vue de la Grande Boucle. De son côté, Jakob Fuglsang a été la révélation de ces dernières semaines. Vainqueur surprise du dernier Critérium du Dauphiné, il se place en pôle position pour occuper le devant de la scène dans quelques semaines. En sachant que durant les cinq dernières années, quatre coureurs sur cinq ayant remporté le Critérium du Dauphiné ont par la suite remporté le Tour de France, on ne peut que surveiller les performances du danois qui pourrait bien s’inviter dans les premières positions du podium. Mais qui aura la casquette de leader au sein du team Astana? Sur le papier, Fabio Aru et sa victoire finale sur la Vuelta 2015, ont la faveur des bookmakers. Mais après sa blessure au genou, pourra-t-il tenir les trois semaines de course? Cette question subsiste. Jakob Fuglsang et Fabio Aru ont donc tous deux une carte jouer, mais attention à ne pas se faire piéger dans ce possible double jeux. L’entente entre leader et co-leader devra rester saine et constructive.
Les possibles outsiders
Les outsiders pour le classement général sont nombreux. En première ligne, on retrouve les favoris du maillot blanc qui peuvent espérer faire partie de la tête du classement général. On peut citer Louis Meintjes (UAE Emirates), Simon Yates (Orica-Scott), Warren Barguil (Sunweb) ou encore Emanuel Buchmann (Bora-Hansgrohe). Il y a également les électrons libres comme Rafal Majka (Bora-Hansgrohe), Pierre Rolland (Cannondale-Drapac) et Thibaut Pinot (FDJ). Ces coureurs seront probablement plus animateur qu’acteur de cette 104e édition, chassant les étapes et les points du maillot à pois par la même occasion. Enfin, les équipiers de luxes auront une carte à jouer en cas d’abandon ou d’une très grande défaillance de leurs leaders. Sergio Henao (Sky), Geraint Thomas (Sky), Bauke Mollema (Trek-Segafredo) ou Alejandro Valverde (Movistar) ont les capacités d’assurer un rôle de second leader.
La course au maillot vert
Depuis cinq ans maintenant, Peter Sagan (Bora-Hansgrohe) a une domination hégémonique sur le classement par points du Tour de France. Recomposant ces dernières années le « meilleur baroudeur » plus que le « meilleur sprinteur », le maillot vert pourrait retrouver cette année son appellation courante de « classement du meilleur sprinteur ». En effet, sur un parcours plus plat que jamais, les points distribué lors des neuf arrivées en plaine et lors des sprints intermédiaires devraient revenir à des spécialistes de la vitesse. De nombreux points à distribuer au sprinteur donc qui vont peser lourd dans le classement.
Le grand favori reste néanmoins Peter Sagan (Bora-Hansgrohe). Sa polyvalence lui permet d’être à son aise sur n’importe quel terrain (hormis la haute montagne). Un sérieux avantage sur ses adversaires, qui sont le plus souvent limités sur des terrains accidentés. Le slovaque devrait être talonné par Michael Matthews (Sunweb), Marcel Kittel (Quick Step-Floors), Alexander Kristoff (Katusha-Alpecin), John Degenkolb (Trek-Segafredo), André Greipel (Lotto-Soudal), Mark Cavendish (Dimension-Data), Arnaud Démare (FDJ) ou encore Nacer Bouhanni (Cofidis).
La course au maillot à pois rouges
Sur un parcours moins montagneux, l’avantage devrait être aux « super-baroudeurs ». Les hommes parties de loin sur des étapes de moyenne et de haute montagne pour ramasser des points précieux seront sûrement récompensés par la tunique à pois. Le grand favori pour ce classement annexe est le polonais Rafal Majka (Bora-Hansgrohe). Double vainqueur du maillot blanc à pois rouge (2014 et 2016), il est le coureur qui ramasse en moyenne le plus de point pour ce classement.
Il sera sûrement inquiété par Pierre Rolland (Cannondale-Drapac) et Thibaut Pinot (FDJ) qui, après un usant Giro, chasseront les étapes de montagne et pourrait bien faire de la tunique à pois un objectif. Les favoris pour le classement général pourraient également se mêler à la lutte. Les explications des cadors lors des arrivées en altitude amènes le plus souvent à la victoire d’un d’eux.
La course au maillot blanc
Le maillot blanc récompense le coureur de moins de 26 ans le mieux placé au classement général. Il s’invite souvent parmi les premières places du classement général et pourrait bien cette année, venir jouer les trouble-fêtes sur le podium. Le favori cette année est le sud-africain Louis Meintjes (UAE Emirates). L’année passé, il avait fini deuxième de ce classement derrière un certain Adam Yates (Orica-Scott), absent cette année. La maturité qu’il a engrangée depuis, pourrait lui permettre de se parer de blanc dans les prochaines semaines. Ses adversaires les plus dangereux sont l’allemand Emanuel Buchmann (Bora-Hansgrohe), le frangin du précédent vainqueur Simon Yates (Orica-Scott) et le français Warren Barguil (Sunweb). La bagarre pour le maillot blanc s’annonce serrée.
Cette 104e édition du Tour de France s’annonce donc comme l’un des plus incertaines sur tous les tableaux (maillot jaune, maillot vert, maillot blanc à pois rouge et maillot blanc). Sur un parcours moins montagneux, les favoris seront en sursis jusqu’à l’avant-dernière étape à Marseille où tout risque de se jouer.
Crédits photo à la une: Bald Boris