Premier Noir-Africain à porter un maillot distinctif sur le Tour de France, premier Érythréen à participer à la Grande Boucle… Coureur de talent, Daniel Teklehaimanot est pourtant sans contrat pour la saison 2018. Explications.
Après dix années passées au cœur du peloton professionnel et avec une carrière qui a déjà marqué l’histoire du cyclisme, Daniel Teklehaimanot semble déjà avoir atteint son but. Mais quand on se penche sur son palmarès, il y a comme un goût d’inachevé. Aucune victoire en WorldTour et aucun maillot distinctif enlevé jusqu’à Milan, Paris ou Madrid. À 29 ans, l’Érythréen a encore de nombreux objectifs à honorer. Mais son manque de résultats cette année pourrait bien avoir raison de son avenir dans le monde professionnel. En l’absence de contrat pour la prochaine saison, Daniel Teklehaimanot est dans l’incertitude. Mais sa saison blanche est-elle la seule cause de cette précarité ? Pas si sûr.
Teklehaimanot, des résultats en berne
Multiple champion d’Afrique et d’Érythrée, premier cycliste Noir-Africain à prendre le départ d’un Grand Tour et à y revêtir un maillot distinctif, sportif Érythréen et cycliste Africain de l’année 2015… Daniel Teklehaimanot est devenu le porte-drapeau du sport Érythréen et une grande figure du cyclisme Africain. En rentrant dans l’histoire de sa discipline, le jeune coureur s’est fait un nom, connu aujourd’hui de tous les suiveurs. Mais passé les inédits qui ont fait sa notoriété, que reste-t-il ? Autant dire que cette grande popularité ne reflète pas ses résultats, qui cette année se sont faits cruellement attendre. Il doit cette saison se contenter comme meilleur résultat sur une course en ligne (hors championnat national) d’une douzième place sur la cinquième étape du Tour d’Autriche. Sa plus mauvaise saison depuis 2010. Une patience que n’a pas eu le team Dimension-Data qui, après quatre ans de collaboration, n’a pas souhaité prolonger le coureur natif de Debarwa. Sans aucune autre proposition, Daniel Teklehaimanot se trouve aujourd’hui sans contrat en pleine préparation hivernale. Pourtant, l’UCI semble aussi avoir sa part de responsabilité dans le cas de Teklehaimanot.
176 coureurs et pas un de plus
C’est la grande réforme de l’UCI pour cette prochaine saison. Après avoir réduit le nombre de coureurs par équipe sur les trois Grands Tours cet été, l’UCI a été encore plus loin en réduisant le peloton sur toutes les épreuves de son calendrier. Passant d’un plafond de 200 dossards (correspondant à 22 équipes de 9 coureurs sur les trois Grands Tours et 25 équipes de 8 coureurs sur les autres épreuves) à 176 maximum (correspondant à 22 équipes de 8 coureurs sur les trois Grands Tours et 25 équipes de 7 coureurs sur les autres épreuves), l’Union cycliste internationale espère accroître la sécurité sur ses courses. Pourtant, cette réforme touche directement les effectifs des équipes professionnelles, qui sont, d’emblée, amputés.
La réduction du nombre d’engagés sur les épreuves professionnelles diminue les besoins des écuries, réduisant ainsi les recrutements et les prolongations de contrats. En effet, certaines équipes ont dû se séparer de parfois plus de 10% de leur effectif, impactant ainsi leur staff qui pourrait lui-même être réduit. Par ce changement de règlement, l’UCI souhaite augmenter durablement la sécurité des coureurs mais pour l’instant, elle ne fait qu’augmenter leur précarité. En 2018, c’est une trentaine de coureurs qui manquera au WorldTour par rapport aux années précédentes, l’équivalent d’une équipe qui disparaîtrait du top-niveau. Dans ce contexte, il est alors difficile pour des cyclistes qui, comme Daniel Teklehaimanot, de retrouver une place dans le peloton international.
Crédits photo à la Une: Pymouss