Sacré nouveau roi d’Espagne, Primoz Roglic a tenu en respect ses sujets pour se coiffer à Madrid d’une couronne solide et annoncée. La jeunesse a bien sonné la révolte avec l’éclosion du prodige Tadej Pogacar, compatriote du lauréat de la Vuelta 2019. Par ailleurs, force est de constater que les Colombiens ont failli, tandis que les Français ont livré une copie contrastée.
La Slovénie a montré les muscles
C’est un grand jour pour l’histoire du cyclisme slovène. Avec Primoz Roglic, vainqueur du général sans avoir montré un seul signe de faiblesse durant les trois semaines, et Tadej Pogacar qui a enlevé trois victoires d’étape, la Slovénie peut avoir le sourire. Le premier était arrivé avec le vêtement de grand favori, entouré d’une armada Jumbo-Visma taillée pour la montagne et prête à en découdre après son forfait pour le Tour de France afin d’optimiser sa récupération. En rouge depuis le 3 septembre, Roglic a fait sa loi parmi les favoris sans jamais trembler. Les petites chutes sans gravité et les attaques désordonnées de ses adversaires n’ont à aucun moment ébranlé sa confiance et sa détermination. « A aucun moment je n’ai pensé pouvoir le (maillot rouge) perdre », assure-t-il. Avec cette première victoire sur un Grand Tour, Primoz Roglic a enfin passé le cap qui aurait dû être celui de son sacre en Italie, quatre mois plus tôt. Avec sa prolongation de contrat avec les Jumbo-Visma, le désormais roi d’Espagne fera trembler son monde la saison prochaine.
Le second n’a que 20 ans mais a déjà marqué les esprits pour toujours en signant trois victoires et ce systématiquement sur des étapes de haute-montagne déterminantes. Plus fort encore, il a accompagné les meilleurs et accroché une 3e place au général en dernière semaine, là où on l’attendait afficher ses limites, par manque d’expérience peut-être. Lorsque la course s’enfermait dans le contrôle des Jumbo-Visma, il a osé attaquer pour jouer crânement sa chance, souvent accompagné de Miguel-Angel Lopez. Venu en repérage sur son premier Grand Tour, le jeune slovène repart grandi et avec un statut de potentiel vainqueur de général sur les courses de trois semaines dans ses bagages.
La Colombie a peiné
Nourrissant de grandes ambitions pour les trois semaines espagnoles qui s’annonçaient, Nairo Quintana et Miguel-Angel Lopez doivent être désabusés à l’heure des comptes. Rien ne s’est passé comme il le voulait et la seule satisfaction sera d’avoir vu triompher le jeune Sergio Higuita lors de la 18e étape. Pourtant tout semblait bien engagé pour « Superman » lors de la première semaine lorsqu’il s’affubla de la tunique rouge à plusieurs reprises. Seulement, il y avait meilleur en face et ses performances en dents de scie lui coûtèrent le podium final, échouant à une maigrichonne cinquième place. Même constat pour son compatriote Nairo Quintana, vainqueur de la Vuelta en 2016. Le Colombien a été chassé de ses terres, victime de son inconstance mais aussi de son inconsistance. Il a souffert de la tactique cataclysmique de son équipe Movistar. Espérons qu’il gagne au change de ce côté-là en déposant ses valises chez Arkéa-Samsic la saison prochaine.
La France en demi-teinte
La Vuelta 2018 (5 victoires d’étapes et quatre jours en rouge pour Rudy Molard) semble loin, mais l’issue de ce cette nouvelle édition a tout de même apporté son lot de consolation. Rémi Cavagna, seul vainqueur d’étape tricolore, a été au rendez-vous et suscite l’enthousiasme avant les mondiaux. En outre, Geoffrey Bouchard nous a ravi de sa présence sur le podium à Madrid en bon porteur du maillot de meilleur grimpeur. Nicolas Edet a, quant à lui, porté le maillot rouge une journée et longtemps visé un Top-10 qu’une bordure lui a arraché. La seule ombre au tableau est l’échec de Pierre Latour au général. Venu pour figurer lui aussi dans le Top-10, il finit 35e à presque deux heures de Primoz Roglic.
A la conquête du monde
Prochain arrêt, le Yorkshire. Cette Vuelta aura particulièrement était riche en enseignements et peut aussi se visionner comme un teaser des Mondiaux-2019. Avec les deux héros de cette édition, Primoz Roglic et Tadej Pogacar, certains coureurs annoncés au départ le 29 septembre ont brillé lors de ce prélude espagnol. Et plusieurs nous rappellent à nos bons souvenirs. Ne serait-ce que Philippe Gilbert, double vainqueur d’étape et en forme splendide. Le plus emblématique peut-être n’est autre que le champion du monde actuel. Alejandro Valverde semble éternel dans son jardin espagnol. Second du général à Madrid, le maillot arc-en-ciel a la soquette légère avant de s’élancer sous la grisaille anglaise. Enfin, Jakob Fuglsang décidément dans la forme de sa vie et également vainqueur d’une étape, pourra venir jouer sa carte. Dernière statistique éloquente, cinq des dix derniers champions du monde ont brillé sur la Vuelta avant de remporter le Graal. Rendez-vous le 29.
Crédits photo à la Une: Marian Buštík