Au terme de trois semaines haletantes et indécises, Tom Dumoulin (Sunweb) a remporté ce dimanche le centième Tour d’Italie. Une première pour le coureur néerlandais, qui voit Nairo Quintana (Movistar) et Vincenzo Nibali (Bahrain-Merida) le talonner sur le podium. Le français Thibaut Pinot (FDJ), lui, échoue à la quatrième place. Tour d’horizon et décryptage des éléments à retenir de ce Giro.
Tom Dumoulin, le chrono comme principal atout
Même si la victoire de son compatriote Jan van Emden (LottoNL-Jumbo) sur le chrono du jour l’a empêché de remporter une troisième victoire sur ce Giro, l’essentiel est ailleurs: Tom Dumoulin, 26 ans, a remporté ce dimanche le Tour d’Italie 2017. Signant-là son premier succès sur un Grand Tour, le coureur du team Sunweb a usé de sa polyvalence ainsi que de sa régularité pour triompher à Milan. L’avance qu’il a obtenu lors du premier chrono, dans la deuxième semaine, ajoutée à celle obtenue ce dimanche, lui a permis de combler ses quelques manques en haute-montagne. En effet, face à des purs grimpeurs aux accélérations et double-kicks fulgurants – Quintana, Nibali, Pinot, Zakarin et compagnie -, Dumoulin et ses ascensions au train ont été mises à rude épreuve.
Mais, après trois semaines de course, l’essentiel est bien-là pour le natif de Maastricht: titré avec un écart de quelques poignées de secondes avec ses principaux concurrents (voir par ailleurs), Tom Dumoulin peut savourer son sacre sur le centenaire Giro. Un couronnement comme il en existe très peu dans une carrière. Malgré une équipe faible à ses côtés, bien trop négligée à la vue de ses objectifs et de son talent intrinsèque, celui qui est sous-contrat jusqu’en 2018 avec Sunweb – il devrait prolonger jusqu’en 2021 selon les dernières indiscrétions – a pris le meilleur sur des concurrents de taille (voir par ailleurs), armés, notamment pour Nairo Quintana (Movistar), d’une équipe de serial killers en montagne. La régularité et les chronos ont donc fait la différence.
Nairo Quintana manque son pari
A 27 ans, Nairo Quintana (Movistar) s’annonçait comme le principal favori de ce centième Tour d’Italie, aux côtés de Vincenzo Nibali (Bahrain-Merida), tout de même moins bien côté auprès des bookmakers. Vainqueur l’an passé de la Vuelta – devant Christopher Froome -, le colombien avait décidé cette année de tenter l’enchaînement Tour d’Italie-Tour de France, avec comme objectif affirmé haut et fort, une victoire dans chaque épreuve. Un pari d’ores et déjà raté. Pourtant, auteur d’un sacré numéro sur les pentes du Blockhaus en fin de première semaine, où il avait fait comprendre qu’il était le meilleur lorsque la route s’élevait, le natif de Combita n’a pas su faire de différences par la suite.
Pis, même en ayant tenté à de multiples reprises de déborder ses adversaires, le grimpeur de poche colombien n’a réussi à mettre en difficulté personne. A son désavantage sur les contre-la-montre, de part sa petite taille diamétralement opposée à la silhouette longiligne d’un Dumoulin, Quintana n’a donc pas atteint son objectif, échouant à 31″ du vainqueur final. Désormais, le pensionnaire du team Movistar, qui a, avec l’équipe Sky, le meilleur effectif pour la haute-montagne sur le papier, est tourné vers la Grande Boucle, qui s’élancera de Dusseldorf le 1er juillet prochain. Mais comme sur ce Giro, la concurrence sera de taille, avec en guest star un certain Chris Froome…
Thibaut Pinot peut être fier
Troisième à l’aube de cette vingt-et-unième et dernière étape, le français Thibaut Pinot (FDJ) a finalement été éjecté du podium. Si son premier contre-la-montre avait été un désastre – finissant 19e à 2’35 » de Dumoulin -, son deuxième, tout de même mieux négocié, n’a pas non plus été une réussite ce dimanche. Champion de France de l’épreuve, le franc-comtois – qui comptait dix petites secondes d’avance sur Tom Dumoulin avant le début de l’épreuve -, n’a pu résister à la performance canon du coureur néerlandais, terminant à 1’37 » derrière celui-ci au classement général final. Si cette impuissance était attendue face au médaillé d’argent du contre-la-montre aux derniers Jeux-Olympiques, il a été dans l’incapacité de reprendre du temps sur Vincenzo Nibali – troisième à 40″ du vainqueur au général. Seul Nairo Quintana au sein du quatuor de favoris s’est vu reprendre du temps par le natif de Mélisey ce dimanche. Insuffisant pour accrocher un podium.
Offensif et entreprenant durant les trois semaines de compétition, Thibaut Pinot ne pourra cependant pas nourrir de regrets. Il a semblé libéré et enfin ambitieux sur ce Giro, au plus grand bonheur de ses fans. Désormais, il devra encore s’améliorer sur l’épreuve du chrono s’il veut passer un cap et enfin décrocher un Grand Tour. A 26 ans (il fêtera son vingt-septième anniversaire demain), le coureur estampillé FDJ a encore du temps pour accomplir cet objectif, quand on sait que la maturité chez les leaders est en moyenne située juste avant la trentaine. Le Tour de France, dans un petit peu plus d’un mois, sera, on l’espère, le moment choisit par le franc-comtois pour surprendre son monde, qui plus est à domicile.
Une concurrence accrue, des jeunes prometteurs
En tout et pour tout, les cinq premiers coureurs au général se tiennent en 1’57 » après vingt-et-un jours de course. Un record qui appuie la thèse que la concurrence n’a jamais été aussi forte sur un Tour d’Italie. Ainsi, un Vincenzo Nibali par exemple, performant tout au long de la compétition, aurait pu très bien empocher un deuxième succès en deux ans si la concurrence avait été moindre.
Parallèlement, dans cette lutte pour le maillot rose s’emboîte une autre compétition: celle du maillot blanc de meilleur jeune. Pendant trois semaines, Bon Jungels (8e au classement général final, Quick-Step Floors), Adam Yates (9e, Orica-Scott), et peut-être dans une moindre mesure Davide Formolo (10e, Cannondale), tous trois âgés de 24 ans, se sont livrés une bataille acharnée pour le maillot de meilleur jeune. Finalement remporté par le champion du Luxembourg Bob Jungels, grâce à ses capacités de rouleur sur le chrono ce dimanche, la lutte pour le maillot blanc lors du Tour de France devrait être toute aussi haletante. Quoi qu’il en soit, il faudra bien surveiller cette poignée de coureurs prometteurs, qui à elle seule, représente bien la relève et l’avenir du peloton.
Crédits photo à la une: Elise Chauveau