A 24 ans, Aurélien Paret-Peintre a remporté sa première course chez les professionnels dimanche sur le Grand Prix La Marseillaise. Le tout au sprint devant les spécialistes de la piste Thomas Boudat et Bryan Coquard. Une petite sensation. Portrait.
Aurélien Paret-Peintre, un homme patient
Après un peu plus de deux saisons chez les professionnels, Aurélien Paret-Peintre n’avait toujours pas levé les bras. Il faut dire que les bouquets sont rares et que le peloton reste bien garni. Certains coureurs gagnent tôt, d’autres attendent toute leur carrière, d’autres encore ne connaissent jamais cette joie. Avec un Grand Tour à son actif et une belle 16e place sur le dernier Giro, le jeune français a encore le temps. Si nous nous sommes habitués à voir éclore ces dernières années de petites pousses aux ambitions déjà grandes, en témoignent les victoires d’Egan Bernal et Tadej Pogacar sur la Grande Boucle en 2019 et 2020, il ne faut pas oublier que la majorité des coureurs professionnels n’atteignent le pic de leur carrière qu’à l’âge habituel entre 27 et 30 ans.
Alors voir Aurélien Paret-Peintre en grande forme sur le GP La Marseillaise dimanche dernier semble déjà être un bon signe: celui de voir un espoir français s’avancer prudemment mais sûrement pour devenir un pion futur majeur d’AG2R-Citroën, dont les attentes se retrouvent décuplées avec l’arrivée d’un co-sponsor et un changement d’équipement. Les places seront donc chères pour chaque Grand Tour et notamment le Tour de France, sans aucun doute un objectif pour Paret-Peintre.
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Il faut dire que lorsque l’on sort de la pépinière du Chambéry CF, l’antichambre d’AG2R où Aurélien Paret-Peintre est arrivé en 2015, les objectifs demeurent vite fixés. Bien évidemment, la formation évoluant au niveau national ne produit pas que des potentiels vainqueurs de Grand Tour, mais également des lieutenants précieux qui verront tôt ou tard les portes d’une course de trois semaines s’ouvrir devant eux. Les noms parlent pour le Chambéry CF: Julien Bérard, Maxime Bouet, Ben Gastauer et le plus connu d’entre tous, Romain Bardet, deux podiums du Tour de France et vice-champion du monde en 2018.
Un coureur éclectique: un grimpeur rapide
On peut être patient mais rapide. Il est très rare que le Chambéry CF fabrique des sprinters. Il est encore plus rare que la Haute-Savoie propose des rois de la vitesse. Et pourtant, dimanche, sur le GP La Marseillaise, c’est bien au sprint que le natif d’Annemasse, comme Jérôme Coppel, est allé chercher sa première victoire en pro. Tout le monde attendait Bryan Coquard (B&B Hotels) mais ce dernier a fini troisième, derrière Thomas Boudat (Arkéa-Samsic). Aurélien Paret-Peintre a impressionné.
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Même chez AG2R-Citroën, on aurait plus pensé à Tony Gallopin. Avec un vent de face sur la dernière ligne droite, Bryan Coquard a sûrement lancé un peu tôt et Paret-Peintre, parti dans les roues, a profité de l’aspiration pour jouer sa carte de bien belle manière et lever le poing à la stupéfaction générale.
Aurélien Paret-Peintre, l’un des coureurs français à suivre cette saison
Si nous allons revoir le coureur d’AG2R-Citroën plus tard ? Assurément, mais probablement plus dans ses qualités de grimpeur car après tout c’est dans ce registre qu’il est devenu un talent très suivi dans les catégories de jeunes. En 2014, sa victoire sur le Tour d’Istrie a fait de lui un gros potentiel en devenir. Il y a notamment devancé Lennard Kämna, vainqueur d’une étape sur le Tour de France en septembre dernier, au classement général et a succédé à Tao Geoghegan Hart, vainqueur du dernier Giro.
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En 2012, le champion du monde 2019 Mads Pedersen devançait son compatriote Soren Kragh Andersen, qui a pris deux bouquets sur la dernière Grande Boucle. En 2008, le triple champion du monde et multiple vainqueur de classiques Peter Sagan remportait également l’épreuve. Une année plus tard, Arnaud Démare, victorieux sur Milan San Remo 2016 et maillot cyclamen du Giro en octobre avec quatre étapes à la clé, terminait troisième. Que de grands champions ! Le Tour d’Istrie est devenu au fil des années un tremplin pour bon nombre de jeunes bien inspirés d’y briller pour intégrer les formations espoirs des équipes professionnelles.
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Pour Aurélien Paret-Peintre, qui a pu voir certains de ses classards déjà briller, le temps n’est pas au stress. Il prend les courses une par une et continue de progresser en attendant son heure de gloire. A 24 ans, il a encore l’avenir devant lui, un avenir qui devrait l’amener très prochainement sur les routes de Paris-Nice, début mars. Si les conditions le permettent…