Alexis a fait ses gammes en VTT où il a acquiert le surnom de Pikachu
Comme de plus en plus de coureurs du peloton professionnel, Alexis Vuillermoz a commencé à faire ses classes avec le VTT avant de passer sur la route. Comme de plus en plus de coureurs ayant fait le même chemin que lui, avoir un CV en or sur les chemins boueux peut mener à se faire une place au soleil sur la route. Exemple le plus connu ? Cadel Evans, vainqueur de la coupe du monde de cross-country puis vainqueur du Tour de France 2011. Mais il n’est pas le seul : le tchèque Zdenek Stybar – triple champion du monde et double vainqueur de la coup de monde de cyclo-cross (!) qui vient de remporter l’étape du Havre sur ce Tour de France, mais a aussi terminé 2ème de Paris-Roubaix cette année -, le slovaque Peter Sagan – champion d’Europe et du monde de cyclo-cross junior, et déjà triple maillot vert du Tour à seulement 25 ans -, le danois Jakob Fuglsang – champion du monde de cross-country espoir et 7ème du Tour 2013 – les français Julian Alaphillipe – vice-champion du monde junior de cyclo-croos et révélé cette année sur les Ardennaises avec deux 2ème place à la Flèche Wallonne et Liège-Bastogne-Liège – et biensur Jean-Christophe Péraud – vice-champion Olympique de cyclo-cross à Pékin et 2ème du Tour de France 2014. Parmi tout ce petit monde, il faut donc désormais ajouter Alexis Vuillermoz. Vice-champion du monde espoir en 2009 (devant un certain Peter Sagan), le français âgé aujourd’hui de 27 ans n’est passé sur route qu’en 2010 au sein du CC Etupes.
De ces années VTT passées à slalomer entre les cailloux, Alexis en a acquiert une résistance accrue à la souffrance, car les efforts y sont certes plus courts, mais plus intenses que sur la route. Les vététistes travaillent donc en priorité la répétition d’efforts très violents, ce qui en fait donc le plus souvent de très bon puncheurs une fois passés sur route car ils sont capables de se mettre dans le rouge sur quelques dizaines de secondes, comme à su le faire à merveille Alexis lors de sa victoire à Mur-de-Bretagne. Mais cette facilité avec la gestion du “fractionné” en fait aussi souvent des coureurs très à l’aise en haute montagne comme le montrent les exemples d”Evans, Rasmussen, Péraud ou Fuglstang. Vuillermoz a déjà terminé aux portes du top 10 d’un grand Tour (11ème du Giro), ce qui prouve qu’il a la capacité de briller sur une épreuve de 3 semaines. Sur ce Tour de France, Vuillermoz alias “Pikachu” évolue en catégorie de joker dans l’équipe AG2R-La-Mondiale, derrière ses 2 leaders J.C Péraud et Romain Bardet qu’il devra accompagner le plus haut possible dans la montagne. Mais au fait, pourquoi “Pikachu” ? Pour les non-initiés Pikachu est un personnage de jeux vidéo et de dessin animé, une “souris” électrique de couleur jaune : le plus célèbre et la mascotte officielle des “Pokémon”. Alors pourquoi cette affiliation ? Car chez les jeunes, Alexis courait toujours avec un casque jaune, la couleur de Pikachu, et surtout, il plaçait souvent des “attaques éclair”, phrase qui est le cris de guerre du pokémon ! Comme il a pu le faire pour décrocher sa victoire en haut de Mur-de-Bretagne, le français est capable d’attaquer plusieurs fois à la suite. Cependant, avoir des résultats sur les bourbiers et les caillasses ne garantit en rien une carrière sur la route. Demandez plutôt à Miguel Martinez, le “petit prince” du VTT français, champion Olympique et qui a dominé le cyclo-cross mondial pendant plus de 10 ans et dont le passage sur route au sein de la Mapei puis de la Phonak ne restera pas dans les annales…Pour Alexis Vuillermoz on en fut pas loin de l’eau de boudin également, car pour se faire une place parmis les meilleurs puncheurs du peloton, rien n’a été simple pour Pikachu.
Une carrière sur la route qui a failli ne jamais décoller
En effet, s’il a toujours brillé depuis chez les jeunes en VTT, le passage sur la route n’a pas été un long fleuve tranquille pour Alexis. Avec son arrivée en 2010 au sein des amateurs du CC Etupes (qui a révélé des coureurs comme Thibaut Pinot ou Waren Barguil ces dernières années), c’est Stéphane Heulot qui lui donne sa chance chez les pros en 2013, à 25 ans, au sein de la formation Saur-Sojasun, aux côtés de coureurs tels que Jérôme Coppel, Julien Simon ou Jonathan Hivert. Pour sa 1ère participation au Tour en 2013, Alexis termine 46ème et premier coureur de son équipe. Il semble lancé dans sa carrière sur route mais patatras son employeur annonce que l’équipe Saur-Sojasun arrête à la fin de la saison 2013 faute de repreneur. Après plusieurs semaines de doutes où sa présence chez les pros est remise en question, Alexis Vuillermoz est intégré in-extremis dans l’effectif de l’équipe AG2R-La-Mondiale. Le français doit son salut à Daniel Germond, homme d’affaire jurassien – comme Alexis – qui propose à Vincent Lavenu (qui n’ a plus de masse salariale de disponible) de payer la première année de salaire d’Alexis pour qu’il soit intégré au sein de l’effectif ! Lavenu accepte et bingo, l’aventure de Vuillermoz chez AG2R pouvait commencer. D’ailleurs, après sa victoire lors de la 8ème étape du Tour, il ne manquera pas de remercier son mécène “sans lui je ne serai plus coureurs professionnel sur la route”. Si Alexis a décidé de passer sur la route, c’est aussi pour rendre hommage à son papa, décédé en 2012. L’interéssé le dit lui-même : “c’était un grand passionné du Tour de France et c’est lui qui m’a donné le goût du vélo puis de la route. J’espère que de là où il est, il est fier de moi”.
Jusqu’ici, le principal défaut d’Alexis était son manque de confiance en lui, mais ses excellentes résultats depuis le début de l’année 2015 – 6ème de la Flèche Wallonne, victoire au grand Prix de Plumelec, 3ème lors de l’étape du Mur de Huy en début de Tour – et sa victoire à Mur-de-Bretagne semblent l’avoir décomplexé et convaincu qu’il pouvait rivaliser avec les meilleurs grimpeurs-puncheurs du peloton. Désormais Alexis est entré dans la cours des grands et nous sommes prêt à parier que de là où il est, Papa Pikachu n’a pas fini d’être fier de son rejeton.