Particulièrement affecté par le premier confinement, le marché français des paris sportifs a su rebondir, au point de désormais connaître une croissance inattendue. Décryptage.
Un premier confinement des plus catastrophiques
En juin 2010, le marché français des paris, sportifs et hippiques, est révolutionné: jusque-là chasse gardée de l’opérateur national historique, la Française des Jeux, dont l’État est l’actionnaire majoritaire, le secteur des jeux d’argent est libéralisé. Ainsi, des entreprises privées, qu’elles soient tricolores ou étrangères, investissent le marché français.
Pourtant, l’heure n’était pas à la fête en juin dernier, au moment de fêter le dixième anniversaire de cette ouverture à la concurrence sectorielle: dans le sillage du confinement décrété par de nombreux pays européens au prisme de la pandémie de Covid-19, les opérateurs de paris sportifs ont été empêtrés dans une crise sans précédent. En effet, une baisse drastique de la demande avait été enregistrée. « Pour le pari sportif, c’est la catastrophe absolue: le chiffre d’affaires est tombé de plus de 90% » , expliquait ainsi le 7 avril dernier Emmanuel de Rohan Chabot, président-fondateur de l’opérateur Ze Bet, à nos confrères d’Europe 1.
Une rentrée 2020 juteuse pour les opérateurs de paris sportifs
Pour autant, la crise qui a pris place lors du deuxième trimestre 2020 a laissé place à une croissance exponentielle à partir du troisième trimestre, qui a perduré par la suite. A ce titre, selon les chiffres officiels de l’ARJEL, l’autorité française de régulation des jeux d’argent en ligne, le nombre de parieurs a augmenté de 29% au troisième trimestre 2020 comparativement au troisième trimestre 2019, alors que le nombre de parieurs âgés de 18 à 24 ans a doublé. Désormais, près de 2,7 millions de personnes, en France, misent régulièrement.
→ À LIRE AUSSI City Football Group, quand foot et business s’entrechoquent
Comment expliquer un tel rebond ? « Les gens ont été un peu bridés par l’absence de Ligue 1 lors du premier confinement, donc il y a eu un effet ressort », explique Julien Huber, responsable offre et marketing chez Winamax, l’un des leaders français du pari sportif en ligne, dans les colonnes du Parisien. Une croissance de rattrapage a donc pris place, qui a d’ailleurs été facilitée par l’impuissant lobbying des tabagistes: en obtenant le classement de leurs établissement en tant que « commerces essentiels » pendant le deuxième confinement, les bureaux de tabac ont pu rester ouverts et accueillir physiquement les parieurs. Les sites de paris sportifs (où s’agrègent 67% des mises) ont, quant à eux, proposé des offres de bienvenue et des bonus ultra-attractifs, notamment vis-à-vis des jeunes majeurs. Une stratégie gagnante.
Le poker est également sorti de la crise par le haut
Dans la nébuleuse des sites de jeu d’argent en ligne, le marché du pari sportif n’a pas le monopole de la croissance économique malgré la crise engendrée par la pandémie de Covid-19. En effet, les opérateurs du poker en ligne ont également su sortir de la crise par le haut. En 2020, le secteur a vu son chiffre d’affaires augmenter de près de 36% par rapport à l’exercice comptable 2019 selon l’ANJ, l’Autorité nationale des Jeux.
→ À LIRE AUSSI Foot business: la France championne d’Europe du trading de joueurs
Toujours dans les colonnes du Parisien, Julien Huber de Winamax – plateforme historique du poker en ligne, en parallèle des paris sportifs – témoigne de cette croissance naturelle de la demande: « Le confinement a été l’occasion pour beaucoup de joueurs de s’essayer au poker, on voyait plus de profils différents. Nous accueillions entre 5000 et 6000 nouveaux joueurs par jour ». Malgré la crise et les dangers de l’addiction, le jeu d’argent en ligne a donc encore de beaux jours devant lui.