Avec une avance de trois victoires à zéro contre le Miami Heat, les Milwaukee Bucks sont sereins et solides en ces playoffs NBA 2021. L’aisance et l’attitude affichée par la franchise de Milwaukee a de quoi détonner. Un cap a semble-t-il été passé, au point que les Bucks pourraient bien être sacrés champions. Analyse.
Une troisième place synonyme de moins de pression pour les Bucks
Contrairement aux deux années précédentes, les Milwaukee Bucks n’ont pas terminé la saison régulière à la première place de la Conférence Est. Jusqu’ici, le trône de leur Conférence a davantage été synonyme de pression que de confort à l’approche des playoffs. En effet, la saison régulière et les playoffs sont deux compétitions distinctes en réalité même si uniformes et complémentaires sur le papier. Au regard du niveau affiché par les Bucks au fil de la saison, les amateurs de la NBA se sont attendus, ces deux dernières années, à ce que Milwaukee réitère ses performances en playoffs. Or, les échecs successifs face aux Raptors et aux Celtics sont venus contraster la toute puissance des Bucks au point de leur valoir l’appellation de franchise de saison régulière.
Cette année, la troisième place obtenue par la franchise lui permet d’esquiver la pression du premier de Conférence, maintenant sur les épaules des Sixers, au détriment d’un tableau avantageux. Face aux ogres de Philadelphie et Brooklyn, Milwaukee se place cette année comme un outsider dans la course à la finale. Ce statut particulier et inédit pour la franchise peut, vraisemblablement, galvaniser les joueurs dans le but de rétablir l’ordre des choses en playoffs et non plus seulement en saison régulière.
Un cinq équilibré et des rotations (quasi) parfaites
Au-delà des dispositions mentales, les Bucks sont bien placés pour aspirer au titre dans la mesure où leur effectif intrinsèque figure parmi les meilleurs de la Ligue. Si Giannis Antetokounmpo demeure le franchise player, le jeu tourne moins autour de lui que ces dernières saisons. Ainsi, le défaut qui a tant coûté aux Bucks, a bel et bien été corrigé sur ce que l’on a pu voir de la saison jusqu’ici. La responsabilisation de l’effectif, notamment au scoring, fait que la menace peut venir de Giannis, qui se martyrise toujours plus les raquettes adverses malgré un nombre croissant de tentatives de loin, mais aussi et surtout des postes extérieurs.
En la personne de Jrue Holiday, venu remplacer Eric Bledsoe l’été dernier, et Khris Middleton, dont les pourcentages à trois points avoisinent les 40%, les Bucks disposent de tireurs d’élite doublés de redoutables défenseurs. La force de cet effectif repose dans sa capacité à créer des tirs ouverts grâce au QI basket élevé de l’ensemble des joueurs qui, mine de rien, évoluent en grande partie sous le maillot des Bucks depuis plusieurs saisons.
Pour compléter l’efficacité de l’équipe titulaire, le coach Mike Budenholzer a façonné une second unit des plus complémentaires, s’exprimant au mieux grâce à des rotations rondement ficelées. De cette manière, Bryn Forbes et Pat Connaughton font valoir leurs talents d’artificiers en sortie de banc lorsque Brook Lopez et Giannis Antetokounmpo occupent le secteur intérieur. A l’inverse, dans l’effectif des Bucks, Bobby Portis et P.J Tucker apportent de la taille et de la défense pour compléter le backcourt DiVincenzo-Holiday. Cette saison, les rotations opérées par Mike Budenholzer se sont montrées extrêmement efficaces, garantissant un certain équilibre durant 48 minutes tout en exploitant les atouts des joueurs.
Chez les Bucks, des résultats éloquents face aux cadors de la ligue
Si on prend le parti que les Bucks sont favoris au titre, c’est en grande partie dû à leurs remarquables performances face aux concurrents directs. Milwaukee a gagné deux de ses trois rencontres face aux Nets ainsi que la totalité de celles contre les Sixers en saison régulière. Bien que les playoffs représentent une compétition à part, avec un bilan de 5/6 contre les deux premiers de la Conférence Est, il est possible de jauger l’étendue du niveau de la franchise du Wisconsin.
Après analyse des matches contre les équipes les mieux classées, à l’Est comme à l’Ouest, on peut distinguer plusieurs axes d’amélioration indispensables pour la réussite d’une campagne de playoffs. D’une part, Milwaukee est, bien plus qu’auparavant, en mesure d’adapter sa stratégie, notamment défensive, à son adversaire. Face aux Lakers et aux Nets, les Bucks ont su faire preuve d’une grande versatilité en focalisant la défense tantôt sur le secteur intérieur, tantôt sur le secteur extérieur grâce à la diversité des profils défensifs et à la fluidité des automatismes unissant les joueurs.
Jrue Holiday, facteur X de Milwaukee ?
D’autre part, les Bucks ont su se rendre moins dépendants de Giannis, sans toutefois freiner ses libertés sur le parquet. On dénote ainsi une tendance à la prise de relais et à la responsabilisation des autres cadres de l’équipe en la personne de Khris Middleton et Jrue Holiday lorsque le géant Grec est en difficulté. La possibilité pour Antetokounmpo de pouvoir se reposer davantage sur ses coéquipiers le soulage d’une pression liée à l’exigence de régularité et nous amène à penser que ce renouveau peut représenter un facteur X dans la course au titre.
En ce sens, c’est l’échange Holiday-Bledsoe réalisé cet été, qui symbolise la base du passage de cap chez les Bucks. Jrue Holiday s’est distingué, depuis son arrivée, en réussissant là où Eric Bledsoe a échoué. Grâce à sa capacité à changer le rythme du match et son apport en stabilité des deux côtés du parquet, le meneur permet à son équipe une maîtrise quasi parfaite des fins de matches serrés. Cette capacité à gérer la pression et faire face aux situations délicates en fin de rencontre, catalysée par Jrue Holiday vers l’équipe entière, représente ce qui a toujours manqué aux Bucks en playoffs et nous fait penser que ces derniers aspirent au statut de favoris au titre. Forts d’une cohésion hors norme et de l’arrivée salvatrice de Jrue Holiday, les Bucks ont impressionné cette saison au point d’aspirer au statut de favoris pour le titre NBA. A eux de nous donner raison désormais.