Chaque année, une équipe en NBA se révèle comme la darling, une équipe qu’on attendait pas forcément à la place à laquelle elle se trouve. Cette saison, Cleveland semble bien parti pour succéder aux Knicks.
Actuels 6es de Conférence Est, les Cleveland Cavaliers réalisent une excellente première partie de saison. Et ce n’est pas forcément ce qui était attendu pour cette franchise, sacrée championne en 2016. D’autant plus que le calendrier des Cavs était un véritable enfer et aurait pu entraîner la franchise dans une mauvaise spirale. D’après ESPN, la franchise de l’Ohio a même eu le calendrier le plus difficile jusqu’à présent. Cleveland s’était rendu sur la côte ouest lors d’un road trip durant lequel ils se sont arrêtés à Denver, Los Angeles, pour affronter les deux franchises de la ville, ainsi qu’à Phoenix. Parmi les autres prétendants au titre rencontrés, les joueurs se sont aussi mesurés déjà deux fois aux Nets et les Warriors sont passés en ville.
De nombreuses blessures
Ce bilan positif est d’autant plus remarquable que l’effectif a souvent été amputé par les blessures. En premier lieu celle de Sexton. Le guard est d’ores et déjà forfait pour toute la saison suite à une blessure au genou. Kevin Love et Lauri Markkanen ont manqué plusieurs matchs en étant entrés dans le protocole lié au Covid-19. Evan Mobley, Darius Garland et Jarrett Allen ont également raté des matchs pour des petits bobos ou une maladie. Dans l’ensemble, les Cavs n’ont été au complet que très rarement et ne le seront plus de la saison avec l’absence de Sexton.
Une défense de fer
L’une des raisons principales de ce beau début de saison est la défense. Cleveland possède le troisième meilleur defensive rating de toute la NBA. Une évolution phénoménale de ce côté du terrain quand on se souvient que la franchise avait la 6e plus mauvaise lors du précédent exercice ! Le facteur le plus évident pour expliquer ce changement s’appelle Evan Mobley. Quelques semaines dans la grande ligue on suffit pour apercevoir sa domination de ce côté du terrain. Très grand donc dissuasif pour les joueurs pénétrant dans la raquette. Et malgré sa taille, il est suffisamment mobile pour suivre les joueurs plus petits qui essayent de le jouer loin du cercle.
Visuellement, cela saute aux yeux et on le remarque dans les stats: l’offensive rating des adversaires augmente de presque 10 points lorsqu’il n’est pas sur le terrain. Mobley est la pièce majeure de la défense de Cleveland. Cependant, il n’est pas le seul à faire les efforts. J.B. Bickerstaff, ayant opté pour un tall ball, Jarrett Allen l’accompagne dans la peinture. Et ce choix est payant. L’ancien pivot des Nets réalise un travail monstrueux à ses côtés et dissuade tout autant que son partenaire. Okoro, intégré dans le cinq majeur depuis l’absence de Sexton, se charge des missions défensives sur les guards adverses. Et lui aussi se montre intransigeant défensivement. Globalement, tout le monde fait les efforts pour le collectif, malgré les limites que certains ont affiché au cours de leurs carrières comme Love ou Markkanen.
Des soucis offensifs
Le gros point noir se trouve de l’autre côté du terrain. Les joueurs de l’Ohio sont la 9e plus mauvaise attaque de NBA si nous regardons l’offensive rating. Les joueurs se cherchent et donc le ballon circule plutôt bien. Ainsi Cleveland fait partie du top 10 des équipes avec le plus de passes décisives. Cependant, les pourcentages aux tirs ne sont pas terribles. Seul Cedi Osman possède un pourcentage de réussite à 3 points très bon en prenant près de six shoots de loin par match. L’absence de Sexton pèse lourd. En difficulté avec son shoot, le joueur nous a habitué à monter en régime tout au long de la saison pour finir avec des moyennes respectables. En dépit de sa réussite, il était peut-être le meilleur joueur de cette équipe lorsqu’il s’agit de scorer.
Néanmoins, tout n’est pas à jeter. Darius Garland prend ses responsabilités et commence à devenir un casse-tête pour les défenses NBA. Dangereux derrière l’arc, les défenseurs ne peuvent pas le laisser ouvert de loin. Ce qui lui permet de régulièrement prendre de vitesse son vis-à-vis pour inscrire deux points faciles. Et son duo avec Allen est un calvaire pour les adversaires tant ils se trouvent les yeux fermés. L’intérieur tourne à 16 points de moyenne. Ses Alley-Oops avec Garland sont magnifiques à voir. Avec plus de trois rebonds offensifs pris par match, il score énormément en seconde chance. Enfin, il est plutôt efficace aux lancers francs pour un pivot et punit ainsi sur la ligne.
Un superbe état d’esprit
Le dernier aspect impressionnant avec cette équipe, et non des moindres, est la cohésion qui en ressort. Les joueurs et le staff aboient: ils ont cette mentalité d’underdogs, de se battre en permanence. Les sourires affichés et partagés sur le terrain ne mentent pas. Cet enthousiasme permet aux jeunes de progresser sereinement. D’autant plus que les victoires sont là pour récompenser l’état d’esprit. Lauri Markkanen, malgré sa maladresse, reçoit toujours des ballons et se bat pour son équipe. Son hustle fait plaisir à voir, d’autant que c’était un des reproches qui lui était fait lors de son passage chez les Bulls. Les vétérans sont également nécessaires pour permettre à ce groupe d’avancer et grandir.
L’apport d’un Ricky Rubio en sortie de banc soulage grandement Garland. C’est surtout un énorme boost d’expérience pour Mobley ou Allen de jouer le pick and roll avec un tel meneur. Même Kevin Love, qu’on a vu plusieurs fois agacé dans le passé, prend son rôle au sérieux. Son profil d’intérieur fuyant ouvre de nombreux espaces dans la raquette et il sanctionne de loin grâce à sa qualité de shoot derrière l’arc. Dans quelques mois aura lieu le All-Star Game, à Cleveland. Les fans seraient aux anges de voir un de leurs joueurs obtenir sa première étoile lors de cet événement. Selon le bilan collectif et le niveau individuel affiché jusqu’à février, Garland ou Allen, voire les deux, pourraient fièrement représenter les Cavs lors de la fête du basket.