La légende des Lakers a pris congé en offrant un dernier récital et surtout la victoire (101-96) aux siens face à Utah Jazz: de la frénésie des fans aux nombreux hommages des stars du basket-ball en passant par ceux des célébrités, Kobe Bryant a eu droit à une fête mémorable pour sa dernière. Le Black Mamba très ému a lâché: « Difficile de croire que c’est fini ».
Cette nuit n’était pas normale, elle ne pouvait pas l’être. Les Lakers l’ont remporté 101-96, Kobe Bryant a marqué 60 points (le record absolu pour un vétéran). Une sortie digne d’un chef d’œuvre d‘Hollywood vu la proximité des studios. Un rêve devenu réalité. La soirée d’adieu marquée par une incroyable prestation.
Bain de foule
Procédons par ordre. A quatre heures de l’entre-deux au centre du parquet du Staples Center qui semblait exigu pour l’occasion, au moins deux mille personnes en attente discutent, font des selfies. Tous vêtus des habits des Lakers. Des ballons géants gonflables à l’effigie de Kobe et un poster géant est accroché au milieu de l’arène ou l’on pouvait lire avec le hashtag #ThankYouKobe, rarement, on aura vécu une telle ambiance dans cette enceinte. Même pour les finals devenues cette saison qu’un lointain souvenir. « A Zircus », comme disait John Black, un mélange de zoo et de cirque.
L’attente !
L’arrivée de Kobe dans le tunnel pour aller se changer dans le vestiaire a été scrupuleusement surveillée par les agents de sécurité. Les droits exclusifs sont la propriété d’ESPN, les autres doivent laisser leurs places. Ainsi que l’avant-match et les entrevues au bord du terrain. Byron Scott parle en évoquant de lointains souvenirs qu’il avait de Kobe: ‘’Quand il était gamin, je me souviens qu’il était assis à côté de Kareem Abdul Jabbar lorsque celui-ci jouait son tout dernier match et il lui demanda timidement ses chaussures. Je m’en souviens encore, c’était à l’époque des L.A. Gear », dit-il. La partie n’a même pas commencé que l’air est déjà irrespirable dans le Staples. Sur les chaises au premier rang, des maillots ont été posés. Des T-shirts noirs avec l’inscription: « Love ». Un pour chacun des vingt mille spectateurs. Le vestiaire est pris d’assaut, mais Kobe ne peut naturellement pas être vu. Il y a aussi un livre à signer avec un titre moqueur: Serial Killer. Ensuite, un agent lance une serviette et hop, celle-ci disparaît. Tout doit aller en douceur sans aucune controverse.
Un parterre de stars
Il y a David Beckham, Alessandro Del Piero, Jack Nicholson, Jay Z et une série infinie d’étoiles, grandes ou petites. Vient alors le moment de l’ultime «huddle», la dernière entrée sur le parquet. Ainsi commence la longue série des dernières habitudes qui depuis 20 ans ont été la routine du héros de la soirée. Et il y a le premier refrain: « Kobe, Kobe » une sorte de tonnerre qui doit secouer l’intérieur de la salle. Le coup de théâtre des Lakers: l’écran géant descend quelque peu et une vidéo hommage est alors projetée. Puis, comme il l’avait fait à Toronto, Magic Johnson prend le micro et entame son discours plein de louanges sous le regard de son filleul. Puis ce fut le tour des remerciements, 15 grandes personnalités qui ont tant compté dans sa carrière: Shaq, Fisher, LeBron (copieusement sifflé), Steph Curry (applaudit) Wade, Carmelo, Garnett et même Jack Nicholson: « Avec Kobe, moi et les miens, on s’est amusés: L.A. vous aime ». Et Popovich qui lui souhaite de trouver la paix et la sérénité. Il sait que l’après carrière sera le moment le plus difficile à gérer. Kobe écoute, stupéfait et souriant, comme un gamin à Noël devant ses cadeaux. Comme il avait dit lui-même après l’hommage qu’il lui avait auparavant été rendu lors du dernier All Star, c’est toujours agréable d’entendre le dévouement de ceux qui pendant des années ont été vos adversaires. Ensuite, durant les temps morts, des dizaines d’autres célébrités défilaient sur l’écran géant: Snoop Dog, Taylor Swift, Ice Cube, James Worthy, Spike, Klay Thompson, Paul Pierce (copieusement sifflé), Doc Rivers. Et ses anciens coéquipiers. Et puis même les étoiles d’autres sports, tels que Novak Djokovic, John McEnroe, David Beckham et Robbie Keane. Une liste interminable d’amis, mieux que sur Facebook. Ensuite, c’est au tour de Flea des Red Hot Chili Peppers d’entonner l’hymne Américain rajoutant une électricité supplémentaire.
60 points pour finir en apothéose
Il y a eu un match, bien sûr. Un détail. Enfin, pensait-on mais celui-ci va inévitablement devenir le clou de la soirée. Kobe inscrit 60 points, pour la sixième fois de sa carrière (22/50 aux tirs, 6/21 à trois points en 42′), réalisant aussi le panier victorieux à trente secondes de la sirène avant de sceller le sort de la partie avec deux lancers francs. Il est vrai que le Jazz avait peu avant le coup d’envoi appris son élimination mathématique à la course aux playoffs, donc il fallait juste montrer une digne opposition pour rendre le meilleur des hommages au légendaire numéro 24. Kobe connait un début de rencontre compliquée. Il manque ses quatre premiers tirs. Une malédiction. La tension est chez lui palpable et semble saisir ses bras et ses jambes, lui qui n’a jamais craint une quelconque responsabilité. Il lui faut 7′ pour se détendre avec un tir qui fait mouche. Plus deux autres en moins d’une minute. Le Staple Center savoure, hurle sa joie, s’excite. La première période du Black Mamba s’achève avec 15 points, pas mal. Ce n’était pas prévu qu’il joue la seconde période et les 48′, mais le public qui a chèrement payé sa place scande à l’unisson We want Kobe (« Nous voulons Kobe »). Et Kobe entre à 6’38 « .
Il inscrit 7 points dans le 2ème quart-temps (2/7). Les joueurs du Jazz ne lui font pas de cadeaux, comme il l’avait demandé. Au moins dans la première partie du match. Il sort quelques coups brillants dignes de son meilleur répertoire, quelques hauts et beaucoup de bas. Il s’amuse comme un gamin, ses feintes sont celles du vieux Kobe, même du jeune. Le vrai cadeau, c’est finalement lui qu’il le fait au public. Le tir à trois points à 9’31 » lui permet de se hisser à 40 unités. Ensuite, il joue au-delà de ses limites actuelles, il marque 56 points, la 25ème fois de sa riche carrière où il aura dépassé les 50 unités. Ça ne s’était plus produit depuis 2009 (61 points contre les Knicks). A 3″ de la sirène, il termine sa carrière extraordinaire avec ce fabuleux tir. Il ne pouvait pas espérer un final plus approprié. Il harangue la foule: « J’ai toujours été un fan des Lakers Je vous aime tous du plus profond de mon cœur ». Il se touche la poitrine remerciant sa femme et ses filles pour les sacrifices consentis durant toutes ces années. Très ému, il finit par craquer: « Difficile de croire que c’était la dernière fois ». Triste, très triste.