A l’heure où l’on se rapproche d’une reprise de la saison de NBA, la question des favoris à la victoire finale mérite d’être posée. Les Houston Rockets de James Harden et Russell Westbrook ne semblent plus être classifiés dans cette catégorie à la suite d’échecs récurrents et malgré de grandes ambitions. S’il possède des qualités indéniables, cet effectif pourrait-il mener les Texans au titre de champion dans les prochaines années ? Décryptage.
Avant l’interruption de la saison de NBA, la saison régulière allait peu à peu laisser place au temps des playoffs. Ainsi, il était temps pour de nombreuses équipes de procéder aux derniers ajustements en vue de ces derniers. Parmi ces équipes, on peut citer notamment les Milwaukee Bucks et les Los Angeles Lakers, leaders de leur Conférence respective. Portés par un fort collectif, les Toronto Raptors doivent aussi être pris au sérieux, tout comme les Los Angeles Clippers et leur effectif éminemment qualitatif. A l’heure d’évoquer les favoris au titre, une équipe manque à l’appel malgré des ambitions avouées de titre depuis plusieurs années: Les Houston Rockets. Comment une équipe possédant dans ses rangs deux des cinq derniers MVP du championnat est-elle venue à être si peu considérée ?
Houston Rockets: une équipe très performante en saison régulière
S’ils sont habitués aux bonnes saisons régulières (5 fois présents dans le Top 4 de l’Ouest sur les 6 dernières saisons), les Houston Rockets enchaînent les échecs en phase éliminatoire et ne parviennent pas à atteindre les Finales NBA. Ils ont pourtant, par le passé, été tout proches d’y arriver; en mai 2018, à l’aube des finales de Conférence Ouest, les Houston Rockets, premiers de la saison régulière qui vient de se terminer et menés par James Harden et Chris Paul, s’apprêtent à affronter les Golden State Warriors, qui dominent la Conférence Ouest (et plus globalement la NBA) depuis plusieurs années déjà. Pour les observateurs, le constat est clair: avec l’avantage du terrain, les chances des Rockets sont réelles dans cette confrontation.
L’histoire commence mal, puisque les Rouges perdent le premier match à domicile (106-119). Ils se rattrapent au deuxième match avec une belle victoire (127-105), mais rechutent lourdement lors de la 3e manche en Californie (85-126). Pour Houston, le déclic interviendra à partir du 4e match, remporté de justesse à l’extérieur (95-92) et qui sera suivi d’une nouvelle courte victoire, à domicile cette fois (98-94). A ce moment, le scénario est simple: si les Rockets remportent le prochain affrontement en Californie, ils élimineront les champions en titre et accéderont aux finales de cette saison de NBA. Et, même en cas de défaite, ils disposeront d’une nouvelle chance à l’occasion d’un match 7, disputé cette fois devant leur public.
La désillusion des playoffs 2018
Malheureusement pour eux, les Houston Rockets vont complètement déchanter sous la pression: pas aidés par la blessure de Chris Paul, joueur clé de leur système de jeu, au match précédent, les Rockets s’effondrent en deuxième mi-temps après avoir pourtant mené de 17 points en début de match (résultat final du match 6: 86-115). Malheureusement, cette chute libre se poursuivra au match 7.
Sous pression, les Rockets décident de pousser leur philosophie de jeu au paroxysme, avec un jeu quasi uniquement basé sur le tir à trois points. Malheureusement, l’adresse ne sera pas présente ce soir-là: et Houston voit s’envoler ses ambitions de titre à une marche des Finals. Depuis, les Texans ne sont pas parvenus à rééditer ces performances. Pire, les Houston Rockets ont semble-t-il développé une sorte de complexe d’infériorité face à leurs rivaux californiens au fil des défaites.
Cette élimination de 2018, particulièrement marquante, tend à mettre en lumière les limites de l’équipe, emmenée depuis plusieurs années par Mike D’Antoni, un coach reconnu pour la philosophie de jeu très offensive, notamment par l’importance accordée au tir à 3 points. Ces dernières années, cette superpuissance offensive a d’ailleurs souvent impressionné (50 points marqués en un seul quart temps en 2018 face à Oklahoma par exemple).
Houston Rockets: un style de jeu offensif qui délaisse le jeu collectif
Ce style de jeu semble parfaitement convenir au leader de l’équipe, James Harden. Joueur d’attaque fantastique capable d’enchaîner les prestations énormes au scoring, il semble inarrêtable quand il est lancé. Cependant, cette équipe, en s’appuyant sur une force offensive extraordinaire et sur un joueur indéfendable lorsqu’il est en forme, a d’une certaine manière, mis en péril son jeu collectif. Et les protégés de Mike D’Antoni ont clairement laissé de côté la défense, prérequis pourtant indispensable au gain d’un titre.
Ainsi, effectivement les Rockets sont capables de marquer 125 ou 130 points en un match, ce qui les rend difficiles à battre lorsqu’ils sont dans un bon jour. Oui, James Harden est un scoreur comme nous en avons vu peu ces dernières années. Mais la performance offensive seule ne suffit pas, aussi impressionnante soit-elle. En 2018, les Rockets n’ont pas pu compter sur leur meneur de jeu Chris Paul, seul joueur capable d’orchestrer correctement le collectif des Texans, dans les matchs 6 et 7 face aux Warriors. Un match révélateur de leurs carences tactiques et collectives, avec, ce jour-là, un tir à 3 points des plus défaillants (27 échecs d’affilée derrière l’arc de cercle pour un bilan final de 7 tirs à trois points rentrés sur 44 tentés).
Un effectif de qualité, bien que déséquilibré
Au-delà de ces limites purement tactiques, il semble qu’un remaniement d’effectif s’impose pour viser plus haut. Sur ce point, les dirigeants texans ont tenté plusieurs coups ces derniers mois. Les départs de Clint Capela et Chris Paul et les arrivées de Robert Covington et Russell Westbrook sont les mouvements notables de la reconstruction d’effectif des Rockets. Un pari risqué, avec des joueurs de petite taille, polyvalents, qui mettront toujours plus en valeur une philosophie offensive mais seront d’autant plus fragiles dans des domaines comme le rebond ou la défense intérieure.
Avec la suspension de la saison peu après la clôture du marché des transferts, il encore trop tôt pour juger ces « nouveaux Rockets ». Si le pari tenté paraît astucieux et pourrait porter ses fruits prochainement, les lacunes constatées ces dernières années n’ont pas tellement été comblées: une équipe au potentiel offensif fantastique, avec des joueurs de grande qualité, mais un système d’attaque qui repose grandement si ce n’est uniquement sur l’adresse des leaders de l’équipe. Il faut ajouter à cela une nouvelle construction d’effectif audacieuse, mais franchement déséquilibrée.
Finalement, cette équipe de Houston semble parfaitement à l’image de son leader, James Harden: brillante offensivement, capable du meilleur comme du pire, mais pour l’heure incapable de trouver des solutions lorsque la pression monte et qu’une saison repose sur un match, un temps fort, une action. Charge à elle d’infirmer ce constant afin d’oublier la désillusion de 2018.
Crédits photo à la Une: Keith Allison