Bon dernier de la Conférence Ouest cette saison, Golden State vit une saison cauchemardesque. L’occasion pour la rédaction d’AuStade.fr de se pencher sur le cas de la franchise californienne.
Désormais, chaque mercredi, Au Stade proposera à ses lecteurs une nouvelle rubrique baptisée « Hebdo NBA ». Au programme: des analyses, éditoriaux tranchés et portraits exclusifs, centrés sur le basket américain, au gré de l’actualité.
Avec 12 victoires et 39 défaites, le bilan des Warriors demeure des plus calamiteux en ce millésime NBA 2019/2020; une conjoncture d’autant plus cataclysmique quand on sait qu’elle est même pire que celle d’Atlanta, qui pointe à la quinzième et dernière place de la Conférence Est (13V/38D). Du jamais vu. Si la situation des Warriors semble alarmante, les joueurs californiens ont cependant un semblant d’excuse. En effet, depuis la blessure de Kevin Durant lors du Game 5 des dernières finales NBA, la franchise a subi une véritable descente aux enfers. Entre la blessure de Klay Thompson, le départ de KD et la blessure à la main de Curry face aux Suns en début de saison, Steve Kerr semble accablé par la malchance. Dès lors, le board des Warriors semble avoir orienté sa saison en vue de deux objectifs; celui de miser sur de jeunes joueurs plus ou moins prometteurs, à l’image de Marquese Chriss, Damion Lee, Jordan Poole ou encore Eric Paschall; mais également celui de maximiser ses défaites, par le « tanking », afin de potentiellement récupérer certains des premiers picks lors de la Draft 2020.
Avec la jeunesse, tirer du positif d’une situation catastrophique
Avec un 5-Majeur titulaire foncièrement différent de celui de l’année dernière – à l’exception de Draymond Green -, Steve Kerr a su adapter le roster des Warriors en fonction des blessures de ses cadres de manière à promouvoir des jeunes talents à qui l’hégémonie de de Golden State (2015-2019) par l’omnipotence de ses superstars a fait de l’ombre. Cependant, des joueurs comme Alec Burks ou Eric Paschall auraient-ils pu scorer respectivement en moyenne 16,1 et 13,5 points par match dans d’autres conditions ? Loin de minimiser le talent des jeunes joueurs de Golden State, il convient d’analyser et de nuancer le potentiel intrinsèque et la marge de progression de ces derniers. Car les statistiques, centrales dans l’analyse NBA, demeurent trompeuses.
En effet, en l’absence de Curry et Klay qui scoraient en moyenne 50 points par match à eux deux l’an passé, il y a beaucoup de shoots à prendre pour les (jeunes) joueurs de substitution. Le facteur « temps de jeu élevé » combiné au facteur « large disponibilité de shoots à prendre » donnent aux ainsi au rookies l’opportunité de montrer toute l’étendue de leur talent. D’autant plus que leur motivation est vraisemblablement plus grande que celle des joueurs confirmés; compte-tenu de l’impossibilité à se qualifier en play-offs, des joueurs comme Draymond Green et D’Angelo Russel ne forcent pas vraiment leur talent ces temps-ci. En définitive, les performances de Marquese Chriss, Alec Burks, Glenn Robinson III, Eric Paschall ou encore Ky Bowman, globalement respectables et prometteuses, restent à relativiser. Elles semblent, dans l’ensemble, conditionnées par l’absence des superstars (blessure de Thompson et Curry et départ de Durant) et la suffisance dans le jeu de Draymond Green et D’Angelo Russel.
Le « tanking », ou quand perdre devient une volonté stratégique
Les équipes pratiquant la technique du « tanking » en NBA perdent volontairement des matchs (de manière plus ou moins éloquente) dans le but de terminer aux dernières places du classement en fin de saison et donc d’avoir plus de chances d’obtenir un des premiers picks à la Draft suivante. Cette technique est très fréquemment décriée; d’une part à cause de son caractère irrespectueux vis-à-vis de l’adversaire; d’autre part à la vue de son aspect immoral vis-à-vis des supporters, qui dépensent des centaines de dollars chaque année pour encourager leur équipe, alors que cette dernière ferait exprès de perdre. A la vue de ces éléments, une franchise n’affirmera jamais clairement qu’elle a recours au tanking; cependant, lorsqu’une équipe est en fin de cycle et qu’une reconstruction est nécessaire, cette technique, si immorale soit-elle, semble grandement utilisée. Dans le cas de Golden State cette année, il est évidemment difficile de dire si les défaites sont volontaires ou pas car, avec des rookies qui doivent faire leurs preuves et des joueurs confirmés ayant un semblant de professionnalisme, nul ne peut pointer du doigt avec certitude une réelle volonté de perdre. Cependant, un doute, loin d’être radical et infondé, persiste.
Optimisme et excitation
L’espoir est donc le maître mot s’agissant du futur des Warriors. Avec les retours de blessures de Stephen Curry (reprise annoncée début mars) et de Klay Thompson (retour prévu pour la saison prochaine), additionnés à la marge de progression de jeunes joueurs prometteurs (notamment Marquese Chriss, Alen Smailagić et Jordan Poole), sans oublier la probabilité d’obtenir un des premiers picks de Draft à l’occasion de l’édition de 2020; les fans des Warriors peuvent appréhender l’avenir de leur équipe avec optimisme et excitation. Cependant, la présence de certains joueurs dans l’effectif des Warriors la saison prochaine ne repose que sur des spéculations. Si les « Splash brothers » Steph Curry et Klay Thompson (avec Draymond Green), en place chez les Warriors depuis de nombreuses saisons, évolueront sûrement sous les couleurs californiennes la saison prochaine, le cas de D’Angelo Russel suscite par exemple de nombreuses interrogation, dont les rumeurs de départ à l’aube de l’été 2020 se multiplient. A l’inverse, si maintient de l’effectif actuel il y a, nul ne peut nier qu’un Cinq titulaire Curry-DLo-Klay-Green-Chriss (ou Looney) fait rêver…
Crédits photo à la Une: Cyrus Saatsaz