HEBDO NBA – Après un exercice 2018-2019 des plus délicats, marqué par une défaite en demi-finale de conférence et la gestion désastreuse du cas Kyrie Irving, les Celtics ont réalisé une saison 2019-2020 aboutie, bien que celle-ci ne soit arrivée à son terme à cause du coronavirus Covid-19. Cette franchise de légende est-elle en mesure d’aspirer à un titre NBA dans les cinq prochaines années ? C’est ce que l’on va essayer de découvrir.
Une franchise historique du paysage NBA
Boston est l’une des plus grandes franchises NBA, si ce n’est la première (en concurrence avec les Los Angeles Lakers). L’héritage de légendes comme Bill Russel, Larry Bird ou Paul Pierce est parfois dur à assumer, mais il pousse néanmoins les joueurs à toujours viser l’excellence. Le départ de Kyrie Irving et Al Horford à l’été 2019 symbolise un renouveau pour les Celtics. Ce renouveau consiste en un changement de ligne de conduite, de philosophie sportive. Impulsée par le head coach Brad Stevens, la volonté des Celtics est de ne plus composer avec un franchise player autour duquel toute l’équipe serait bâtie. En ce sens, l’entraîneur et la direction de l’équipe se sont davantage tournés vers une logique de cohésion d’équipe et d’accumulation de talents individuels formant un collectif bien rôdé.
De la venue de Kemba Walker pour remplacer Irving à la progression et l’utilisation croissante de Jaylen Brown et de Jayson Tatum (notre photo), en passant par la confirmation de cadres comme Marcus Smart et Gordon Hayward: tout est mis en place pour que la réussite sportive ne repose pas uniquement sur le talent d’un seul joueur mais bien sur l’entièreté de l’effectif. Bien que Walker soit une star confirmée de la NBA, Brown et Tatum des joueurs à forts potentiels – ces trois joueurs tournent à plus de 20 points de moyenne par match -, aucun problème d’ego n’est à déplorer. L’entente collective semble être au beau fixe, en témoigne la complicité qui règne entre les joueurs sur les parquets et en dehors.
Un effectif équilibré
Le trio Kemba-Jaylen-Jayson aux postes 1, 2 et 3 forme la véritable colonne vertébrale de l’effectif. Le premier, qui sortait de la meilleure saison de sa vie à Charlotte avec 25,6 points de moyenne par match s’est parfaitement intégré au collectif malgré quelques légères blessures. Le fait de pouvoir se reposer sur des meilleurs coéquipiers que chez les Hornets empêche Kemba de capter toute la lumière mais lui permet de jouer avec moins de pression et plus de confiance envers son équipe. Jaylen Brown a lui franchi un réel cap durant cette saison. L’arrière sortait de deux saison à 14,5 et 13 points de moyenne, mais marquées par une irrégularité certaine. Durant l’exercice 2019-2020, Brown a su faire preuve de bien plus de rigueur et de régularité afin de décrocher une moyenne de 20 points par match à 49% au tir dont 38 aux trois points.
Enfin, Jayson Tatum qui était attendu au tournant après une saison de sophomore pleine de promesses, est la plus grosse révélation de cette année. Concurrent pour le titre de MIP (joueur ayant le plus progressé) Tatum tourne à 23,6 points par match et un pourcentage de presque 40% aux trois points. Souvent érigé en futur franchise player des Celtics par les fans, l’ailier a su se rendre irrésistible aux yeux des spectateurs au point d’avoir été nommé pour la première fois All-Star à tout juste 22 ans.
La contrainte du salary cap
Face à ce futur radieux se pose toutefois un problème: celui du salary cap, c’est-à-dire la masse salariale de l’équipe. Avec autant de talents dans une équipe, la franchise se retrouve face à plusieurs salaires importants à gérer et à répartir équitablement tout en respectant les règles imposées par la NBA.
Team Option: option contractuelle pour la franchise qui, soit choisi de garder le joueur une saison supplémentaire, soit choisi de l’envoyer immédiatement sur le marché des agents-libres.
Player Option: à l’inverse de la Team Option, la Player Option est un choix du joueur possédant cette clause dans son contrat. Elle représente une année de contrat supplémentaire que le joueur peut accepter ou refuser. Le joueur se retrouve alors sur le marché des agents-libres en cas de refus.
Qualifying Offer: la franchise propose une dernière année de contrat supplémentaire représentant 125% du salaire de la saison précédente du joueur. La Qualifying Offer s’applique aux rookies entrant dans leur cinquième année de contrat et à certains joueurs ayant joué moins de trois saisons qui deviennent alors des « agents-libres avec restriction ». A la fin de la Qualifying Offer, le joueur dispose du statut: « agent-libre sans restriction ».
Si l’on part du principe que la franchise active toutes les Team Options ainsi que les Qualifying offer et que les joueurs concernés activent tous leur Player option, le salary cap des Celtics pour la saison 2020/2021 atteint les $133 188 901. Or, la luxury tax, le seuil de dépassement de la masse salariale autorisée par la NBA à partir duquel la franchise paye un impôt, est estimée à 139 millions de dollars pour la saison 2020/2021 selon Adrian Wojnarowski. Le problème auquel vont se confronter les Celtics de Boston cet été sera l’optimisation des contrats de leurs joueurs. Compte tenu de leur excellent niveau de jeu produit tout au long de la saison, Jaylen Brown et Jayson Tatum vont arriver en position de force lors de leurs prochaines renégociations cet été. La franchise de Boston, financièrement contrainte, va vraisemblablement être obligée de dégraisser son effectif au point de couper le contrat de certains joueurs.
L’avis de la rédaction d’Au Stade: se séparer de Hayward
La meilleure solution qui s’impose aux dirigeants des Celtics serait de se séparer de Gordon Hayward dont le rendement en terme de niveau de jeu ne coïncide en rien avec un salaire annuel de 32 millions de dollars. Ces 32 millions récupérés dans le salary cap se montreraient alors très utiles dans l’objectif de bétonner les contrats de Tatum et Brown afin de les garder le plus longtemps possible dans le Massachusetts.
Si les Celtics parviennent à garder un trio Walker-Brown-Tatum et l’entourer de joueurs confirmés, il n’y a nul doute que la franchise sera un sérieux concurrent au titre NBA dans les prochaines années. Les perspectives d’avenir de Boston sont très prometteuses, la direction et les joueurs des Celtics ont désormais toutes les cartes en main pour potentiellement, bientôt, décrocher un 18e sacre.
Crédits photo à la Une: Erik Drost