DESTINS BRISÉS NBA – La NBA est façonnée par des trajectoires contraires et paradoxales, une ligue où tous les rêves sont permis mais où la désillusion peut être brutale. Au Stade a décidé de s’intéresser aux jeunes joueurs prometteurs qui ont vu leurs carrières vaciller : pour ce troisième épisode de Destins brisés, focus sur le cas Chandler Parsons.
Carte d’identité – Chandler Parsons
Âge: 31 ans
Nationalité: Américain
Taille et poids : 2m06 et 104kg
Poste: Ailier
Classement à la Draft: 38e
Équipe actuelle: sans équipe
Chandler Parsons, une arrivée particulière et délicate en NBA
Chandler Parsons est un joueur singulier ayant suivi une trajectoire particulière avant d’être drafté. Passé par la prestigieuse Florida University comme Joakim Noah, l’ailier est élu meilleur joueur de Southeastern division en 2011. S’il est un bon joueur universitaire, Chandler Parsons n’est pas une superstar et tourne autour de 11 points, 8 rebonds et 4 passes de moyenne par match lors de sa dernière année en tant que senior à l’université. Son statut d’ailier polyvalent n’est pas confirmé à la Draft puisque le Floridien n’est sélectionné qu’au deuxième tour, à la 38e place, par les Houston Rockets.
Une place légèrement en-deçà des attentes et de son niveau mais qui satisfait pleinement les dirigeants texans, conscients d’avoir fait une bonne affaire pour cette Draft 2011. Le natif de Floride signe alors un contrat de 3,6 millions de dollars sur 4 ans, ce qui représente un excellent contrat compte tenu du réel niveau de l’ailier.
Un passage écourté à Cholet
Toutefois, avant de joueur pleinement pour les Rockets, Parsons décide de poser ses valises en France pour sa première saison en s’engageant avec Cholet Basket. Un choix qui peut paraitre surprenant puisqu’un départ pour l’Europe est souvent réservé à des joueurs à bout de souffle. De plus, il est assez rare de voir un joueur s’engager pour l’Europe après la Draft, le processus inverse étant plus classique. Ce choix s’explique par le « lock-out » qui intervient durant le début de la saison 2011-2012, une situation exceptionnelle où les joueurs font grève en cas de désaccord entre la NBA et leur syndicat.
C’est pour cette raison que la saison 2011-2012 ne débute qu’en octobre et que son nombre de matchs est raccourci (66 au lieu de 82 matchs). La fin du lock-out précipite ainsi le départ du joueur: Parsons ne participe qu’à seulement trois rencontres avec Cholet, avant de repartir pour les États-Unis.
En NBA, des débuts prometteurs et une réelle éclosion lors de sa deuxième saison
Lors de sa première saison avec les Rockets, Chandler Parsons s’avère très précieux et participe quasiment à la totalité des rencontres de saison régulière avec 63 matchs au compteur. Preuve que les Rockets comptent sur lui: son temps de jeu est important. Parsons séduit les Rockets grâce à son physique longiligne, sa mobilité ainsi que sa capacité à shooter de loin. Il réalise des statistiques intéressantes en tant que rookie avec 9,5 points, 5 rebonds et 3 passes de moyenne par match. Une ligne de statistiques qui lui permet même d’atteindre le deuxième meilleur cinq majeur des rookies en fin de saison.
Mais c’est véritablement lors de sa deuxième saison que Parsons exploite tout son potentiel avec des statistiques très impressionnantes pour son jeune âge. En 2012-2013, Parsons marque environ 15,5 points, capte 5,3 rebonds et délivre 2,3 passes décisives en moyenne par match. Il s’impose comme l’un des meilleurs poste 3 en NBA et confirme son statut dès l’année suivante en 2014. Parsons participe à 74 rencontres et score en moyenne 16,6 points pour environ 5 rebonds et 4 passes en moyenne par match ! S’il n’est pas All-Star, Parsons fait office de véritable lieutenant dans l’effectif des Rockets pour accompagner les deux superstars, James Harden et Dwight Howard. Des performances qui lui permettent d’accéder aux playoffs à deux reprises.
Chandler Parsons, un record en NBA
C’est également individuellement que l’ailier fait ses preuves avec un record NBA, celui du nombre de paniers réussis à trois points dans une seule mi-temps en janvier 2014 face aux Grizzlies de Memphis. Parsons réalise la performance exceptionnelle de réussir 10 paniers à trois points en seconde mi-temps, lui permettant d’inscrire son record de points sur un match avec 34 unités. C’est également durant cette année-là que l’ailier fait partie de la pré-sélection de la Team USA pour la Coupe du monde 2014.
Par la suite, alors qu’il est en fin de contrat, l’ailier refuse l’offre des Rockets de jouer en team option. Avec ce refus, Parsons devient agent libre pour l’été mais les Rockets peuvent tout de même s’aligner sur n’importe quelle offre de contrat soumise par une autre équipe.
Chandler Parsons aux Mavericks, la difficile confirmation
Finalement, Parsons décide d’accepter l’offre des Mavericks de Dallas lui proposant un contrat de 46 millions sur 3 ans. Un très bon contrat sur lequel les Rockets n’ont pas voulu s’aligner pour des raisons financières et stratégiques. En effet, malgré les promesses d’un alignement sur le contrat de Parsons, le contrat était trop important et risquait de freiner l’arrivée d’autres joueurs pour seconder le duo de stars Harden-Howard.
Parsons signe aux Mavs avec l’idée de jouer un plus grand rôle en NBA. Toutefois sa ligne de statistique et son apport offensif est similaire à celui de l’année passée sous les couleurs de Houston. Son impact défensif est médiocre mais sa capacité à shooter derrière l’arc satisfait les fans et les dirigeants. L’équipe fonctionne bien et bataille pour une qualification à l’Ouest pour les playoffs. Parsons est toujours aussi efficace avec environ 16 points, 5 rebonds de moyenne par match. Sa deuxième saison est plus mitigée avec une légère baisse au niveau du scoring et du temps de jeu. Il reste un élément essentiel dans le bon fonctionnement de l’effectif texan avec ses 13,7 points de moyenne pour 61 matchs joués.
Or, en mars 2016, Parsons se blesse après avoir ressenti une douleur à l’ischio-jambier. Finalement cette douleur anodine se révèle être une déchirure du ménisque du genou droit. Après une période de rééducation intense, lors de l’été 2016, Parsons décide de décliner sa player option avec Dallas pour bénéficier d’un plus gros contrat en pleine période de chute du salary cap.
Le pari complètement raté des Memphis Grizzlies
Le 1er juillet 2016, Memphis saute sur l’occasion pour signer le shooteur américain afin d’épauler le tandem Conley-Gasol. Le montant du contrat est faramineux, Parsons signe pour 94 millions sur 4 ans avec les Grizzlies. Un contrat qui choque les fans malgré l’inflation des salaires NBA à l’été 2016. Surtout que Parsons apparaît comme un joueur fragile auteur d’une dernière saison moyenne avec les Mavs.
Effectivement, Parsons manque les six premiers matchs de la saison 2016-2017 par peur d’une rechute de sa blessure au genou. Son temps de jeu est amoindri par rapport à son rang et lors de sa première saison avec les Grizzlies, Parsons ne joue que 34 matchs. Et après s’être de nouveau blessé au genou gauche, son apport offensif est catastrophique. À environ 6 points de moyenne en 20 minutes de jeu, l’ailier déçoit terriblement. Son adresse est faible (34% au tir) et le joueur est même hué par son propre public. Les fans de Memphis n’hésitent pas à l’humilier en dehors des parquets. Parsons est même chambré sur les réseaux sociaux par des joueurs de sa propre ligue se moquant publiquement de son contrat sur Twitter !
Parsons, la rechute
En mars 2017, la souffrance physique du joueur atteint son paroxysme avec une nouvelle déchirure du ménisque de son genou gauche. Une nouvelle désillusion témoignant d’une carrière en décadence. Malgré son effort pour retrouver les parquets, Parsons ne joue que 36 matchs en 2017-2018 pour 7 points de moyenne.
Sur deux années passées dans le Tennessee, son niveau de jeu n’a cessé de baisser. Compte tenu de son énorme contrat, la tension mêlée à la frustration n’améliore pas les relations entre le joueur et les dirigeants favorables à sa sortie. Une voie quasi-inenvisageable pour les Grizzlies, puisque ses deux saisons sont encore garanties. Le seul moyen est de prévoir un trade où une équipe serait prête à accepter son contrat et prendre en charge son salaire.
Un énième coup du sort
En définitive, la carrière de Parsons est en chute libre, avec le poids d’avoir empoché ce qui semble être le pire contrat NBA de l’histoire. En juillet 2019, Parsons est envoyé aux Hawks d’Atlanta en échange de Miles Plumlee et Solomon Hill. U nouveau départ et une nouvelle blessure: Parsons se blesse de nouveau au genou. Avec seulement 5 matchs joués pour 10 minutes de jeu et à peine 3 points de moyenne, il est coupé en février 2020.
Ce départ est précipité par un énième coup du sort puisque le joueur est blessé lors d’un tragique accident de voiture. Avec un traumatisme crânien et une déchirure du labrum, sa carrière NBA est en suspens. L’accident provoqué par un conducteur en état d’ébriété ne fait que souligner la malchance du joueur alors « dans sa meilleure forme physique depuis des années », selon les dires de ses proches. Un hypothétique retour sur les parquets passera d’abord par une longue et périlleuse rééducation…
Crédits photo à la Une: Norma Gonzalez, The Pan American