La consommation de cannabinoïdes, désormais autorisée en NBA, fait toujours débat en Europe, notamment en France. Comment expliquer un tel décalage normatif ? Décryptage.
Aux États-Unis, la jurisprudence Disney World
En juin 2020, lorsque la saison NBA reprend son cours après avoir été brusquement stoppée quelques semaines auparavant à cause de la pandémie de Covid-19, une réforme censée demeurer exceptionnelle est décrétée: la Ligue ne réalisera pas de tests antidopages ciblant des produits stupéfiants, y compris le cannabis. La raison ? La fin de la saison régulière et les playoffs n’ont pu se dérouler qu’au prix d’une logistique hors-normes, puisque l’ensemble des rencontres se sont disputées au parc Disney World à Orlando. Les joueurs étaient dès lors placés dans une « bulle sanitaire », coupés de tout contact avec l’extérieur. Or, plus des tests antidopages étaient réalisés, plus les risques d’une contamination au Covid-19 entre soignants et athlètes était grand.
Pour autant, aux États-Unis, la pandémie de Covid-19 ne peut pas, à elle seule, expliquer une telle réforme. En effet, lorsque les officiels de la NBA ont décrété provisoirement la suspension des tests antidopages à l’égard des stupéfiants, seuls 6 Etats accueillant en leur sein une franchise dans les quatre sports US majeurs n’avaient pas encore légalisé le cannabis. La décision de la NBA de mettre fin définitivement aux contrôles inopinés visant les stupéfiants demeurait donc des plus inéluctables. Elle a été annoncée officiellement en décembre dernier, au moment du lancement de la saison 2020-2021, pérennisant de facto une réforme qui se voulait temporaire.
Le cannabis séduit de plus en plus de joueurs
La décision du comité d’éthique de la NBA n’a pas réellement fait débat outre-Atlantique, tant les joueurs et observateurs ont, pour la plupart, très bien accueilli la nouvelle. Il faut dire que, depuis plusieurs décennies, le nombre de joueurs NBA ayant recours à la consommation de cannabinoïdes n’a cessé de croître: « Je crois que 80% des joueurs en NBA consomment du cannabis sous une forme ou une autre », rappelait récemment Al Harrington, ancien ailier des Indiana Pacers (1998-2004), dans les colonnes du magazine Forbes.
En Europe, le CBD plébiscité
Au sujet des cannabinoïdes, l’Europe demeure peu ou prou opposée aux États-Unis en terme d’encadrement légal. En effet, mœurs obligent, le Vieux-Continent ne semble pas vouloir légaliser l’usage du cannabis de sitôt, y compris pour les sportifs professionnels, et donc les basketteurs. A ce stade, les États européens entendent dans un premier temps légaliser le cannabis à des fins purement thérapeutiques, comme c’est le cas en Suisse. En France, les mentalités avancent doucement mais sûrement au sujet du cannabis médical: 3 000 patients vont se voir prescrire dans les prochaines semaines un traitement reposant sur l’usage du stupéfiant, a annoncé récemment Olivier Veran, ministre des Solidarités et de la Santé.
C’était un de mes engagements de médecin, je l’ai porté à l’assemblée nationale en tant que deputé, et je suis fier de l’annoncer en tant que ministre : la 🇫🇷 experimente l’usage médical du cannabis.
J’étais aujourd’hui au côtes du Pr @NicolasAuthier_ pour la 1ere prescription.
— Olivier Véran (@olivierveran) March 26, 2021
Pour autant, en France comme en Europe, bon nombre de basketteurs revendiquent d’ores et déjà la consommation de CBD, à savoir une substance également classée parmi les cannabinoïdes, mais ne comprenant pas d’agent psychotrope. Si, en France, le CBD connaît un certain flou juridique – ce dérivé du cannabis n’est ni classé comme illégal ni véritablement légal, tout du moins tant qu’il ne contient pas plus de 0,2% de THC – mais tend à être de plus en plus utilisé par les basketteurs professionnels, notamment en remplacement de traitements médicamenteux (antidouleurs…) pour soigner les douleurs (articulaires, musculaires…) engendrées par la répétition des matchs et des coups. A ce titre, parmi les déclinaisons du CBD, l’huile de CBD semble particulièrement plébiscitée par les joueurs, notamment pour « soulager les douleurs et aider à dormir un peu mieux tout en évitant les produits chimiques« , dixit le basketteur professionnel français Miloud Doubal, ancien arrière des Sharks d’Antibes en Pro A.