Du 15 au 17 février prochain se tiendra la septième édition de la Leader’s Cup, sorte de All-Star Game organisé par la Ligue Nationale de Basket (LNB). Cette compétition vise à donner plus de visibilité au Basket français, peu médiatisé malgré l’engouement mondialement fort pour ce sport. Néanmoins, peu de personnes pourraient véritablement expliciter le format ou l’histoire de cette compétition qui n’est pas uniquement un show mais porte de véritables enjeux sportifs. Décryptage.
Du basket mais surtout du spectacle. Depuis 2013, en organisant la Leader’s Cup, la Ligue Nationale de Basket (LNB) veut séduire les fans de basket de l’Hexagone dont l’intérêt peine à se porter ailleurs que sur la toute puissante NBA. Le basket reste malheureusement encore un sport relativement peu médiatisé en France. Alors quoi de mieux qu’une compétition rassemblant les meilleurs équipes et joueurs français pour braquer la lumière des projecteurs sur la basket français ?
L’objectif de la Leader’s Cup se rapproche de celui du All-Star Game étasunien mais le format de la Coupe du Roi espagnole, l’Espagne restant l’une des nations du Basket les plus puissantes en Europe. Le principe est simple : les huit équipes les mieux classées à l’issue de la phase aller en Jeep Élite (anciennement Pro A) s’affrontent par tours éliminatoires successifs dans l’enceinte de Disney Land Paris. À noter qu’une formule de la Leader’s Cup existe également pour la Pro B, les 18 clubs de deuxième division s’affrontant en phase de groupes puis en phase finale, la finale ayant lieu en lever de rideau de la finale opposant les clubs de première division. La prochaine phase finale aura lieu du 15 au 17 février prochain dans l’enceinte de Disneyland Paris.
Quel business-modèle ?
En choisissant Disneyland Paris comme site d’accueil pour sa compétition, il est clair que la LNB souhaite toucher un public le plus large possible. La forte popularité de Disneyland et son rayonnement mondial donne des potentialités de visibilité très large à la Leader’s Cup. De plus, en visant comme public la famille, la LNB cherche à élargir un maximum son audience, d’autant plus que le partenariat avec le parc d’attraction comprend la vente de packs qui combinent matchs de basket et visite du parc. L’occasion d’imprimer dans l’imaginaire du public un côté spectaculaire voire féérique afin de créer un engouement dont les répercussions permettraient de remplir les salles dans l’Hexagone.
La LNB compte d’ailleurs s’appuyer sur ce partenariat avec le parc d’attraction pour de nombreuses années encore. Ainsi, en 2017, la LNB n’a pas eu besoin de grand discours pour convaincre les clubs avant de prolonger le contrat liant les deux entités jusqu’en 2022. Néanmoins, si la compétition fait le plein de spectateurs à chaque rencontre (4.500 spectateurs) la LNB souhaiterait multiplier cette capacité par 1,5 voire 2 car les recettes billetterie de l’événement sont encore jugées insuffisantes . Conçue pour divers événements sportifs ou séminaires, la Disney Events Arena, installée à proximité des hôtels et des entrées des parcs, est jugée limitée par sa taille. D’ailleurs, la construction d’un complexe multifonctions pouvant accueillir plus de 6.000 spectateurs était récemment envisagée.
Ainsi, le business modèle de la Leader’s Cup pourrait encore se développer davantage. Un véritable équilibre gagnant-gagnant s’est installé entre la LNB et Disneyland. Car nombre de spectateurs des matchs de basket n’hésitent pas à s’offrir des entrés pour les villages d’attractions Disney et à séjourner dans les hôtels. D’autant plus que les prix pratiqués restent très avantageux. Pour des tarifs compris entre 105 et 250 euros, il est possible d’avoir un accès illimité aux matchs de la Leader’s Cup et deux jours complets de visite des parcs sont compris. Notons que des prix avantageux sont proposés aux enfants jusqu’à 11 ans, afin de susciter un intérêt pour le basket dès le plus jeune âge. Enfin, les fidèles supporters des clubs engagés n’ont pas été oubliés puisque une grille tarifaire particulière leur est proposée.
Quelle importance sur le plan sportif ?
À l’origine, les équipes engagées voyaient mal l’intérêt sportif d’une compétition davantage vue comme un produit marketing de la LNB. La Leader’s Cup était même surnommée la « Coupe de Mickey » en référence à Disneyland, un surnom sarcastique symbole d’un désintérêt initial venant des équipes. Néanmoins, en sept éditions, la vision des clubs a changé du tout au tout. Ces dernières prennent désormais à coeur cette compétition et livre une lutte acharnée durant la phase aller pour décrocher le précieux strapontin. Ainsi, comme l’a noté Alain Béral, le patron de la LNB, «même s’il y a la magie du lieu, sur le terrain on voit bien que les équipes ne viennent pas pour le tourisme. Les joueurs sont là pour gagner». La Ligue a donc un joli tour de force en parvenant à convaincre les équipes de l’intérêt de cette compétition et aussi à donner davantage de piquant à une phase aller de Jeep Élite parfois bien monotone dans l’enchaînement des matchs. Mais pourquoi les équipes donnent-elles un intérêt particulier à cette compétition ? Quelles sont concrètement les enjeux sportifs ?
La réponse coule de source pour les clubs engagés dans la formule destinée aux clubs de Pro B. Le vainqueur de la Leader’s Cup version Pro B se voit en effet offrir un ticket pour les plays-off d’accession à la Jeep Élite quelque soit son classement en Championnat. Un stimulant fort alors que la lutte pour les places qualificatives en Pro B est acharnée. Il n’existe pas de récompense analogue pour les clubs de Jeep Élite. Néanmoins, cette compétition reste une incroyable opportunité de faire connaître son club, une incroyable vitrine médiatique pour le vainqueur et une possibilité unique de se frotter à ce qu’il se fait de mieux dans le basket français afin de préparer au mieux de potentiels plays-off en fin de saison.
Comment développer davantage le modèle ?
Si les équipes françaises assurent le spectacle pendant un week-end, l’impact sur le long terme de cette compétition reste encore limité. Difficile de peser dans le paysage médiatique face à la toute-puissance du All-Star Game américain. Le basket européen reste d’ailleurs bien en retrait médiatiquement. Alors pourquoi pas développer une sorte de All-Star Game Européen en regroupant le gratin du Vieux Continent le temps d’un week-end ? Car, le basket français et européen, pour véritablement exister face à la NBA, a encore un travail énorme à accomplir.
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