Annoncée comme le grandissime favori du championnat de France et comme un potentiel outsider européen, l’ASVEL connait des difficultés à assumer son statut en ce début de saison. En effet, le Covid-19 est venu perturber la construction de ce nouveau groupe qui peine à trouver ses repères sur le terrain. Faut-il s’inquiéter pour le champion de France 2019 ?
« Sur le papier, c’est l’effectif le plus fort vu en France depuis vingt à vingt-cinq ans ». La phrase, prononcée avant le début de la saison par le coach de Dijon Laurent Legname, est assez éloquente. Et elle démontre bien la forte impression donnée par l’ASVEL Lyon-Villeurbanne en France à l’aube de cette saison 2020-2021. Ce sentiment de puissance est principalement du à la construction d’un effectif très ambitieux, avec notamment un ancien champion NBA (Norris Cole; notre photo), certains des meilleurs joueurs français (Paul Lacombe, Guerschon Yabusele) ou encore des jeunes joueurs à fort potentiel (Kevarrius Hayes, Matthew Strazel). S’en est suivie une préparation aboutie avec une seule défaite en 6 matchs, concédée sur le terrain d’une solide équipe de Valence.
ASVEL: des résultats nationaux en deçà des attentes
Pourtant, quand l’on dresse le constat de ces premières semaines de compétition, le tableau est loin d’être idyllique pour cette équipe. Outre des défaites plutôt attendues sur la scène européenne (contre Valence et Milan, deux prétendants au Top 8 européen en fin de saison), les Villeurbannais ont affiché un visage inquiétant en Jeep Elite. Défaits dans le match d’ouverture contre Dijon, ils ont également essuyé une défaite à domicile contre Bourg-en-Bresse à l’issue d’une rencontre incroyable.
Certes, ces deux adversaires surfaient sur d’excellentes dynamiques et voulaient absolument s’adjuger un succès de prestige en ce début de saison. Mais la grande supériorité de l’ASVEL dans la qualité et la profondeur de l’effectif aurait dû lui permettre de faire la différence. Malgré cela, elle a réussi à obtenir deux victoires à l’extérieur contre le Champagne Basket et Cholet. Deux victoires acquises dans la difficulté qui ne suffisent pas à convaincre.
Une équipe chamboulée à l’intersaison
De nombreux facteurs peuvent expliquer ce début de saison délicat de l’équipe du président Tony Parker. Tout d’abord, comme pour la quasi-totalité des clubs, l’effectif de l’ASVEL a été récemment touché par le virus Covid-19 qui sévit actuellement. Ainsi, sept joueurs de l’effectif (soit presque la moitié de l’effectif total) ont déjà été touchés lors des trois dernières semaines. Avec la mise en place des mesures sanitaires, les joueurs touchés ne peuvent pas s’entrainer pendant un certain temps.
Or, avec un groupe fortement renouvelé à l’intersaison, il est difficile pour les Villeurbannais de créer une alchimie collective dans ces conditions. En plus de cela, le fait de jouer presque tous les trois jours implique de mettre en place des séries répétées de tests, un dispositif qui a révélé ses limites avec la polémique autour du cas de Norris Cole lors des derniers jours. Et ce n’est pas tout.
T.J. Parker, à peine installé et déjà en danger sur le banc de l’ASVEL
Au-delà de ces problèmes extra-sportifs, des doutes commencent à émerger concernant le secteur sportif du club. A l’image d’Allerik Freeman, arrivé en France avec une réputation de gros scoreur prêt à enfin exploser au haut niveau européen, certains joueurs de l’effectif ne parviennent pas, pour l’instant, à répondre aux attentes. Mais les critiques les plus récurrentes se situent à un autre niveau du secteur sportif. En effet, la nomination de T.J. Parker comme coach au cours de l’été avait fortement surpris, voire suscité le scepticisme chez certains. L’étonnement était d’autant plus grand que Frédéric Fauthoux, pourtant coach reconnu au sein du basket français, ne viendrait que dans un rôle d’assistant.
Nouvelle défaite pour l’ASVEL, la quatrième en cinq matchs officiels cette saison. Au vu des résultats et du jeu proposé, que ce soit en attaque ou en défense, les Villeurbannais doivent-ils déjà penser à se séparer de T. J. Parker ?
— Lyon Sports Actu (@LS_Actu) October 9, 2020
Comme il fallait s’y attendre, les critiques sur ce choix de coach n’ont pas tardé à pleuvoir à la suite des premières défaites de l’ASVEL. Le choix de la direction de placer un entraineur inexpérimenté en première ligne aux dépens d’une référence du basket français sur ces dernières saisons a notamment du mal à passer. Cela n’a fait qu’accentuer la pression sur un T.J. Parker à peine installé à son poste mais déjà annoncé sur la sellette. Ainsi, la pression du résultat semble s’accentuer sur le club à mesure qu’il enchaîne les matchs décevants, et il va falloir inverser rapidement la tendance.
Des débuts difficiles qui précéderont certainement des jours meilleurs
Malgré tout, il semble que le tableau ne soit pas aussi noir comparé à ce que dressent certains suiveurs. D’un point de vue national, l’ASVEL est loin de se trouver dans une situation catastrophique avec 2 succès pour 2 défaites en quatre matchs disputés. Avec le talent et l’éventail de possibilités qu’offre cet effectif, nul doute que Lyon-Villeurbanne sera bientôt de retour à un rang plus conforme à son standing au classement. En Europe, l’ASVEL ne semble pas avoir beaucoup à perdre étant donné la qualité des adversaires, et chaque victoire acquise pourra être considérée comme une performance.
Finalement, les incertitudes autour de l’avenir du club se situent surtout au niveau extra-sportif: les mesures sanitaires mettront-elles l’économie du basket français en péril ? Sera-t-il possible de jouer le championnat sans reporter plusieurs matchs par journée ? Pourra-t-on mener la saison à son terme malgré une problématique évidente de calendrier ? Rien n’est moins sûr. En tout cas, la saison ne fait que débuter pour l’ASVEL, qui va maintenant s’atteler à faire taire ses détracteurs.
Crédits photo à la Une: Yannick – L’oeil du nord