Si vous pensiez qu’une supportrice de football est forcément sage et discrète dans un stade alors vous allez être surpris. Il existe aussi des phénomènes qui n’hésitent pas, sous des dehors d’anges, à payer de leur personne quitte à se faire remarquer dans les tribunes. Direction la Riviera et Nice pour notre 6e opus du Tour de France des supportrices de Ligue 1.
Nous y retrouvons Floriane, 19 ans, étudiante en deuxième année de Bachelor au sein de l’école AMOS Nice (école de commerce spécialisée dans le Sport Business). Présentation: « Je suis née à Cagnes-sur-Mer – eh oui, malheureusement je ne suis pas une pure niçoise – quelques jours après la victoire en finale de la Coupe du monde face au Brésil. D’origine italienne du côté maternel et niçoise du côté paternel, je suis un subtil mélange de caractère, de passion mais aussi de gentillesse. » Nous voilà rassurés, notre pasionaria de l’Allianz Riviera sait être très douce quand elle le veut, profitons en: « Mon intérêt pour le football est venu progressivement pour atteindre son paroxysme depuis 3/4 ans. Dès mes premiers pas j’avais entendu parler de ce fameux ballon rond mais c’est à la suite d’une disparition survenue au sein de ma famille que je me suis plus que jamais plongée dans le monde du sport et plus particulièrement dans celui du football. Un moyen d’évasion ou la possibilité pour moi d’entretenir encore inconsciemment un lien avec cet être cher disparu ? Je n’aurai pas de réponse à donner à cette interrogation mais je suis aujourd’hui ravie de faire partie des supporters et plus particulièrement des supportrices de l’OGC Nice. Mon club. »
C’est donc tout naturellement que Floriane a trouvé sa place dans les gradins: « Auparavant j’allais très irrégulièrement au stade, une fois par-ci, une fois par-là, le foot était quand même loin de mes autres activités sportives comme la danse ou le tennis. Mais, depuis la saison 2014-2015 avec l’arrêt de toute activité extra-scolaire (NDLR: suite à une triple fracture de la rotule au ski, la pratique sportive lui est proscrite depuis 3 ans) il n’a plus été question de manquer une seule rencontre ou une seule information concernant les Rouges et Noirs. Maintenant que je suis abonnée du club, je me rends à chaque match à l’Allianz Riviera avec ma maman et ma grand-mère car oui le foot chez nous c’est en famille mais surtout entre filles. Quel plaisir. »
Une supportrice modèle donc qui ne se ferait pas remarquer ? « Au stade, je n’ai pas de rôle particulier… Je suis placée en tribune Garibaldi et ne faisant donc pas partie de la Brigade Sud je me comporte comme tout le monde… enfin presque: il est vrai que je présente un profil particulièrement expressif lors des matches ce qui m’a valu de me faire connaître auprès de pas mal de personnes autour de moi. En effet, quelqu’un qui arrive très motivée avec une voix en pleine forme et qui repart presque aphone, cela ne passe pas inaperçu. Des amitiés en sont même nées ! » Et de beaux souvenirs de déplacements, extraits: « Avec le retour d’une compétition européenne pour le club, il était impossible d’envoyer nos Aiglons au ‘casse-pipe’ sans aucun soutien. C’est pourquoi, la saison dernière, en plus de tous les superbes matchs à domicile, j’étais présente dans les parcages visiteurs de Salzbourg et de Schalke ou encore dans celui de l’Ajax Amsterdam en août 2017 pour le troisième tour préliminaire de la Ligue des champions. Et bien évidemment, en plus des déplacements européens, j’ai également suivi les Aiglons au stade Louis-II, au Vélodrome, à la Mosson… et ça va être de nouveau le cas durant cette saison. »
Et comme vous l’aurez compris, Floriane n’hésite pas à donner de sa personne pour soutenir ses aiglons adorés, quitte à se mettre en danger physiquement… Florilège: « Lors du déplacement à Salzbourg à 1h30 du coup d’envoi du match, nous étions encore dans les bouchons. De peur de rater le début du match, j’en ai pleuré tellement mes nerfs étaient à vif. Étonnant oui mais la passion ne se contrôle pas. Et à force de m’exciter lors des matchs, j’ai dû une fois, à la mi-temps, faire un petit passage à l’infirmerie de l’Allianz Riviera dû à un fort mal de tête. Après une prise de tension, les infirmiers m’ont dit que j’étais montée à 17. Il était temps de me calmer un peu… » Lors de son dernier déplacement à Rome pour la rencontre de Ligue Europa début novembre, une autre mésaventure est arrivée à notre jeune supportrice: « Pour ma dernière sortie la destination était la Ville Éternelle car plus que jamais pour les Rouges et Noirs tous les chemins ont mené à Rome. Et le mien a été mouvementé pour nous voir jouer la Lazio… En effet, si la ville est magnifique, ses forces de l’ordre sont un peu moins accueillantes. Lors du rassemblement d’avant-match dans le parc de la Villa Borghèse, la tension est rapidement montée entre les deux parties. Fumigènes, pétards et voilà plus de 1 000 niçois chargés par la police… L’occasion pour moi de me faire une petite foulure à la cheville en courant et ainsi d’agrandir mon palmarès des mésaventures lors de mes périples européens. Cependant, la douleur a été vite oubliée avec le beau match des Aiglons même si, par malchance, la victoire n’a pas été au rendez-vous. »
Dans ces cas-là on se dit: peut-être qu’en soutenant la sélection nationale ce sera plus calme ? Détrompez-vous: « J’ai assisté une seule fois à un match des Bleus, c’était le 1er juin 2014 à l’Allianz Riviera face au Paraguay. Score final match nul, 1 partout. Et, pour l’anecdote, le lendemain du match, j’ai effectué une petite escale à l’hôpital La Fontonne à Antibes. En effet, mon corps a eu du mal à supporter la montée de tension occasionnée par le match de la veille. Car oui, quand on supporte une équipe, on le fait avec tout son cœur et toute son énergie. »
Quand je vous disais que Floriane était un ange volcanique, toujours en perpétuelle activité, en fusion !
Et la tornade Rouge et Noire a décidé fort logiquement de marier le football à ses études: « Leur association a été très facile. En effet, l’amour inconditionnel que je porte à mon club m’a donné l’envie d’allier passion et travail pour mon avenir professionnel. Par conséquent, me voilà dans une école de commerce spécialisée dans le domaine sportif où je m’épanouis pleinement. Il est vrai que, sans cet amour du ballon rond et surtout du Gym, je ne sais pas dans quelle voie je me serais engagée à l’issue de mon baccalauréat… En cours, les premières discussions portent généralement et majoritairement sur le football pour mon plus grand bonheur dès les premiers instants de la journée. Même si l’ensemble des étudiants n’est pas supporter de l’OGC Nice, les échanges restent calmes. Parler 100 % de football, de son club de cœur et plus généralement de sa passion tous les jours, n’est-ce pas le rêve de tous les mordus du ballon rond ? Pour moi, oui. D’ailleurs beaucoup de camarades me questionnent souvent pour savoir d’où me vient cette passion pour le foot et surtout cet amour pour l’OGC Nice, ils arrivent même à ressentir également des frissons en entendant mes explications et en me voyant parler avec autant de tendresse du club. Mes émotions sont communicatives. »
Vous aurez bien compris qu’entre Floriane et l’OGC Nice c’est un lien indéfectible, tissé au gré des événements de la vie, comme une bouée à laquelle se raccrocher par gros temps. « Qu’est-ce que le foot m’apporte? Simplement, tout. C’est à la fois une échappatoire au quotidien, un moyen de faire de très belles rencontres – qui façonnent ma personne un peu plus chaque jour et surtout, à mon sens, un milieu qui rassemble et rapproche. »
Et qui permet de mixer désormais les femmes et les hommes dans une même passion partagée: « Pour ma part, je n’ai pas une vision différente du foot de celle des garçons. Quand je discute avec eux, je ne vois pas de différence sur la manière d’aborder les matchs. Je chante, je crie, je m’énerve, comme eux voire même plus que certains (NDLR: ça, nous l’avions bien compris). Ma maman est d’ailleurs parfois ‘gênée’ car des supporters se retournent souvent pour regarder qui crie aussi fort. Disons qu’au stade c’est plus Florian que Floriane à certains moments. Je dois tout de même préciser que je ne suis pas forcément comme ça dans la vie de tous les jours, je parle bien et ne hurle pas tout le temps, bref je sais me contenir. En échangeant avec des personnes pas forcément supportrices de l’OGC Nice, j’ai également eu le droit à des ‘J’aimerai venir au stade juste pour voir comment tu te comportes’. Après, en ce qui concerne le nombre grandissant de supportrices, il amène très certainement plus de douceur dans le monde du football et une passion plus raisonnée. »
Ce qui permet à notre délicieuse Floriane de distiller la sienne auprès du club et de l’encourager, surtout en ces moments délicats où les résultats sont décevants: « Je suis, dès que je le peux, présente, au centre d’entrainement Charles Ehrmann afin de retrouver des supporters qui sont devenus des amis pour certains et surtout afin de me sentir au plus près des Aiglons et toujours investie dans l’aventure du club. Ce que j’aime par-dessus tout dans le foot, ce sont ces clubs qui savent rester proches et reconnaissants envers leurs supporters comme l’OGC Nice par exemple, un très bon club ‘familial‘ dont j’espère que le déménagement dans le nouveau centre de formation ne changera en rien cette proximité avec le staff et les joueurs. Cependant, ce que je regrette un peu ces derniers temps dans le monde du foot, c’est la perte de passion entre supporters de différents clubs. En effet, on peut constater que les habituelles ‘taquineries‘ laissent directement place à de la méchanceté gratuite, à une vraie agressivité et des commentaires déplacés sans fondement… »
Mais il demeure chez Floriane cet amour irraisonné, ou plutôt qui a tellement de raisons, du football et de ses acteurs. A ce propos, quels sont les chouchous de notre supportrice de choc ? « Pour ce qui est de mes idoles, je n’en ai pas réellement. Mais je pense immédiatement à Zidane et son talent extraordinaire. Actuellement, il y a des joueurs dont j’apprécie grandement le style de jeu et leur rapide évolution comme, et pour ne citer que lui, Paulo Dybala, numéro 10 à la Juventus de Turin. Et du côté de l’OGC Nice j’ai une tendresse toute particulière pour Arnaud Souquet. Curieusement, en voyant ses premiers matches je n’avais qu’une envie: un retour de Ricardo ! Mais je pense qu’il a pris au fur et à mesure une assurance que peu de monde imaginait. So jeu est simple et efficace, il ne compte pas ses efforts et règne pour moi en tant que patron dans son couloir droit. Souriant et abordable à l’entraînement il est rapidement devenu l’un de mes chouchous. »
Très présente dans la vie du club, notre ambassadrice du Gym nous livre pour finir deux des moments qui ont le plus marqué sa courte mais intense vie de supportrice: « Je garde en mémoire le discours de René Marsiglia, qui nous a malheureusement quitté il y a un an, lors du maintien acquis à la fin de la saison 2011-2012 et plus récemment la musique de la Ligue des champions entendue au sein de l’Allianz Riviera qui m’a fait frissonner de bonheur et je l’avoue, oui, verser une petite larme… » Il est temps de prendre congé de Floriane et de ce ciel méditerranéen si pur qui l’a bercé depuis sa naissance. Elle va continuer à veiller avec tendresse sur le club qui a donné un nouveau sens à son existence. Heureux OGC Nice qui peut compter sur l’amour d’un ange empreint d’une telle force de caractère, d’une telle bienveillance, d’une telle humanité.
Comme si les paroles de « Nissa la bella », l’hymne du club et de ses supporters, avaient été composées pour elle :
Toujours je chanterai, sous tes tonnelles, ta mer d’azur, ton ciel pur, et toujours je crierai, dans ma ritournelle, vive, vive Nice la Belle ! »
Crédits photo à la Une: DR