Impossible pour un club de sport amateur ou une association sportive de pérenniser son activité et recruter des joueurs sans se fournir en matériel sportif de qualité. Décryptage.
On peut raisonnablement avancer que la France est un pays de sportif. A l’échelle nationale, le pays compte près des dizaines de milliers de structures sportives, clubs et associations: 70 000 structures affiliées à des fédérations de sports olympiques (football, rugby etc.), 41 000 affiliées à des fédérations de sports non-olympiques et près de 56 000 affiliées à des fédérations multisports. Se pose dès lors la question de l’approvisionnement en matériel sportif pour ces clubs.
Le marché du matériel sportif en France: zoom sur le football professionnel
Sport populaire par excellence, le football connait un grand engouement en France: près de 4.8 millions de Français déclarent le pratiquer régulièrement, loin devant le basket-ball (1.4 million de pratiquants) ou encore le rugby (420 000). Pis, avec plus de 1.9 million d’adhérents, le football caracole en tête des sports les plus populaires d’un point de vue macro, loin devant des fédérations telles que le tennis (950 000 licenciés) ou encore l’équitation (664 000 licences délivrées en 2019).
A ce titre, le football est un secteur stratégique pour les équipementiers sportifs, mais également pour les distributeurs, à l’instar d’une entreprise comme Casal Sport, plus de détails ici. Cependant, concernant les équipementiers, le football professionnel est un marché dit oligopolistique, c’est-à-dire que l’offre est accaparée par une poignée d’entreprises, alors que les consommateurs, quant à eux, sont nombreux.
Crampons des joueurs professionnels: l’hégémonie Nike et Adidas
En 2020, Nike et Adidas avaient à eux deux près de 85% des joueurs de football professionnels en France sous contrat sponsoring concernant les chaussures de foot. Si on y rajoute l’entreprise concurrente Puma, on arrive à un chiffre ahurissant: 98% de parts de marché. Le reste desdites parts de marché (2%) est donc partagé entre des acteurs bien plus modestes, à l’instar de Kipsta (la marque de Decathlon), Under Armour (qui connaît un taux de pénétration restreint en Europe contrairement au marché américain), New Balance (qui peine à s’affirmer sur le secteur du foot contrairement au running, son marché phare) ou encore Mizuno (problématique similaire à New Balance).
Quels intérêts ont ces entreprises à arroser massivement les joueurs professionnels de contrats sponsoring ? La réponse est simple: la stratégie marketing de sponsoriser des joueurs professionnels, qui représentent un foyer de quelques centaines de personnes en France, permet de se positionner sur le marché des joueurs de football amateurs, un secteur très attractif et lucratif au regard des chiffres cités plus haut – 4.8 millions de pratiquants réguliers, 1.8 million de licenciés. Cependant, se pose également la question de l’approvisionnement en matériel sportif des clubs amateurs et associations.
Le cas des clubs amateurs
Pour en revenir au cas du football, au sein d’un club amateur affilié à la FFF (Fédération Français de Football), les joueurs des différentes équipes devront se fournir eux-mêmes en crampons (sans sponsoring possible, puisqu’ils sont amateurs). Mais revient au club la charge de fournir le matériel et équipement restant: chaussettes officielles du club, shorts, maillots, brassards de capitaine etc.
A ce titre, contrairement aux clubs professionnels qui négocient des partenariats directement avec les marques présentes sur le marché (Nike, Adidas, le Coq Sportif, New Balance etc.), les clubs amateurs sont dans l’obligation de passer par des distributeurs pour s’équiper. Une inégalité sur le plan économique – puisque les clubs professionnels sont payés pour s’équiper, c’est l’inverse pour les clubs amateurs – qui, finalement, s’estompe puisque les produits commercialisés par les entreprises distributrices sont de la même qualité que ceux réservés aux équipes professionnelles – parfois même, les modèles sont exactement les mêmes.