2019 est décidément un millésime prolifique pour l’avenir du cyclisme mondial. Après les révélations de Mathieu Van der Poel et Wout van Aert plus tôt cette saison, un autre minot du peloton est sorti de sa boîte et a éclaboussé les fans de la petite reine de tout son talent. Retenez bien son nom: il s’agit de Remco Evenepoel, vainqueur à 19 ans de la Clasica San Sebastian samedi.
Certains ont dû se frotter les yeux à de multiples reprises pour y croire. Mais, oui, le jeune Remco Evenepoel a bien levé les bras à l’arrivée de la Clasica San Sebastian samedi dernier. Une victoire des plus inattendues alors que le jeune Belge de 19 ans n’a même pas encore un an de courses World Tour dans les jambes. A peine démarrée, la carrière de celui que l’on compare déjà Eddy Merckx vient de prendre de manière précoce énormément de relief. Le relief, celui du Pays Basque espagnol, n’a d’ailleurs pas vraiment effrayé le jeune coureur qui a épaté tout son monde en distançant, à la pédale, des cadors du peloton tel que le champion du monde Alejandro Valverde ou encore Simon Yates pour remporter sa première course professionnelle. Remco Evenepoel, qui devrait donc ne pas s’éterniser au niveau espoirs (qui concerne les coureurs âgés de 19 à 23 ans) offre une autre carte à jouer à la formation Deceuninck-Quick Step, qui enregistre sa 53e victoire cette saison. Mais d’où vient-il et qui est-il, ce jeune phénomène Belge, fils de Patrick Evenepoel, lui aussi coureur cycliste professionnel dans les années 1990 ?
Du ballon rond au vélo
C’est un concours de circonstances qui a redirigé Remco Evenepoel vers le cyclisme. A l’origine, le Belge ne se voyait pas briller sur un vélo. Sa motivation était d’abord le ballon rond, et il faut dire qu’il se débrouillait bien. Footeux depuis ses 5 ans, Remco Evenepoel a longtemps brillé sous les couleurs d’Anderlecht, club des plus mythiques au Plat Pays. Il y a écumé toutes les catégories chez les jeunes et a très rapidement tapé aux portes de l’équipe première. Comme sur un vélo, le Belge ne rechignait à réaliser aucun effort. Une détermination récompensée par des sélections régulières au sein des équipes de jeunes des Diables Rouges. Remco Evenepoel a ainsi défendu les couleurs de son pays chez les U15 et les U16. Il y assume même le capitanat le temps d’une rencontre. Mais peu à peu, son intérêt se détourne du monde du ballon rond. La tentation de suivre les pas de son père s’intensifie. Alors qu’il vient de rejoindre l’équipe U19 de Malines au Nord de la Belgique, Remco Evenepoel range les crampons aux vestiaires. Définitivement.
Une éclosion éclaire
Lorsque l’on tutoie le talent, ce dernier peut vite devenir une drogue. Sur un vélo, comme avec un ballon au pied auparavant, le natif de Schepdael s’affirme rapidement comme un crack en devenir. Dès ses premiers coups de pédale en 2017, le jeune coureur le sait: il lui faudra énormément de travail pour rattraper le temps perdu. Une véritable course contre-la-montre se lance alors pour le jeune Belge qui se fixe rapidement comme objectif de devenir professionnel. S’il n’a pu réaliser ce rêve dans le monde du football, sa détermination sur son vélo va très rapidement être récompensée. Le Belge monte vite, tellement vite que ses concurrents aux Mondiaux Juniors 2018 ne peuvent le suivre à la fois sur la course en ligne et sur le contre-la-montre. Des résultats acquis quatorze mois seulement après sa décision de troquer les pelouses pour l’asphalte. Ses bonnes performances ne passent pas inaperçues, surtout de l’autre côté de la frontière, dans le Royaume de Belgique. La plus grande formation du Plat Pays flaire le bon coup. Remco Evenepoel rejoint alors la Deceuninck-Quick Step, où il sera appelé à côtoyer des coureurs comme Julian Alaphilippe, Philippe Gilbert ou Enric Mas. Un pari qui s’est donc révélé gagnant-gagnant. Si la Deceuninck-Quick Step a cru passer à côté de la victoire samedi sur les routes basques suite à l’abandon pendant la course d’Alaphilippe, annoncé comme grandissime favori après sa victoire sur ses mêmes routes la saison passée, l’insolent Evenepoel s’est alors occupé de tout alors que son équipe, elle non plus, n’avait pas vraiment vu venir le coup.
Evenepoel veut se donner les moyens de voir encore plus haut
Après avoir dompté les pentes de la Clasica San Sebastian, Remco Evenepoel va maintenant faire face à un autre type de difficulté: la confirmation. Dans le monde du sport tout va très vite et le jeune coureur sera attendu sur toutes les courses où il s’alignera. Les sollicitations aussi vont s’intensifier. Il s’agira pour lui, comme pour son équipe, de faire les bons choix. Un tel talent ne peut être gâché. S’il veut continuer à progresser, Remco Evenepoel devra encore travailler énormément. Tâche à lui de s’entourer des bonnes personnes et d’intégrer les bonnes structures pour travailler dans les conditions les plus sereines. Dans un avenir immédiat, le coureur envisagerait de quitter ses attaches Belges et de rallier la Principauté de Monaco. Il devrait y retrouver nombres d’autres coureurs professionnels qui y ont déjà fait leur nid. Un passage obligé s’il veut encore progresser et dans le futur devenir une tête d’affiche sur un Grand Tour. Si la route peut paraître encore longue pour un coureur révélé sur le tard, le temps devrait, à 19 ans, lui donner les moyens de ses ambitions. Dans un avenir immédiat, le coureur cherchera à briller sur les routes du Yorkshire fin septembre aux championnats du monde. Il y retrouvera le Néerlandais Mathieu van der Poel et son compatriote Wout van Aert pour un premier combat explosif entre étoiles montantes du cyclisme mondial.
Crédits Photo à la Une: Granada