2017 est une illustration on ne peut plus claire de la perte de vitesse du Masters 1000 de Paris-Bercy, une déception prononcée pour ce tournoi qui souffre d’une perte d’intérêt due à de nombreux facteurs. Cette année, la sonnette d’alarme est tirée de manière plus véhémente après un tournoi décevant qui a vu une affiche Sock-Krajinovic en finale.
2017, l’année de trop ?
Après le triplé de Novak Djokovic et la victoire d’Andy Murray l’an passé, Paris-Bercy pensait avoir retrouvé des couleurs, surtout après une édition 2012 surprenante qui avait vu David Ferrer s’imposer en finale contre… Jerzy Janowicz. Au moins pouvait-on dire qu’un membre du Top 10 s’était imposé. Cela ne fut pas le cas en 2017 où l’affiche peu alléchante entre Jack Sock et le 77e mondial Josip Krajinovic, tout droit sorti des qualifications, allait sacrer un joueur classé au-delà de la dixième place mondiale. Mais là n’est peut-être finalement pas le pire; la semaine entière de compétition étant assez décevante, digne d’un tournoi ATP 500 au mieux. Car l’on ne peut pas seulement se réfugier derrière l’hécatombe qui a touché la planète tennistique l’été dernier avec les forfaits pour la fin de saison de Novak Djokovic, Stanislas Wawrinka, Kei Nishikori, Andy Murray et Milos Raonic. A vrai dire, les autres tournois ont réussi à rester attractifs et il va sans dire que le Masters de Londres sera à la hauteur des attentes malgré un Top 10 dégarni par les forfaits. Pourtant, lorsque l’on a vu les têtes d’affiche de cette édition 2017 de Paris-Bercy, nous ne nous sommes pas dit que l’on allait assister à une édition décevante: avec les présences de Nadal, Thiem, Del Potro ou encore Cilic, il apparaissait évident que nous allions tout de même assister à des matches acharnés. Il en a été tout autre. Même les Français, qui pouvaient pourtant bénéficier d’un tableau plus avantageux avec les forfaits et contre-performances des grosses têtes du circuit, ont été décevants sauf un seul, eux qui n’ont plus atteint la finale à Bercy depuis 2011, c’était Jo-Wilfried Tsonga, dernier vainqueur français en 2008, face à Roger Federer. Celui qui n’a pas déçu, c’est Julien Benneteau, l’une des surprises du tournoi, demi-finaliste après avoir sorti David Goffin ou encore Marin Cilic. Il a malheureusement été sorti par Sock en demies pendant que Krajinovic battait Isner, dernier survivant du Top 10.
Certes, on ne peut rien enlever au mérite des surprises de la semaine, mais les têtes de série étaient-elles réellement impliquées ? Difficile de le dire, peut-être que l’édition 2017 était une édition sans. Néanmoins, la déception qu’ont procuré les favoris est grande et il est normal de s’interroger sur leur degré d’implication. Car pour la plupart, la tête était plutôt à Londres. La cerise sur le gâteau fut tout de même l’abandon de Rafael Nadal, officiellement pour des problèmes physiques, en quarts de finale, laissant le champ libre à Krajinovic. Ainsi, c’est une finale inédite, surprenante et terriblement révélatrice de la perte de vitesse de Bercy à laquelle nous avons assisté. Car lorsque l’on regarde les finales des neuf Masters 1000 de cette année, celle de Paris-Bercy est loin d’être la plus alléchante. Et bien souvent, elle est désertée par le Top 3 mondial qui pense à Londres. Les quatre précédentes éditions n’étaient donc que des exceptions dans le flou qu’entretient Bercy, un flou difficile à cerner qui fait du tournoi parisien un Masters 1000 fragile.
Le changement ce n’est pas encore pour maintenant
Lorsqu’il est arrivé en 2012 à la tête de la direction du tournoi, Guy Forget ne s’attendait sans doute pas à connaître une première édition mouvementée avec une finale entre David Ferrer et Jerzy Janowicz, tombeur de trois Top 15 et issu, comme Krajinovic, des qualifications. C’était encore une édition décevante. Requinqué par les quatre éditions suivantes, le premier vainqueur français du tournoi ne peut tomber que de haut cette année. Et son souhait de faire bouger les choses ne trouve pour l’instant aucun répondant. Il est en effet compliqué de bouleverser un calendrier tennistique bien défini où aucun tournoi n’est placé au hasard. Février, comme il l’évoque, serait un bouleversement notoire pour la tournée sud-américaine et il ne faut pas oublier que Paris a cette position du fait de sa proximité avec Londres. Oui mais voilà, le tournoi est placé en fin de saison juste avant le très important Masters de Londres, véritable gala final de l’année, une année éprouvante pour des organismes qui préfèrent faire l’impasse sur Bercy ou bien s’économiser durant Bercy.
Malgré la volonté de changer les conditions de jeu, le tournoi parisien reste peu attractif comparé au Masters. Pour l’instant, Bercy n’est sauvé que par son statut de Masters 1000. Mais combien de temps cela va-t-il durer ? Aujourd’hui, même la Laver Cup, compétition d’exhibition qui s’est déroulée en septembre, a rameuté plus de stars que Bercy. Roger Federer y était et cela a été très dur pour Guy Forget d’apprendre son forfait une semaine avant le début du tournoi, lui qui comptait sur la présence du Suisse, joueur incontestablement apprécié du circuit, pour booster l’édition 2017. Hélas, cette édition ne rentrera pas dans les annales, elle est à oublier. Mais pour l’instant, rien n’est prévu pour changer les choses en 2018 où le Masters de Paris devrait garder sa même place.
Crédits photo à la une: Patrice